Je me suis installé depuis deux ans à la campagne, au fin fond de la Seine-et-Marne, lassé de la vie parisienne. Un de mes plus grands bonheurs est de disposer enfin d’une cheminée. J’aime contempler les flammes dans l’âtre, toujours les mêmes et toujours changeantes, vivantes. C’est ma télévision, mais une télévision qui laisse l’esprit vagabonder et libère l’imagination, contrairement à l’autre.
Voici 3 ans que je tiens cette chronique sur le site Place publique. Fatigué des dérives de notre profession, mon objectif était d’en analyser les travers, les contradictions, les impasses. J’avais du mal à supporter que ce métier dont je croyais, profondément, qu’il était indispensable à la vie démocratique et à la compréhension des enjeux de société se noie dans le superficiel et l’immédiat.
Nul n’a pu échapper, ces derniers temps – à moins d’avoir choisi de vivre en ermite sans moyen de communication, au fin fond du désert, avec un voile sur les yeux et des bouchons dans les oreilles – aux émissions, débats et papiers divers qui ont accompagné la sortie française du livre Cinquante nuances de Grey (ou de force !).
L’affaire a déchaîné les passions éditoriales. Chacun y est allé de sa condamnation ou de son soutien. Elle occupé une bonne semaine la une des journaux. On l’a déjà oubliée et on est passé à autre chose. C’était pourtant il y a moins d’un mois. Je veux parler de l’affaire du « film » anti-islam diffusé sur Internet et de la parution de nouvelles caricatures de Mahomet dans Charlie-Hebdo.
Il aurait fallu être aveugle, sourd, autiste et perdu au fond de la jungle amazonienne pour échapper aux deux grandes, deux immenses nouvelles relayées, ces deux derniers mois, par les médias français, unanimes dans la stupéfaction (feinte) pour la première et confondus dans la désolation (non moins feinte) pour la seconde.