L’année 2024 est une année décisive pour l’avenir de l’Union Européenne. Le paysage politique est marqué par des élections de haute intensité, obscurci par la montée en puissance des extrêmes droites ultranationalistes. La question des identités a pris le dessus sur celle des libertés. En toile de fond, le drame en Ukraine assombrit l’horizon et rallume la hantise d’une 3ème guerre mondiale. L‘enjeu des Elections européennes qui se tiendront entre le 6 et le 9 juin 2024 est aussi bien un enjeu de politique internationale commune qu’un enjeu de politique nationale des pays membres. Il s’agit de définir les contours de l’Europe que les citoyens veulent construire pour le 21ème siècle ».

Près de 400 millions de citoyens seront appelés à se rendre aux urnes afin d’élire, au suffrage universel direct, une assemblée de 705 eurodéputés provenant des 27 États membres. « Nous vivons un moment de bascule » soutient Raphaël Glucksman, candidat social démocrate de « Reveiller l’Europe ». Le Parlement européen a vu ses pouvoirs largement augmenter en quelques années, soumis à des pressions de plus en plus vives. Les cinq ans à venir seront ainsi décisives, qu’il s’agisse de la façon dont l’UE doit gérer les politiques climatiques, énergétiques et la transition numérique, qu’il s’agisse des questions migratoires, de la politique agricole commune et des inégalités sociales et surtout qu’il s’agisse de sa stratégie de défense européenne, face à un voisin menaçant : la Russie de Vladimir Poutine.

L’importance historique des élections

L’agression des Russes en Ukraine est sans doute l’événement qui illustre le plus gravement les problèmes que l’Europe devra surmonter. A l’instar de la Géorgie et de la Moldavie, Kyiv a, depuis longtemps, souhaité inscrire son destin dans l’UE. Arguant pour sa sécurité, Moscou n’en veut pas et s’est donc emparé d’une partie de l’Ukraine. La possibilité d’une européanisation de la guerre n’a jamais été aussi proche. Les opinions s’alarment. Dans l’esprit commun, ce qui semble d’emblée inimaginable est à nos portes. Repris et consolidé par les responsables politiques, le viatique de la guerre se déploie peu à peu au chevet des nations. L’histoire et la géographie n’ont pas, depuis la glaciation des relations est-ouest, connu pareille tension mondiale.

Avec l’effondrement de l’URSS, l’Europe, symbole de paix, a longtemps imprimé dans les esprits l’ombre de la dislocation et l’illusion. Aujourd’hui plus que jamais. Les leaders politiques ont, par négligence ou égoïsme, perdu le contact avec la réalité des citoyens. Malgré la chute du mur de Berlin, l’avènement de l’Euro et l’élargissement, aucun scénario positif ne semble se dessiner et entrainer la confiance, notamment des jeunes. Dans ce contexte, les élections européennes ne soulèvent pas d’enthousiasme. Il faut aujourd’hui se pincer pour entrevoir un avenir heureux. « Au cœur de toute bataille historique, il faut une utopie ». Il y a là une exigence, morale, sociale et politique que Philippe Herzog, président du think tank Confrontation, engagé dans la cause européenne, souligne avec force. Le message de l’avenir reste malheureusement brouillé. Pourquoi aller voter aux Elections européennes, disent les pessimistes, puisqu’on sait, quel que soit le candidat pour lequel on vote, que le nouvel élu roulera comme avant ? Qu’ils soient abstentionnistes, protestataires, ou déçus des partis, mieux vaut, aux yeux des eurosceptiques, le risque d’un changement de cap brutal vers les extrêmes que l’inefficacité du connu bureaucrate. Le clivage fort entre les majorités silencieuses et les élites (presse, sondages, politiques et politologues, experts) est de nature à bouleverser les institutions démocratiques. Désormais, on choisit l’ignorance d’un fort en gueule contre la suffisance des hypocrites. Les réseaux sociaux forment aujourd’hui un agent d’influence massif qui dépasse celui de la presse TV et la presse écrite. Y prospèrent les cyberattaques de désinformation, les théories du complot et le négationnisme. Sur les forums sociaux, l’insulte l’emporte sur le respect. On admire ceux qui se lâchent sans limites. Ces dérives croissantes posent la question du statut de la vérité dans une société qui a tendance à relativiser. L’éthique de la raison peine à se faire entendre. Et la morale démocratique pourrait connaître la même indifférence. Les citoyens des états membres sont en effet de plus en plus nombreux à douter que la démocratie soit le meilleur des systèmes. Les partis ultranationalistes tirent profit de cette mise en demeure. Plusieurs relais d’opinion, influenceurs et leaders politiques, préfèrent un monde à la Vladimir Poutine, faisant fi du droit européen et international. Le capitalisme n’est désormais plus associé à la démocratie parlementaire mais à l’autoritarisme des régimes comme la Chine de Xi Jinping, dont les menaces en mer de Chine, conjuguées avec celle de la Corée du nord, inquiètent le Japon, la Corée du sud, les Philippines et surtout Taïwan jusqu’à l’Australie. Mais c’est en Ukraine que les yeux européens sont principalement tournés. Cinq années décisives donc, qui verront le panorama de l’Europe totalement bouleversé.

