Alignement sur des valeurs d’innovation et de partage, création de sens, utilité sociale… Les futurs jeunes diplômés sont de plus en plus tentés par un emploi qui pourrait se réaliser hors des clous financiers.

Comment les élèves des grandes écoles envisagent-ils leur futur professionnel ? Les emplois d’utilité sociale trouvent-ils réellement grâce à leurs yeux ? Quelle est la place de l’économie sociale et solidaire (ESS) et de l’entrepreneuriat responsable dans leurs critères de choix ? Autant de questions auxquelles l’étude “Talents : ce qu’ils attendent de leur emploi”, publiée le 25 janvier par Ipsos, la Conférence des grandes écoles (CGE) et le Boston Consulting Group (BCG), apporte quelques réponses.

La rémunération au second plan

Avec ce premier enseignement : le contenu de l’emploi et l’ambiance au travail comptent plus que les conditions matérielles associées à un métier. Plus de huit étudiants sur dix considèrent que l’intérêt du poste et le bien-être au travail sont des critères de choix très importants, alors que c’est le cas de moins d’un sur deux pour la rémunération ou le temps de travail. Parmi les critères privilégiés : l’intérêt du poste (88%), l’ambiance (84%), l’alignement avec ses valeurs. Autre tendance significative : les étudiants veulent voir dans leur emploi futur un levier de création de sens. Utilité (97%), innovation (94%) et développement des compétences d’autrui (88%) apparaissent ainsi comme les trois premières sources de fierté professionnelle pour les jeunes.

Cette aspiration à la construction sociale se traduit notamment par l’attachement à la notion d’engagement. 53% des étudiants considèrent qu’être utile aux autres est un pré-requis absolu dans le cadre de leur travail. Que signifie pour eux un “travail utile” ? Pour 65%, il s’agit d’un travail qui sert l’intérêt général, pour 54 % qui améliore la vie des gens et pour 40% qui permet de changer les choses. L’environnement arrive en tête des secteurs dans lesquels les étudiants souhaitent travailler (62% témoignent un intérêt pour ce secteur) et c’est aussi la cause sociale qui les séduit le plus (52%), devant l’éducation (50%) et l’insertion et le développement économique (34%).

Prégnance de l’engagement associatif

Elément de contextualisation significatif pointé par cette étude : 54% des étudiants interrogés sont engagés dans une association, (contre 31% des Français d’après une autre étude réalisée par Ipsos) et près d’un sur cinq choisirait idéalement de travailler dans une association ou une ONG.

«Les jeunes ont une volonté forte de s’engager et ont des attentes positives vis-à-vis du monde professionnel. Ils sont prêts à s’y impliquer avec la volonté de faire bouger les lignes. Il incombe aux écoles, qui le font déjà grandement et aux entreprises de les accompagner le plus étroitement et le plus efficacement possible», souligne André Bismuth, Chargé de Communication au sein de la CGE.

Compte tenu de ces attentes et dispositions globales, il est permis de supposer que les élèves des grandes écoles ne sont pas insensibles au modèle de l’économie sociale et solidaire. De fait, précise l’étude, un étudiant sur deux (la proportion est plus forte chez les filles) aimerait travailler dans ce secteur et sept sur dix aimeraient le découvrir à travers un stage. Ils sont en outre 80% à penser que L’ESS va se développer dans les années à venir. Les futurs jeunes diplômés sont mêmes prêts à diminuer leurs prétentions salariales pour travailler dans l’ESS. Ils sont 73% à penser qu’à poste égal, le niveau de salaire est inférieur dans l’ESS, mais sont pourtant 26% à accepter de gagner jusqu’à 10% de moins pour y travailler.

L’ESS, concept encore trop flou

Tout n’est pas pour autant gagné pour le secteur : Si 84% des étudiants ont déjà entendu parler d’économie sociale et solidaire et 75% d’entrepreneuriat social, la moitié d’entre eux ne saisit que vaguement ce dont il s’agit. Ce manque de connaissance est d’ailleurs désigné comme principal frein à leur engagement dans ce secteur (23% des répondants).

« Cette consultation nous a permis de comprendre que l’ESS et l’entrepreneuriat social attiraient les étudiants alors même qu’ils n’étaient pas certains du champ d’activité couvert par ces secteurs. Nous avons aussi été surpris de l‘appétence des femmes pour ce secteur, elles sont mêmes plus confiantes en son avenir que les hommes. L’analyse nous permet de penser qu’avec le développement de la connaissance du secteur par le grand public et au sein de nos grandes écoles, il prendra encore plus d’importance à l’avenir», note Brice Teinturier, directeur général délégué France d’Ipsos.

Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

Catégorie(s)

ECONOMIE, ETUDE

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