Avaaz: Assad a déchiqueté le plan Annan, un plan B est nécessaire

**Alors que 60 personnes ont trouvé la mort dans un nouveau massacre, 764 000 personnes appellent les Nations Unies à envoyer 3 000 observateurs en Syrie avec un mandat de protection des civils. **

Aujourd’hui, Avaaz va remettre une pétition ayant recueilli 764 000 signatures au Conseil de sécurité de l’ONU. Alors que les dirigeants discutent encore d’une solution au conflit, cette pétition appelle à l’envoi immédiat de 3 000 observateurs partout en Syrie avec un mandat de protection des civils. Suite à un nouveau massacre à Hama, où au moins 27 enfants ont trouvé la mort, le mouvement citoyen mondial fait le constat de l’échec total du plan en 6 points d’Annan : près de 2 000 personnes ayant été tuées depuis le début du plan il y a trois mois.

“Avec le soutien de la Russie, Assad a déchiqueté le plan Annan. Ce matin, 60 nouveaux cadavres de personnes massacrées ont été découverts, dont des dizaines d’enfants. L’inaction de la communauté internationale avait permis le déroulement d’un génocide au Rwanda — avons-nous appris de nos erreurs, ou abandonnerons-nous le peuple syrien à son sort macabre? Sans une présence conséquente des Nations Unies sur le terrain et sans la prise immédiate de sanctions, nous nous dirigeons vers une véritable guerre civile qui pourrait durer des générations et donner lieu à des attaques terroristes encore pires que nos pires cauchemars,” a déclaré Ricken Patel, Directeur Exécutif d’Avaaz.

Hier, un nouveau massacre a eu lieu à Al-Koubeir, un village sunnite près de Hama, où l’on a dénombré au moins 60 corps – dont 27 enfants et 15 femmes – ainsi qu’environ 35 autres victimes qui auraient été déplacés par les escadrons de la mort dans des villages voisins. Les premières expertises révèlent qu’il y avait de nombreux enfants âgés de moins de 10 ans et que l’armée a bombardé le village pendant 30 minutes avant que des milices ne pénètrent dans le village pour abattre et poignarder les habitants. Parmi les cadavres découverts, plus de 35 ont été brûlés. Le massacre a été confirmé par deux sources avec lesquelles Avaaz a pu s’entretenir. Hier, les observateurs n’avaient pas le droit d’accéder au village. Ce matin, ils n’ont pu entrer qu’accompagnés par l’armée syrienne et nombreux sont les habitants du village trop effrayés pour leur parler.

Em Shalaan, 45 ans, qui a perdu son mari, trois enfants et six petits-enfants dans le massacre de Houla le mois dernier, a témoigné à Avaaz cette semaine: “Les shabihas sont entrés et ont fait sortir les hommes pour les abattre dans la rue. Puis j’ai entendu l’un d’eux au-dehors s’exclamer: “Tuez les femmes et les enfants – tuez-les tous”. J’ai couru vers l’écurie derrière la maison et me suis cachée dans le foin. J’entendais mes enfants qui hurlaient “Maman, au secours”. 30 minutes plus tard, je suis rentrée dans la maison et j’ai découvert leurs corps. Ma fille de 13 ans a survécu malgré une blessure par balle à la poitrine. Pourquoi ai-je perdu mes proches, qu’ont-ils fait pour mériter cela?”

Avaaz appelle à l’envoi de 3 000 observateurs qui seraient postés en permanence dans les 14 régions du pays avec un mandat de protection des civils.Ceux-ci pourraient empêcher de nouvelles violences et sauver la vie de civils, tout en rendant possibles les manifestations pacifiques. Avaaz exhorte l’ONU à élaborer un plan B d’urgence pour empêcher les attaques contre les civils, et à établir un calendrier et des repères précis pour lancer des sanctions et contre-mesures si Assad continue de bloquer les efforts de paix de l’ONU. L’évaluation d’Avaaz du plan Annan est la suivante:

1. Dialogue politique: échec. Assad a accusé les pays arabes et occidentaux de financer et d’armer des terroristes, afin de faire voler en éclats le plan Annan. Mais en pratique, s’il est impossible pour l’opposition de s’organiser en Syrie c’est à cause des innombrables détentions, tortures et assassinats pratiqués par le régime.

2. Cessez-le-feu: échec. Les affrontements entre forces armées sont monnaie courante, et la répression du régime contre les manifestants pacifiques ou les bombardements de quartiers résidentiels se poursuivent sans relâche. Alors que l’Armée syrienne libre avait partiellement respecté le cessez-le-feu, elle a annoncé cette semaine son retrait du plan face à la violence démesurée du régime.

3. Remise de l’aide humanitaire: en demi-teinte. Le gouvernement contrôle étroitement les couloirs humanitaires du CICR et du Croissant-Rouge et a empêché l’aide humanitaire de parvenir via les frontières; l’aide ne peut être distribuée que dans 5 endroits et sous le contrôle du régime. Assad a bien indiqué hier que d’autres organismes pourraient pénétrer dans le pays, mais il est resté flou sur la manière dont cela fonctionnerait en pratique.

4. Fin des détentions arbitraires: échec. 86 étudiants de l’université d’Alep ont été libérés début mai, mais plus de 600 sont toujours en détention. Mazen Darwish est détenu depuis 111 jours, malgré la demande de libération formulée par Kofi Annan.

5. Liberté pour les journalistes: échec. Alors que le régime prétend avoir délivré 400 visas aux médias, la liberté de circulation des journalistes continue d’être étroitement restreinte. Il est donc quasiment impossible de rendre compte librement de la situationc car les gens qui acceptent de témoigner aux journalistes sont menacés.

6. Liberté pour les Syriens: échec. Les manifestants pacifiques sont encore régulièrement pris pour cible par des tirs voire des bombardements, sans compter les rafles de manifestants, dont des enfants, et les tortures pratiquées sur les personnées arrêtées.

Aujourd’hui, en face de l’ONU à New York, les membres d’Avaaz vont organiser une manifestation en disposant les silhouettes de 49 cadavres d’enfants enveloppés dans des draps blancs le long du trottoir, pour représenter les enfants tués dans le massacre de Houla le mois dernier. Plus de 1 000 enfants ont trouvé la mort depuis le début du soulèvement en Syrie.
La semaine passée, Avaaz a lancé une campagne urgente, soutenue par des citoyens du monde entier, pour que “3 000 observateurs internationaux soient envoyés en Syrie avec un mandat de protection des civils, et que les dirigeants avancent au plus vite pour mettre au point un plan de transition politique”. Plus de 764 000 personnes soutiennent déjà cette campagne, et ce chiffre ne cesse de croître.

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