Le négationnisme du mensonge russe

En déclarant une guerre insensée à son voisin ukrainien, Vladimir Poutine a réduit a néant toute réconciliation avec les démocraties de l’Union Européenne, dont il a entrepris de déconstruire l’unité, à force de manipulations. A quelques exceptions près, la Hongrie et la Slovaquie, dont les chefs populistes élus, Victor Orban et Robert Fico, font bande à part. L’UE semble avoir pris la mesure des bouleversements du monde, causés par le rejeton malfaisant d’une superpuissance déchue : l’URSS. Ces changements s’annonçaient déjà en 2007 à la Conférence sur la sécurité à Munich. Les menaces proférées alors par Poutine contre les Occidentaux, principalement contre les Etats-Unis, étaient claires. Aujourd’hui, il est difficile d’envisager un arrêt de la guerre en Ukraine tant que le résidant du Kremlin sera au pouvoir. Or il lui reste, grâce à son score écrasant aux dernières élections du 17 mars 2024, six années à gouverner, s’il se maintient au pouvoir. Il pourra, s’il le souhaite, se présenter de nouveau pour six années supplémentaires en 2030 (cette année-là, il aura 78 ans). Pour les Européens, une épreuve redoutable s’annonce à l’heure où les États-Unis envisagent de réduire, voire cesser leur soutien à l’Ukraine, dans l’hypothèse d’un retour de l’ex-président Donald Trump. Une Europe qui se relève, des Etats-Unis dont la défection est possible, une Russie qui s’entête dans la radicalité tsaro-stalinienne, et une Chine qui se voit maître du monde…la planète  est en train de basculer !

Le déséquilibre s’opère principalement dans le cynisme de « l’inversion » avec lequel Vladimir Poutine, formé dans les bureaux du KGB au double langage,  mène la guerre. Le mensonge est le principal ennemi des démocraties. Dans la mentalité russe, Il prend la place de la vérité. Il s’agit d’effacer le réel et le remplacer par ses contrefaçons. Ainsi, la guerre se mue en « opération spéciale » contre des Ukrainiens accusés d’être des nazis. Aux premiers jours de l’invasion criminelle russe en Ukraine, c’est l’Otan qui est se voit qualifié d’agresseur. Bref, les Russes, refusant de reconnaître leur échec, se considèrent comme des victimes. Le sentiment de victimisation suspend toute jugement pour les torts que les assaillants infligent aux autres. Pour faire court, l’objectif de Poutine est négationniste. Dans ce récit de l’inversion, les agresseurs ne ressentent pas d’empathie pour ceux qu’ils agressent. En psychologie, ce mécanisme de défense s’appelle « la projection ». Dans l’incapacité d’assumer sa propre agressivité, le sujet l’attribue à un autre, désigné ainsi comme persécuteur et menaçant sa sécurité. Le mécanisme constitue un élément central et constitutif de la manipulation  paranoïaque. C’est la hantise du déclin national et démographique qui hante le paranoiaque du Kremlin. Dans ce magma déconstructeur à consonnance wokiste se manifeste la tromperie des décomplexés, des victimaires triomphants, de ceux qui osent tout dire et peut-être tout faire, bref ceux de mauvaise foi qui ne s’embarrassent pas de précaution, qui y vont à l’emporte-pièce. L’anti-universalisme de Poutine surfe sur la vague. Il s’inscrit dans le cadre de référence des eurosceptiques ultraconservateurs : le choc des civilisations.

