Faire émerger une action collective de petites et moyennes entreprises autour des questions climatiques, c’est l’objectif du Club PME Climat Global Compact France. Plus ambitieux qu’il n’y paraît…

Boostées par la COP 21, les grandes entreprises communiquent largement sur leurs acquis et leurs projets. Pourquoi les PME, qui représentent l’immense majorité des entreprises en France, n’en feraient pas de même ? C’est la question posée par le Club PME Climat Global Compact France, créé en décembre 2014 à l’initiative de neuf entreprises fondatrices (*).
Object de l’association : faire émerger une action collective de PME et d’ETI membres du Global Compact France sur le volet climat et de valoriser les solutions existantes de lutte contre le changement climatique.

«Nous voulons offrir aux petites et moyennes entreprises un espace d’échange et d’open-innovation autour de quatre axes majeurs : valoriser les actions effectives menées par les PME-PMI pionnières sur le champ du climat ; promouvoir de nouveaux business models permettant aux entreprises de s’adapter au dérèglement climatique ; faire du climat un levier de compétitivité ; mobiliser les bonnes volontés et les bonnes pratiques en internet et en externe», explique Marc Jacouton, président du club, également fondateur du cabinet RSE Développement et en charge du développement durable de Cepovett.

Avancer pas à pas

Faire adhérer les petites entreprises à la question climatique relève d’un enjeu plus lourd qu’il n’y paraît. Car au-delà d’une incontestable prise de conscience, les patrons de PME se heurtent toujours à la question des ressources et de la disponibilité en temps. Même les plus jeunes générations d’entrepreneurs, qui se montrent plus sensibles à ces questions, sont vite rattrapés par les contraintes quotidiennes de gestion. «Or, chacun peut aborder les choses à son rythme, en tenant compte de ses moyens spécifiques, avancer pas à pas. Si l’on regarde les cofondateurs et les premiers membres du Club, il apparaît très vite que tous n’ont pas les mêmes priorités et ont tout intérêt à aborder la question climatique en fonction de leurs intérêts spécifiques. Certains vont engager des cations dans une logique énergétique, d’autre plus spécifiquement sur le terrain de l’économie circulaire», développe Marc Jacouton. Un exemple : Armor et Cepovett interviennent sur des métiers très différents. Les cartouches d’encre pour le premier, les vêtements professionnels pour le second. Pourtant, avec leurs problématiques respectives de retraitement, les deux PME se montrent très concernées par l’économie circulaire.

Un levier de dialogue social

Le club devrait bientôt créer des clusters, pour permettre aux entreprises de partager de manière très concrète leurs expériences et au sein de workshops thématiques. «Il faut agir de manière pragmatique et raisonnable. Chez Cepovett, après avoir réfléchi, nous nous sommes très vite dit qu’il n’y avait pas à notre échelle 50 actions climat à mettre en œuvre, mais trois», note Marc Jacouton.
Pour les promoteurs de la question climatique au sein des PME, l’essentiel, est de convaincre et d’être en mesure de montrer en interne et aux partenaires que cette problématique est créatrice de valeur, qu’elle peut être une opportunité de dialogue et de coopération avec d’autres acteurs d’un même territoire, et surtout qu’elle peut être un levier rapide de rentabilité et de compétitivité, en permettant d’une part de réduire les coûts, d’autre part de mieux répondre aux exigences de ses clients.

Les donneurs d’ordres peuvent ici agir comme moteur. Les PME abordent souvent ces questions par effet de cascade, en tant que fournisseurs ou sous-traitants de grandes entreprises déjà avancées sur le sujet et qui imposent à leurs partenaires un cahier des charges respectueux de critères RSE. Ces exigences, si elles peuvent être au départ vécues comme des contraintes, parfois-même assez perturbantes, deviennent vite des rampes de lancement vers de nouvelles dynamiques de compétitivité.

Porte d’entrée vers la RSE

La problématique climat peut-elle être pour les PME une porte d’entrée vers la RSE ? Pour le président du club, la question du climat relève à la fois de l’environnemental, du social et de l’économique. «Quand chez Cepovett nous définissons un programme de reforestation sur nos lieux d’approvisionnement en Afrique, nous ancrons clairement cette démarche dans une logique de développement social : il s’agit ente autres de produire une huile qui va permettre à des femmes dans les villages de fabriquer un biopesticide pour faire pousser du coton». Autre exemple : Savco, l’un des membres fondateurs du Club Climat, qui de chaudronnier est quasiment devenu énergéticien en faisant migrer sa technologie vers la filière bois.

Pourquoi avoir lancé cette initiative dans le giron du Global Compact France ?
Les fondateurs ont ici cherché autant une caution qu’un facteur d’efficacité. Le Global Compact des Nations Unies est une initiative reconnue en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Son réseau français, Global Compact France, compte plus de 1 100 entreprises et organismes, ce qui fait de l’Hexagone le deuxième pays en nombre de participants dans le monde. Pour faire entendre la voie des PME et leur permettre de s’organiser, Global Compact semblait un tremplin très adapté, avec, qui plus est cette fenêtre de tir fin 2015 ouverte par la conférence Paris Climat.

(*) Aircology, Groupe Armor, B & L Evolution, Cepovett, Hervé Thermique, Imprimerie PDI, Omilis, Savco, Scara

Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

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