A l’occasion du Salon de l’agriculture qui se tient du 19 au 27 février, l’Atelier présente les solutions de l’économie sociale et solidaire pour une agriculture durable et responsable.

L’agriculture d’aujourd’hui – ses cultures intensives, la standardisation de ses méthodes, le transport des denrées alimentaires – soulève d’importants enjeux de société. Pollution des sols, taux d’endettement (et de suicide) des agriculteurs, coût des matières premières, prix de la production… sont autant de défis posés au secteur agricole, aux décideurs et aux consommateurs.

Il existe pourtant des solutions déjà mises en œuvre pour développer une agriculture respectueuse des producteurs, des consommateurs et des territoires. Cette agriculture porteuse de solutions:

 permet de préserver les terres agricoles du mitage urbain;

 une aide à l’installation de jeunes agriculteurs et leur permet d’être mieux rémunérés;

 promeut les cultures biologiques en circuit court.

Protéger les terres agricoles de la spéculation immobilière

La Foncière Terre de liens acquiert des terres agricoles, souvent promises à la spéculation immobilière. Sa finalité est d’aider les agriculteurs à s’installer.

En décembre 2010, la Foncière Terre de liens a concrétisé l’acquisition des terres agricoles franciliennes (73 hectares) et de 2 hangars, à la ferme de Toussacq en Seine-et-Marne (77). Cette acquisition a été possible grâce à l’engagement de citoyens adhérents, donateurs ou actionnaires solidaires. Elle permettra l’installation de deux jeunes paysans (Clément Fontvieille, maraîcher et Mathieu Chevalier, polyculteur-éleveur de moutons). Les produits de la ferme seront distribués principalement en vente directe via des AMAP (Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne).

Grâce aux investissements responsables des citoyens et donateurs, ce sont 1900 hectares qui ont été préservés dans toute la France depuis 2003.

Relier producteurs bio et consommateurs parisiens… par les voies navigables

La production agricole francilienne peine encore à rejoindre directement et facilement le consommateur parisien. Avec Marchés sur l’eau, Claire-Emmanuelle Hue veut créer un système de distribution par voie fluviale de produits agricoles de proximité. Il s’agit de développer un nouveau réseau de distribution en circuit court entre des consommateurs parisiens et un réseau de producteurs franciliens.

A la clé : le développement d’échanges équitables autour d’une agriculture paysanne maraîchère régionale et la diminution de l’empreinte écologique du transport de marchandises alimentaires en Île-de-France. Le projet prévoit d’ailleurs une alimentation des péniches par le méthane issus des déchets verts des paysans et des consommateurs.

Le premier réseau de vente se fournira auprès d’un groupement de maraîchers seine-et-marnais, aux alentours de Meaux (77). Le transport sera effectué via le canal de l’Ourcq jusqu’au bassin de la Villette et le port de plaisance, près de Bastille. Premier test grandeur nature à l’occasion de Paris Plage.

En voici quelques exemples :

Tester son activité agricole …

> … dans une couveuse

Les jeunes agriculteurs rencontrent de nombreuses difficultés pour s’installer. Ils manquent souvent d’un accompagnement pour lancer leur activité et l’inscrire dans la durée. Pour répondre à cette problématique, le Réseau des AMAP Île-de-France ont créé Les Champs des possibles, couveuse d’activités rurales et agricoles, à l’image des couveuses d’entreprise. Elle permet à des agriculteurs en herbe de se former et de tester leurs produits grandeur nature, avec à la clef une commercialisation de la production en AMAP.

La couveuse Les Champs des possibles s’inscrit dans le parcours Abiosol qui accompagne le jeune agriculteur de l’idée à l’installation : formation, mise en réseau avec des agriculteurs bio, conseil sur le financement, accompagnement post-installation… tout est prévu pour favoriser l’installation de l’agriculteur.

>… ou au sein du réseau de parrainage entre paysans

Autre outil du parcours Abiosol : le réseau de parrainage coordonné par le Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Île-de-France (GAB IdF), qui permet au candidat à l’installation de bénéficier, pendant 6 mois ou 1 an, de l’expérience et du soutien d’un agriculteur biologique grâce à des formules de contrats de travail couplés à des bourses financées par la Fondation Lemarchand.


Et pour consommer solidaire…

L’économie sociale et solidaire propose aux citoyens des solutions pour consommer des produits agricoles bio et responsables. Les Jardins d’insertion – notamment dans le domaine du maraîchage – permettent ainsi à des consom’acteurs, en général adhérents, de s’approvisionner en fruits et légumes de saison cultivés par des salariés en insertion (ex : Jardins de Cocagne). Il existe une douzaine de jardins de ce type en Ile-de-France. Certains jardins d’insertion peuvent également donner leur production à des associations caritatives, à des épiceries sociales ou solidaires ou à des centres de distribution alimentaire (ex : Jardins du Cœur,…).

Le consommateur souhaitant consommer des fruits et légumes « solidaires » peut aussi se tourner vers des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) ayant une activité agricole.

Les Amap donnent quant à elles l’opportunité à un groupe de consommateurs d’accéder à la production d’un ou plusieurs maraîchers.

Et bien sûr, il reste toujours la possibilité de voir s’il existe une ferme bio proche de chez nous et aller se fournir directement à la ferme !

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

Le Magazine

Etiquette(s)

, , ,