Défendre l’universalisme européen

Menacée de toutes parts, la Raison des Lumières dont l’Europe se prévaut par son histoire, paraît bien accablée. Si l’universalisme est une force pour une civilisation en position dominante, il peut devenir, dans d’autres circonstances, une marque de faiblesse. La vérité peine à combattre le mensonge. “L’universalisme européen disparaît quand vous ne vous sentez plus capable de transformer le monde”, soutient Ivan Krastev, philosophe auteur du « Destin de l’Europe ».

Afin de ne pas être emportée par la brutalité des autocraties et leur propension à mentir et à tricher, la « puissance démocratique » des sociétés libres doit trouver le moyen de garder son cap  contre les obscurantismes idéologiques ou religieux. L‘universalisme est dans l’intérêt de tous. Il n’admet d’autorité que dans le consentement universel. Pour tenir ce projet de l’harmonie entre nations contre la disruption des modèles autoritaires, on n’a pas trouvé mieux que les valeurs de la démocratie. L’universalisme s’énonce en plusieurs  dimensions : l’Etat de droit, la laïcité, l’égalité entre les hommes et les femmes, la justice sociale, le respect de la dignité humaine, plus récemment, le respect de l’environnement et toujours l’aspiration à la paix. « L’Europe, c’est le seul endroit au monde où l’identité n’est pas un culte, mais une quête » écrit la philosophe Julia Kristeva.

Pourtant ces valeurs universelles de paix et d’unité souffrent de multiples défaut pratiques qui les rendent inopérantes en tant de guerre : la naïveté, la lenteur des décisions, la crédulité. Pendant longtemps, les dirigeants européens ont vécu avec l’illusion que l’Europe n’avait plus d’adversaires, seulement des alliés. Le réalisme et l’histoire obligent à considérer que cette perception est fausse et ne fait pas le poids face à la brutalité des autocraties qui ne connaissent que les rapports de force, le chantage et la provocation.

Les pays d’Europe ont fort à faire car, en face d’eux se dressent des puissances qui se manifestent une sympathie réciproque quasi impériale. Elles connaissent une influence grandissante dans les affaires du monde, ce qu’on appelle le sud global, l’Afrique, le proche Orient, une partie de l’Amérique du sud et de l’Asie. Leurs projets, leurs cultures, leur histoire, tout oppose les nations occidentales et ces empires renaisants qui, depuis le début de ce millénaire, imposent leur agenda et leurs méthodes. L’héritage stalinien et maoiste de la violence sans scrupule sont bien là. Les passions islamiques sont également présentes, sans considération pour les valeurs de respect et d’humanité que cultivent les démocraties. La géostratégie mondiale se dessine depuis 2016, avec la montée en force, des dirigeants autoritaires qui ne cachent pas leur mépris à l’égard de l’Europe des Lumières. Ils ne masquent même plus leur souhait de voir les institutions européennes et occidentales se déliter.

La conjoncture de la guerre incite à dépasser le cadre insuffisant de l’impératif moral et à intégrer l’adversité des empires. L’interdépendance des pays membres réunis au sein d’un marché unique ne suffit pas à faire émerger des citoyens prêts à mourir pour leur patrie. Il faut davantage pour se faire respecter. L’UE doit rompre avec la naïveté et la prévisibilité, mieux affirmer son autorité et son pouvoir afin de mieux défendre ses intérêts. Bref, redevenir un acteur géopolitique capable de saisir les opportunités tactiques et d’envisager plus franchement la dimension stratégique de la guerre.

