Stratégie nationale de santé : des annonces et des attentes fortes pour l’avenir

Les 19 recommandations du Comité des Sages avaient été publiées en juin dans une relative discrétion, ce matin, Marisol Touraine, entourée des Ministres de la Famille, de la Recherche & de la Ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie dévoilait donc en grandes pompes les orientations choisies par le Gouvernement. Ces annonces préfigurant la – tant attendue – grande Loi de Santé Publique annoncée en 2014.

Saluons tout d’abord la clairvoyance de Geneviève Fioraso, qui a dans son discours déploré que la plupart des décisions en matière de Santé Publique ne soient pas basées sur l’évidence scientifique. Nous ne pouvons qu’apprécier cette remarque qui devrait donc logiquement se traduire en actes par l’accès aux seringues en prison, la mise en place de programmes de substitution injectable et d’héroïne médicalisée ou encore l’extension des programmes d’éducation aux risques liés à l’injection. Toutes ces interventions ayant été validées scientifiquement… Il s’agit également de construire l’évidence scientifique en acceptant de financer des programmes innovants, de les évaluer et de les généraliser si les résultats sont concluants. Dans le domaine du VIH, nous considérons qu’il est prioritaire qu’une offre ciblée en santé sexuelle puisse faire l’objet d’un tel processus.

Au-delà des cinq axes prioritaires rappelés par Marisol Touraine : Jeunesse, Addiction, Cancer, Santé mentale & personnes âgées / vieillissantes, la « Révolution du premier recours » voulue par le Gouvernement veut replacer le médecin généraliste au cœur de la coordination du parcours de santé pour lever les obstacles, notamment financiers, à l’accès aux soins. C’est certes une bonne nouvelle, mais nous sommes plus sceptiques quand la Ministre semble considérer que les difficultés liées aux dépassements d’honoraires sont pour ainsi dire réglées par la convention médicale. Le médecin généraliste doit également devenir un acteur clé de la prévention.

Il y a du travail : pour ne citer que le VIH – par ailleurs absent des discours, il y a toujours 6000 nouvelles contaminations par an. 30000 personnes vivent avec le virus sans le savoir et il aurait été pour le moins opportun de relever que cette tâche est actuellement dévolue aux associations qui se débattent dans une économie de moyens et de reconnaissance.

Nous ne cachons pas notre satisfaction quand la Ministre s’engage à renverser la tendance à la baisse des dépenses prises en charge par la Sécurité Sociale et la généralisation du tiers payant. Rappelons néanmoins à cette occasion que les membres du Gouvernement étaient à l’époque à nos côtés pour protester contre les franchises médicales. Aujourd’hui, il ne semble malheureusement plus du tout question de revenir sur cet impôt sur la maladie…

Finissons sur une annonce qui nous laisse perplexes : le Ministère de la Santé doit être – ou devenir – celui des patients dans un « nouvel âge de la démocratie sanitaire ».

Volontiers, mais pour quoi faire ?

Nous laisser nous exprimer sans nous en donner les moyens, ni suivre nos recommandations ?

Très peu pour nous. Nous ne saurions nous en tenir à un rôle de représentation vaguement honorifique. Nous voulons prendre véritablement part à toutes les décisions qui nous concernent et que les actions menées par les associations soient reconnues comme de véritables actions de Santé Publique.

De nombreuses concertations vont avoir lieu en région. Les représentants de AIDES seront là pour porter la parole des personnes vivant avec le VIH ou une hépatite virale. Nous jugerons alors si les annonces sont réellement suivies d’une réelle prise en compte de la voix des (im)patients.