L’effort de solidarité est plus soutenu dans les milieux modestes que dans les milieux aisés, rappelle Recherches & Solidarités dans son enquête annuelle sur la “générosité des Français”.

Une année “exceptionnelle”. C’est ainsi que Recherches & Solidarités qualifie l’année 2010 dans la 16ème édition de son étude sur la “générosité des Français” (*). Le montant global de la collecte en France s’élèverait ainsi à 3,7 milliards d’euros, en augmentation de 4% (un peu supérieure à l’augmentation de 2009). L’étude fait d’emblée un distingo entre la collecte “habituelle” et celle associée au tremblement de terre en Haïti. Les associations s’étant positionnées sur l’aide aux Haïtiens ont en effet enregistré une augmentation de 22% de leur collecte.

Les associations de taille moyenne à la peine

L’augmentation des dons ne touche pas toutes les associations de manière égale. Les structures moyennes (150 000 à un million d’euros de collecte annuelle) peinent plus que les autres. Souffrant d’une moindre proximité avec les donateurs que les petites associations et ne bénéficiant ni de la notoriété ni des moyens de collecte des plus grandes, elles ont moins collecté en 2010 qu’en
2009. Quant aux grandes associations, contrairement à une idée communément admise, elles représentent moins de 30% de la collecte générale.

Si le nombre de foyers déclarant un don stagne depuis deux ans, les montants déclarés sont plus importants : le don moyen annuel déclaré, toutes associations confondues, s’élève en 2010 à 309 euros.

En pourcentage de ses revenus, un foyer modeste donne près de deux fois plus

Autre enseignement intéressant, et qui vient confirmer les résultats d’études précédentes : l’effort de solidarité est plus soutenu dans les milieux modestes. Les données fiscales sur les foyers français permettent en effet d’établir des ratios dons/revenus. Pour 1 000 euros gagnés, un contribuable dont le revenu imposable est inférieur à 19 000 euros annuels donne en moyenne 7,50 euros. Alors qu’un contribuable dont le revenu est supérieur à 39 000 euros donne en moyenne 4,70 euros. Si les contribuables plus aisés avaient donné autant que les contribuables les plus modestes en pourcentage de ce qu’ils gagnent, la collecte globale des associations aurait été majorée de plus de 200 millions d’euros, estime Recherches & Solidarités.

Les donateurs en baisse chez les 40-60 ans

L’étude note que la part des donateurs de plus de 60 ans augmente régulièrement depuis quatre ans, passant de 51,7% en 2006 à 53,1% en 2009. Dans le même temps, la proportion des donateurs entre 40 et 60 ans diminue également de façon régulière (de 35,4% à 33,7%). Quant à celle des donateurs de moins de 30 ans, elle est passée sur la période de 3,4% à 3,6%.
«Les associations qui collectent ciblent toujours autant les seniors, qui répondent toujours aussi bien, de sorte que leur proportion augmente légèrement, dans un environnement dont on rappellera qu’il est stable depuis deux années. Parallèlement, les associations s’intéressent de plus en plus aux jeunes donateurs, notamment via Internet. Et c’est proportionnellement la génération intermédiaire, celle des 40-60 ans qui
faiblit», constatent les auteurs du rapport.

Causes oubliées

Les secteurs qui progressent le plus sont ceux de l’aide sociale, de la recherche médicale et de l’environnement.
Si le drame haïtien de janvier 2010 a mobilisé près de 35% des donateurs, le tremblement de terre survenu au Chili quelques semaines plus tard a eu un écho beaucoup plus faible (3% des donateurs). Quant à la famine dans la corne de l’Afrique, elle a mobilisé 28% des donateurs.

Fin 2011, 56% des donateurs affirmaient qu’ils renouvelleraient en 2012 le montant de leurs dons de 2010, 16% indiquant vouloir donner plus (contre 9% à la même période en 2010). Mais 5% pensent qu’ils cesseront de donner en 2012, faute de moyens, et 15% réservent leur réponse.

(*) L’étude s’appuie sur un croisement des résultats de l’enquête annuelle “A l’écoute des donateurs” menée par Recherches & Solidarités avec les données de la direction générale des Finances publiques du ministère de l’Economie et les informations émanant d’un panel de 120 associations rassemblant plus de 1,5 milliard d’euros de collecte.

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Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

Catégorie(s)

ECONOMIE, ETUDE

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