Observateur de la menace totalitaire soviétique, le philosophe Raymond Aron a jugé, pendant les années de guerre froide, qu’il était imprudent de croire en un monde pacifié où les relations entre groupes humains seraient régies par le seul impératif catégorique kantien qui veut que « l’action morale doit être jugée non pas en fonction de son résultat mais selon ses motivations et des critères de vérité ; si la volonté qui la commande est bonne, l’action est moralement juste » (Lire « Fondements de la métaphysique des mœurs). Sachant, qu’il n’y a pas d’obligation morale d’accomplir l’impossible, Aron estime que, dans le monde tel qu’il est, c’est la capacité de résister par la force armée qui permet le maintien de la survie d’un pays, d’assurer la défense contre le totalitarisme, et les chances d’une paix durable. D’où cet autre impératif, aujourd’hui requis à l’heure d’une guerre en Ukraine dévastatrice: imposer le principe de la Puissance.

Imposer l’Europe puissance

Il reste sans doute à l’UE, la seule entité internationale à soutenir l’Ukraine jusqu’à sa victoire, à accélérer sa transformation en adoptant une nouvelle exigence : l’Europe Puissance.

L’Union Européenne est dans un état encore évolutif : elle est une puissance en construction qui entre dans une phase plus opérationnelle vers une stratégie partagée. Pour accomplir la construction de sa souveraineté, l’UE doit rompre avec sa tendance au pacifisme naïf. Elle doit cesser de se fixer des lignes rouges ; ne pas se faire peur à elle-même ; et ne plus annoncer imprudemment ce qu’elle va faire. Bref, rester incrédule à la menace nucléaire répétée de façon obsessionnelle par Poutine ; faire preuve de dissuasion ; et ne pas laisser la porte entr’ouverte aux mensonges de Poutine.

Sur le plan mondial, le pôle européen a tout intérêt à ne pas se laisser intimider par la brutalité des empires terroristes et des nations belliqueuses que sont la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du nord, voire la Turquie. Les fait sont là : ils ne sont pas seulement, tour à tour, des alliés économiques ou des adversaires commerciaux, ils sont au premier chef des ennemis.

« Europe Puissance », un terme tabou, aujourd’hui assumé et revendiqué de manière volontariste, voire offensive. Un terme qui refuse la fin de l’histoire d’une Europe finie, affaiblie comme le voudraient qu’elle soit les souverainistes. Europe Puissance, on parle de « multiplicateur de puissance », soit la quantité d’énergie qu’il faut pour imposer sa force.

Considérant que seule une Europe stratégique peut sauver les démocraties du risque d’une troisième guerre mondiale, le moment est venu pour l’UE de devenir une fédération de pays rassemblée autour d’une défense commune. Cette interrogation insistante sur la nécessité d’une « politique européenne de défense », est du jamais vu depuis la création de la Communauté européenne. Elle se concrétise par l’adoption d’un fonds de 100 milliards d’euros proposé par le commissaire au marché européen,Thierry Breton, pour « augmenter significativement notre base industrielle de défense, mais également pour développer des infrastructures communes de sécurité »

La terrible guerre d’Ukraine oblige à un sursaut : reprendre souffle, ne pas rater le redémarrage à terme d’une paix à laquelle la guerre aura redonné son sens politique. Affirmer la puissance européenne, c’est être capable de s’armer contre les manœuvres indidieuses. Exemples : les nombreuses ingérences étrangères et les réseaux de type « Portal Kombat », réseaux constitués de « portails d’information » numériques diffusant des contenus pro-russes. Telles sont les conditions nécessaires pour faire taire l’esprit belliqueux des pays à la reconquête de leur grandeur passée. Cette approche réaliste conclut que la guerre est une donnée à laquelle les démocraties doivent se préparer pour le maintien de la paix. Le réalisme actif des chefs d’état européens est une première. Unis, ils agissent avec une fermeté de langage relativement inédite, capable de soutenir la menace de la dissuasion nucléaire.

