L’UNICEF a mené l’enquête auprès de ses propres troupes. Où se confirme l’émergence d’un engagement de plus en plus “zappeur”.

Qui sont les bénévoles ? Comment évolue leur rapport à l’engagement ? France Bénévolat a récemment livré une photographie détaillée du bénévolat en France en 2010, où il se confirme que les Français se montrent de plus en plus disposés à prendre en charge leurs propres problèmes et désireux d’agir directement sur leur environnement social.

La France compte 18 millions de bénévoles. Un chiffre important, qui s’explique entre autres, mécaniquement, par la progression du nombre d’associations, dont 85% ne fonctionnent qu’avec le bénévolat. Les bénévoles “associatifs” sont aujourd’hui plus de 11 millions.

Autre tendance de poids : il n’y pas “un” bénévolat, mais “des” bénévolats. Le mode d’exercice, la finalité, le statut de l’engagement sont à dimension de plus en plus variable. La bipolarité bénévolat “de coeur” / bénévolat “d’expertise” perd de sa réalité, au profit d’une professionnalisation et d’une complexification des activités : bénévolat occasionnel ou régulier dirigeants ou de terrain, engagé auprès des bénéficiaires ou de fonctionnement, de “sensibilité” ou de compétence…

36% des Français sont bénévoles

Selon France Bénévolat (étude Ifop), le taux d’engagement des Français de plus de 15 ans est de 36% (22% pour le seul bénévolat associatif) : 29% chez les 15/25 ans, 45% chez les 50-65 ans et 51% chez les plus de 65 ans. On dénombre un peu plus de femmes (54%) que d’hommes bénévoles. Sur les 11 millions de bénévoles associatifs, 9 millions se disent engagés toute l’année.

A ce panorama national, l’UNICEF apporte un éclairage complémentaire, au travers d’une étude menée auprès de ses propres bénévoles (*). Cette enquête permet notamment à l’association d’établir des éléments tendanciels, 10 ans après avoir engagé une première vague d’observation au sein de ses troupes.

L’UNICEF comte 6 575 bénévoles. D’un strict point de vue méthodologique, l’enquête menée par l’association ne peut être projetée sur les données nationales produites par France Bénévolat. Elle n’a pas davantage valeur d’extrapolation. Mais elle livre quelques constats intéressants.

Plus de jeunes

Premier constat : la durée du bénévolat diminue (moins de 5 ans) avec 41% de bénévoles actifs sur une durée de 1 à 5 ans. Cette tendance confirme la plupart
des observations menées sur le sujet. Parallèlement, la part des interventions ponctuelles augmente pour atteindre 48%. Ils sont 22% à consacrer une à deux
journées à l’UNICEF, 18% une demi-journée et 12% plus de 2 journées.
Deuxième constat : la population bénévole se masculinise (+3,7% vs 2001) et rajeunit. La proportion de retraités (48%) diminue au profit des salariés et des étudiants.

A noter : 26% des bénévoles UNICEF font partie d’une autre association humanitaire. Les plus fréquemment citées sont (par ordre décroissant) les Restos du Coeur, la Croix Rouge, Amnesty International et le Secours Catholique.

Moins de profs

D’un point de vue plus sociologique, 48% des bénévoles sont retraités (-14 % vs 2001), 25% exercent une activité (+6%), 3% sont sans emploi (-7%), 8% étudiants (+ 3%) et 6% en recherche d’emploi (+2 %).
Parmi les bénévoles en activité, la part de professionnels évoluant dans la sphère de l’éducation diminue (20%, soit -16%). Les professionnels de la santé représentent 16% des bénévoles (+8%), les employés 32% (+12%). Au total, l’UNICEF recense 36% de cadres actifs au sein de ses bénévoles, ce qui est conforme aux statistiques du bénévolat en France.

L’UNICEF pointe certaines faiblesses de son propre système. Outre une attente à combler en matière de formation, l’association reconnaît des manques dans la diversification du spectre d’intervention. “Une forte proportion de bénévoles se consacrent essentiellement à la vente de cartes de voeux, ce qui conduit souvent à négliger de nombreux champs d’action qui permettraient pourtant de développer les structures locales (recrutement, recherche de partenariats et de subventions, communication interne et externe, formation, plaidoyer – à la fois en milieu scolaire et hors milieu scolaire-, opérations événementielles)», concluent les rapporteurs de l’étude.

(*) Enquête a été réalisée en ligne entre le 1er octobre 2010 et le 27 mai 2011, auprès de bénévoles de l ‘UNICEF, dont 929 ont répondu.

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Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

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ETUDE, SOLIDARITE

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