Laurent Houssin a travaillé dans l’hôtellerie, puis dans une station-service, avant de s’orienter vers le journalisme. Parcours d’un combattant qui, de rencontre en opportunité, a trouvé sa voie.

Alors, qu’est-ce que tu vas faire après le collège ? A cette question, beaucoup de jeunes ne sauraient quoi répondre. Laurent Houssin, lui, le savait : « je veux être steward ». Passionné de voyages, aventurier dans l’âme, le jeune collégien se lance dans des études hôtelières, et obtient sans trop de difficultés CAP et BEP. A la rentrée scolaire 1991, son objectif tient en quelques mots : décrocher le BTH (brevet de technicien hôtelier).

L’annonce de sa future paternité coupe court à ses projets. Amoureux, son amie et lui s’installent ensemble. Seulement, plus question d’étudier, il faut se mettre au travail. Cinq jours plus tard, le voilà responsable de nuit (22h-9h du matin) dans un hôtel à Saint-Lô (Manche).

La petite Adeline naît. « J’ai décidé d’arrêter de travailler pour m’occuper de ma fille, je voulais passer un maximum de temps avec elle, j’étais trop heureux ! », se souvient Laurent. L’aide financière de ses parents et quelques missions d’intérim permettent à la petite famille de garder la tête hors de l’eau. C’est à cette époque que Laurent commence à faire des photos. « De 14 à 18 ans, je n’ai pratiquement aucune photo de moi… D’où une certaine frustation ! Alors, à la naissance de ma fille, je me suis mis à la prendre en photo, et à y prendre goût ! », confie-t-il.

Un coiffeur pas comme les autres

Deux ans après la naissance de sa fille, il décide de retrouver un emploi. L’hôtellerie ne le « branche plus tellement », mais il accepte une place dans une cafétéria, qu’il quitte un mois plus tard. C’est finalement comme caissier dans une station-service qu’il trouve un certain équilibre. Travaillant deux jours le matin, deux le soir, suivis de deux jours de repos, il confie : « j’avais plus de disponibilités pour mon enfant que comme barman ou serveur ».
A l’été 1996, il traverse des moments beaucoup moins réjouissants ; la rupture avec la mère de sa fille, son combat pour en avoir la garde, les procédures multiples devant le juge aux affaires familiales. Malgré les difficultés d’ordre privé, Laurent ne se laisse pas abattre, et c’est au milieu des peignes et des ciseaux qu’il présente un jour ses photographies à son coiffeur.

Philippe Laisney est un coiffeur pas comme les autres, qui partage son temps entre le salon et la rédaction du journal Ouest France ! Coiffeur de formation, il a travaillé pendant quinze ans comme correspondant (le week-end) au journal La Manche libre, puis a été engagé à Ouest France, mais seulement à mi-temps. Il propose à Laurent de faire des photos de sport le week-end, en tant que correspondant.

Laurent parcourt tout le département de la Manche, et un an plus tard, il couvre l’actualité de sa ville. « Ma fille, mes amis et mes parents m’ont tous soutenu, moralement et financièrement », confie Laurent. Les journalistes de Ouest France l’ont également encouragé, et il a « beaucoup progressé grâce à eux. Ils ont été très pédagogues, et m’ont accompagné dans mon apprentissage. Ils m’ont aidé à corriger mes erreurs et à trouver mon style ».

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Une reconversion aboutie

Fort de ses premiers pas dans le journalisme, Laurent n’a plus la tête à encaisser les clients de la station-service. Pourquoi cette voie ? « C’est un métier qui permet de rencontrer pas mal de monde, discuter, échanger. C’est très important pour moi », répond Laurent.

En mars 2002, porté par son entourage, il décide de reprendre des études. Problème : la formation d’un an qu’il souhaite suivre à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille n’est pas rémunérée. Et l’opportunité d’être embauché en contrat de qualification dans l’hebdomadaire Les nouvelles de Falaise tombe à l’eau. « Je n’en pouvais plus ! Toutes ces occasions manquées, aucune réponse à mes innombrables demandes d’emploi… La même année, j’ai failli tout plaquer pour partir en République Dominicaine ! », se souvient Laurent.

A la déception s’ajoute la frustration de ne pas parvenir à ses fins. Sans qualification ni formation journalistique, difficile de trouver une place de journaliste au sein d’une rédaction. Finalement, contre toute attente, il obtient en août 2003 un poste de journaliste en CDI à l’hebdomadaire La Manche Libre. Il y est toujours.

Le directeur de la rédaction était un client de la station-service, et connaissait ses projets. Et lorsque, fin juillet 2003, une place se libère, il pense à lui et le contacte. Laurent tombe des nues. « Je n’y croyais plus, dit-il. J’ai traversé des moments difficiles, et je n’y serais pas arrivé sans toute l’aide dont j’ai bénéficié. Ca valait le coup d’attendre. J’ai enfin trouvé ma voie ».

En savoir plus :

Le guide de la pige – journaliste mode d’emploi, X. Cazard et P. Nobécourt

Témoignages, tout sur la pige, annuaire médias, carnet d’adresses…

Édition 2003/2004, Chez Entrecom, 29€

Site : www.guidepige.com

Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels :

Site : www.ccijp.net

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