L‘architecture de l’Europe Puissance nécessite de s’appuyer sur la légitimité démocratique et législative du Parlement européen et sur celle d’un Conseil européen capable de maîtriser les urgences et les opportunités. L’idée d’une communauté politique européenne, lancée par  Emmanuel Macron, peu après l’invasion russe en Ukraine, s’affirme davantage. L’Europe doit être à la fois politique et géopolitique, ne plus dépendre de « la sécurité américaine », ni du « pétrole des Emirats», ni des « produits chinois. L’élargissement de l’UE à ces candidats est ainsi justifié. Chaque adhésion est signifiée par un Traité garantissant l’intégrité du processus. L’aggrandissement offre ainsi à l’Europe, voulue par Robert Schuman d’« accueillir les peuples de l’Est délivrés des sujetions qu’ils ont subies »,  le poids géopolitique et la taille critique pour peser à l’égal des autres pôles de puissance mondiaux face à la conflictualité du monde. Elle permet de renforcer les valeurs associées au respect de l’Etat de droit ( Lire revue Esprit. Avril 2024. L’élargissement de la fatigue à l’élan).

Puissance de la raison et volonté de puissance

La permanence de la guerre implique donc une Europe Puissance qui admette, qu’en certaines occasions, la guerre est une condition et un horizon du politique. La dialectique entre les deux est un art diplomatique dont la raison et la puissance sont ses principes inséparables. « Etre puissant, c’est être porteur d’une vision, celle d’une ambition inégalable et inégalée, celle d’unir des nations et des peuples qui se sont si longtemps affrontés jusqu’à la guerre, jusqu’à la destruction et au génocide, pour éliminer toute volonté belliqueuse entre eux et pour les projeter enfin dans un dessein politique lié», souligne Pierre Moscovici, alors qu’il était commissaire européen.

L’Europe a des responsabilités et doit prendre en main sa propre sécurité. En menaçant deux membres de l’UE, la Suède et la Finlande, de représailles « nucléaires » s’ils décidaient d’adhérer à l’OTAN, Vladimir Poutine a finalement poussé, en un week end, ces deux pays à rompre avec leur neutralité. Outre la Suède et la Finlande qui réclament leur adhésion à l’OTAN, de leur côté, la Moldavie et la Géorgie demandent aussi leur affiliation à l’UE.

Derrière les doutes, les incertitudes, les critiques sur ses insuffisances, et les imperfections de l’Union Européenne, on ne saurait oublier ses qualités et minimiser ce qu’ont inventé les pères fondateurs, les citoyens et les artisans de la cause européenne dans la lignée des hommes des Lumières: l’universalisme et la raison, la culture cosmopolite, la paix durable, le dialogue entre nations, la protection sociale, la réduction des inégalités, l’intégrité du marché unique, l’indivisibilité des quatre libertés (circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux), les valeurs humanistes de solidarité, l’ouverture au monde, aux idées.

L’homme éclairé est celui qui prend conscience du pouvoir de la raison, qui le revendique et le cultive. L’humaniste est celui qui promeut explicitement cette puissance de liberté, et qui l’érige en valeur universelle. L’Europe puissance confiante dans l’universalisme, tel est l’enjeu de l’Europe enfin politique, une Europe unie, qui parle haut, et décide vite.

Derrière les doutes, les incertitudes, les critiques sur ses insuffisances, et les imperfections de l’Union Européenne, on ne saurait oublier ses qualités et minimiser ce qu’ont inventé les pères fondateurs, les citoyens et les artisans de la cause européenne dans la lignée des hommes des Lumières: l’universalisme et la raison, la culture cosmopolite, la paix durable, le dialogue entre nations, la protection sociale, la réduction des inégalités, l’intégrité du marché unique, l’indivisibilité des quatre libertés (circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux), les valeurs humanistes de solidarité, l’ouverture au monde, aux idées.L’homme éclairé est celui qui prend conscience du pouvoir de la raison, qui le revendique et le cultive. L’humaniste est celui qui promeut explicitement cette puissance de liberté, et qui l’érige en valeur universelle. L’Europe puissance confiante dans l’universalisme, tel est l’enjeu de l’Europe enfin politique, une Europe unie, qui parle haut, et décide vite.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

A la une