En juin 2011, le GART lançait un concours à destination des étudiants. De cet Appel à idées titré « Quelles mobilités à l’horizon 2020 ? », sont présentés ci‐après les trois meilleurs dossiers. Lancé auprès des étudiants des différentes filières concernées par la mobilité durable : transport, urbanisme, aménagement du territoire, logistique, sociologie, sciences de l’ingénieur, sciences politiques ou économiques, … les réponses collectées participeront à la réflexion des décideurs.

La question posée était de savoir comment, ceux qui seront en charge des transports en 2020 et ensuite, dans les Autorités organisatrices de transport, chez les opérateurs, les bureaux d’études ou les agences d’urbanisme, envisagent la mobilité dans le monde de demain ?
Les sujets reçus traitent indifféremment des modes de transport, d’aménagement de l’espace, de gouvernance, de moyens humains et financiers, de fiscalité, d’innovations, d’information, d’inter‐modalité, d’infrastructures, de maitrise de l’énergie, d’interconnexion, d’accessibilité, de confort, de design, d’attractivité.

Le jury composé d’experts reconnus, de professionnels du secteur, de permanents du GART, a récompensé les trois projets qui suivent :

 Le premier prix a été attribué à Étienne Habera et Clément Jacquemaire de l’Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne pour leur étude sur le « Concept Y » ou Faire du centre commercial une interface entre le périurbain et sa ville-centre.
Ces deux étudiants nous interpellent. Pourquoi continuer à financer de coûteux projets TCSP (Grenelle de l’Environnement) quand une réflexion novatrice en matière d’aménagement du territoire entrainerait d’office des comportements vertueux ?

Le concept Y repositionne le « Centre commercial », périphérique et énergivore par essence (on y va en voiture), comme centre névralgique de la mobilité. Positionné entre la Ville historique et les quartiers pavillonnaires, il peut accueillir le pôle multimodal. Ainsi pensé, les flux diminuent d’autant. De Centre Commercial à Pôle multimodal, il devient Centre de vie polyvalent attirant Bureaux, centre de télétravail partagé et logements tels un nouveau centre de vie implanté au coeur des mobilités. Ainsi la non‐mobilité de celles et ceux qui trouvent en ce lieu « commerce, logements, activités ou télécentre de travail » dessine peut‐être le nouveau paradigme de l’organisation productive.

Une approche novatrice pour optimiser les investissements publics (accès routiers… fonciers) et privés (gestionnaires de CC) qui deviennent ainsi un levier de l’aménagement durable.

 Le 2 ème prix reçu par Clara Maurel , Karim Boudjeltia, David Massebeuf et Eric Mardon de l’école des ingénieurs de la Ville de Paris apporte une solution au problème de la voiture en ville : un système de Parc Relais couplés à des péages urbains à l’échelle du Grand Paris . L’objectif de cette réflexion est la réduction des impacts de la voiture (sociaux, économiques, environnementaux) de la voiture en grande couronne en incitant les usagers du territoire en privilégiant modes doux individuels et modes collectifs.

L’idée est de coupler des parkings de rabattement au‐delà du tracé « présidentiel » du Grand Paris à des péages urbains dits « de cordon » . Une incitation économique à destination des usagers optant pour les modes alternatifs est financée par les péages urbains dont sont recevables les automobilistes . Le système 2P+R devient attractif pour deux raisons : 1/ pas de stress dans la congestion automobile aux portes de la ville ; 2/ un tarif TC doublement attractif puisque subventionné par la recette des péages de cordons.

Au terme de l’étude, le modèle mathématique met en évidence une réduction très nette du trafic en heures de pointe, la création d ‘emplois aux PR et une conformité aux objectifs du PDUÎdF.

 Le 3e PRIX tente de définir les politiques intégrées à la question de de l’ Urbanisme et du transport de marchandises . Considérant le transport de marchandises comme une activité économique à part entière, Elise Colla , Pauline Romeas , François Adoué , Pierre‐Alain Boeswillwald et Philippe Brunetto de l’Institut d’urbanisme de Paris mettent en exergue les externalités positives et négatives pour proposer des politiques en cohérence avec les territoires, à chacune des échelles. 3 pistes ressortent de cette étude :

‐ une logique de mutualisation et de reconversion des infras existantes (parcs de stationnement de centre ville / silos ou souterrains/dédiés pour partie au stockage : livraison par gros convois et redistribution ciblées par véhicules électrique de petit gabarit.

‐ usage mixte des trains (voyageurs/marchandises)

‐ une logique de zonage urbain et de péage d’accès (réglé par la taxation de certaines marchandises)

‐ une logique de développement du e‐commerce avec dépôt des achats dans des hubs identifiés pour leur intense fréquentation

Ce dossier débouche sur la nécessaire prise en compte d’une intégration tant paysagère que fonctionnelle des plateformes de livraison en périurbain comme en centre‐ville. Cette multifonctionnalité des lieux les rendant à la fois plus attractifs, en capacité d’améliorer la vie des habitants tout en réduisant leurs déplacements. (crèche, bureaux, services publics au‐dessus d’un dépôt mutualisé …)

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

VILLE & URBANISME

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