« C’est le premier projet en Allemagne qui s’intéresse à tous les habitants, au-delà des relais habituels qui sont connus et donc sans surprise « , déclare Heinrich Bücker-Gärtner, sociologue à l’Ecole de l’administration de Berlin, au sujet du budget participatif de la mairie de Lichtenberg. Celle-ci connaît en effet les avis de ceux qui s’expriment ; l’enjeu démocratique consiste donc à aller chercher ceux qui ne se manifestent pas spontanément : les jeunes, les étrangers, les chômeurs…

Hélène Bernard, architecte, est chargée de cette mission : « la participation de tous est un défi énorme. Mais au-delà de cette première étape, il nous faut réussir à faire discuter des actifs avec des non-actifs, des jeunes avec des retraités, ce n’est pas évident de faire sortir chacun de ses propres intérêts… ».

Pour « aller chercher » cette majorité silencieuse, une trentaine de chômeurs de longue durée a été recrutée pour 6 mois. Parce que cette mission relève de l’intérêt public, ils continuent à toucher « l’aide aux chômeurs » (revenu minimum adapté à la situation personnelle) à laquelle s’ajoute 1,5 euros de l’heure. Ce choix social exige un management renouvelé, qui s’adapte à la fois à la nature originale du personnel et du projet.

L’équipe, très peu qualifiée, est constituée d’habitants du grand quartier de Lichtenberg. Une formation à la carte et sur quelques jours les a préparés à une tache que tout le monde découvre en même temps. Certains ont très bien saisi le contenu global de la démarche, d’autres moins, d’autres, encore, n’ont pas vraiment la capacité de l’appréhender. Hélène Bernard commente : « Il n’empêche que depuis quelques mois, je les ai vus changer, même physiquement. Ils travaillent en groupes de 5 avec un responsable élu, ils font leur planning hebdomadaire et apprennent l’autonomie. Dans la pratique, les plus forts tirent les moyens qui tirent à leur tour les plus fragiles. Le système fonctionne plutôt bien ».

Elke Fölsche était secrétaire. Comme les autres, elle n’a pas eu le choix de refuser cette activité et c’est en bougonnant qu’elle reconnaît n’avoir jamais eu un travail qui lui a procuré autant de plaisir…

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Au sujet de Nathalie Dollé

Diplômée de l’École Supérieure de journalisme de Lille puis détentrice d’un Master « information et éthique des droits de l’homme », Nathalie a quitté le groupe France-Télévision après 20 ans de carrière pour se lancer dans des missions autour de la presse et de la communication, en France et à l’international. Essentiellement pour l’Union européenne.

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