Dès l’âge de trois ans, les « troubles de la conduite » seraient repérables chez l’enfant. Une expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), commandée par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs indépendants et rendue public en septembre 2005, préconise leur dépistage précoce « dès la crèche et l’école maternelle », par les signe suivants « indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité, indice de moralité bas ».

Elle préconise aussi des mesures de rééducation, des psychothérapies cognitives et comportementales et même, à partir de six ans, l’administration de médicaments pour lutter contre ces troubles. Ce document a suscité un tollé immédiat parmi les professionnels de la santé et de petite enfance. Et la pétition de protestation contre celle-ci « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans » a recueilli plus de 100 000 signatures en six mois.

Elle dénonce la « médicalisation à l’extrême des phénomènes d’ordre éducatif, psychologique et social », « la confusion entre malaise sociale et souffrance psychique, voire maladie héréditaire ».

L’Inserm, dans un communiqué de presse, rappelle que l’expertise « Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » ne « renvoie pas à la simple turbulence de l’enfant ou à la désobéissance de l’adolescent », comme le lui reprochent les signataires de la pétition, et affirme que l’expertise évite toute confusion entre le trouble des conduites et la délinquance.

Or, ses orientations font écho à celles du rapport du député Jacques-Alain Bénisti (UMP) remis au ministre de l’Intérieur en novembre 2004, puis à celles incluses dans l’avant-projet de loi sur la prévention de la délinquance, dont l’un des axes est de demander aux travailleurs sociaux de renoncer au secret professionnel.

Le rapport, plus nuancé, de Marie-Thérèse Hermange, sénatrice de Paris, remis en avril 2005, formule la même demande.

Quelles vont être, in fine, les dispositions prises par le législateur ? On en saura plus au moment du vote de la loi sur la prévention de la délinquance, vote retardé par les émeutes en banlieue.

Au sujet de Naïri Nahapetian

Naïri Nahapétian est née à Téhéran de parents arméniens. Elle a quitté l'Iran à l'âge de 9 ans, après la Révolution islamique. Elle vit à Paris. Journaliste free-lance durant plusieurs années, elle travaille actuellement pour le mensuel Alternatives économiques. Elle est l'auteure de l'essai L'Usine à vingt ans paru dans la collection « Bruits » (Les petits matins/Arte éditions, 2006) et publie régulièrement des nouvelles, notamment dans les revues Rue Saint Ambroise

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