Fédération des Mères pour la Paix,

Il est urgent de sauver la population martyre de Marioupol. Ainsi que toutes les populations civiles ukrainiennes tombées sous le joug de l’envahisseur russe.

Assiégée depuis le début de la guerre en Ukraine, la ville de Marioupol résiste. Mais la situation est chaque jour plus désespérée : plus d’eau potable , ni d’électricité, ni de possibilité de communiquer avec ses proches, l’agresseur russe ayant coupé les réseaux téléphoniques. Terribles, incessants, les bombardements ont détruit 90% de la ville : au bout d’un mois, on estime à plusieurs milliers le nombre de morts.

Les rues sont vides, impraticables, hostiles parsemées de débris dangereux dans tout l’espace public où sont abandonnés de nombreux cadavres comme c’est aussi le cas sans doute dans les appartements auxquels on ne peut plus accéder. Lesquelques 150000 habitants encore présents se terrent dans les caves en tentant de maintenir les réseaux de solidarité et de partage avec un courage inouï, en dépit du désespoir qui s’installe avec la terreur des bombardements, la douleur lancinante causée par la perte des proches, et maintenant la faim et la soif. « Même le vent est mort » écrit une habitante.

Il y a peu, les chars russes sont entrés dans la ville et derrière eux les milices tchétchènes de Kadirov, d’ autres milices et d’autres professionnels du FSB, qui, immeuble par immeuble viennent « terminer le boulot », pour les uns, leur sale boulot, qui démultiplie les occasions de commettre des crimes contre les civils : pillages, viols, assassinats…, pour les autres, le travail d arrestation et d incarcération des opposants présumés au pouvoir russe. On sait déjà que 20000 personnes ont été forcées de partir en destination de la Russie.

Il faut en avoir conscience : sur les 300 000 habitants de Marioupol, ceux restés en ville sont physiquement les plus vulnérables : des femmes, des enfants, des personnes âgées invalides ou malades. Ce sont aussi les plus modestes économiquement et socialement. Partout, toujours, les victimes qui souffrent le plus des guerres sont aussi celles qui sont le moins bien loties en temps de paix. En s’installant dans la durée, la guerre amplifie chaque jour le désastre : des enfants dont tous les proches ont été tués, errent dans le cauchemar de la ville dévastée sans savoir où aller : nombre de réfugiés dans les caves n’ont tout simplement plus d’appartement où imaginer retourner un jour. Mais sans moyens financiers, sans moyens de communication, sans réseau d’accueil, comment et où partir tant qu’il en est encore temps ?

Dans la partie de la ville tombée aux mains des Russes, la seule porte de sortie offerte aujourd’hui aux assiégés l’est par l’agresseur lui-même : un corridor humanitaire en direction de la Russie, assorti de quelques distributions alimentaires devant lesquelles se forment de longues files d’attente, filmées avec complaisance par les caméras russes.

Imagine-t-on une seule seconde que le pouvoir d’un pays qui interdit à sa population de prononcer le mot de « guerre » puisse « accueillir » dignement ses propres victimes et leurs traumatismes, laisser vivre en paix les habitants de Marioupol ?

Pense-t-on sérieusement qu’il est prêt à prendre le risque de leurs futurs témoignages sur la plausibilité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ? Peut-on affirmer que rien ne présage d’un nouveau crime à grande échelle contre cette population déjà martyre ? Pensons aussi à toutes les populations civiles ukrainiennes dans les villes et les villages, tombés sous la domination russe. Quel est leur sort ?

Nous, associations des Mères pour la Paix dans le monde, alertons sur le sort réservé à la population prise en otage à Marioupol et refusons sa déportation vers la Russie. Nous demandons instamment à la Communauté Internationale de tout faire pour ne pas la laisser aux mains d’un pouvoir qui, une fois de plus, après Grozny, après Alep, démontre que sa principale tactique de guerre est l’usage des crimes contre les civils. Si rien n’est fait pour sauver la population de Marioupol, nous aurons collectivement sur notre conscience le sort que ce pouvoir-là lui réserve.

Premiers signataires :

AMA (Amitiés Mères afghanes), Association franco-chilienne Cordillera, Association des femmes victimes de Guerre, Mères des enclaves de Srebrenica-Zepa, Bosnie-Herzégovine, CFDA (Collectif des familles de disparus en Algérie), Fondation Panzi de Kinsasha, Marche Mondiale des Femmes, République Démocratique du Congo, Femmes en Noir, Serbie, Mères kurdes de la paix, Turquie., Mariannes du Nord, Maison des Femmes de Lille, Alliance des Femmes pour la Démocratie, France…

Au sujet de Initiative Citoyens en Europe

ICE (Initiative Citoyens en Europe) est une association, née en 1989. Elle est, à l’origine, le produit de l’adhésion d’hommes et de femmes libres qui ne conçoivent pas de vivre en Europe sans tisser des liens de solidarité élémentaires entre européens.

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