Un cours de cuisine moléculaire ? Un rallye en buggy à proximité de Paris ? Une virée en Floride ? Non. En ces temps où il faut bon revenir aux valeurs essentielles, à la simplicité et où la solidarité fait sens, c’est au sein du réseau Cocagne, un réseau de jardin maraîchers biologiques à vocation d’insertion sociale ou professionnelle, que certaines entreprises ont choisi de d’oxygéner leurs cadres.

L’heure du team building social aurait-elle sonné ? Alain Gerard, directeur du Jardin de Cocagne de St Quentin en Yvelines préfère parler de séminaire « solidaire » ou « vert » pour évoquer ce type d’incentive placé sous le signe de la cohésion et de l’engagement.

Chaussés de bottes et de coupe-vent, les salariés issus d’entreprises agro alimentaire, de groupes pharmaceutiques ou de BTP….viennent passer une journée aux côtés de personnes recrutées en parcours d’insertion. Objectif : revenir aux fondamentaux en plongeant les doigts dans la terre, s’adonner à ce travail physique aux côtés de personnes aux parcours de vie difficiles, créer et recréer une forme de lien social avec ses collègues de travail « car certains cadres qui arrivent chez nous ne se connaissent pas d’une division métier à une autre » raconte Alain Gerard.

D’après l’intéressé l’expérience est tout aussi très bénéfique pour les employés du réseau Cocagne : chômeurs de longue durée, allocataires des minimas sociaux qui sont valorisés car ce sont eux qui prennent en charge les apprentis jardiniers et les initient à l’art du désherbage ou au maniement de la fourche.

Un bol d’air…..

La journée débute généralement à 9H par une visite du domaine et une présentation des équipes. Et le jardin de St Quentin en Yvelines n’est pas le plus mal loti ! Situé sur le domaine historique du site du manoir de Buloyer datant du XVIIème siècle, ce jardin possède une ferme agricole datant de la fin du 19ème siècle. Le site s’étend sur 4,5 hectares avec 3.000 m² de serres et produit une soixantaine de variétés de légumes de saison certifiés bio.

Les cadres sont ensuite répartis par petits groupes sous la houlette de l’un des 18 maraîchers. Les travaux varient selon les besoins et les saisons : récolte des légumes, préparation des paniers, taille des pommiers. La pause déjeuner est un moment de partage, propice à la dégustation de la production locale. Les travaux reprennent l’après midi « généralement de manière plus conviviale et moins formelle car le déjeuner est un véritable moment de détente et d’échanges entre les participants » observe Alain Gerard. Souvent, les salariés conquis demandent à revenir travailler bénévolement ou souscrivent une adhésion pour recevoir leur panier bio hebdomadaire.

Faut-il voir dans ces journées « solidaires » une opportunité supplémentaire de créer des passerelles entre entreprises et associations d’insertion pour nourrir une démarche RSE ou une volonté pour l’employeur de dépasser les a priori et de sensibiliser ses équipes à travailler collectivement au profit de l’intérêt général ? Difficile de trancher. Reste que Alain Gérard peut se frotter les mains : cette forme de team building social, lui permet de renflouer les caisses de son association et il a même été approché par un partenaire distributeur qui va l’aider à professionnaliser la démarche.

Valorisation de l’espace dédié aux séminaires, prospection commerciale à destination des entreprises, communication plus formalisée…font partie des outils mis en place prochainement. « Nous sommes sur deux créneaux porteurs : l’agriculture biologique et les circuits courts et la réinsertion professionnelle, nous espérons que ce projet pilote fera bientôt des émules dans le réseau Cocagne » conclut l’intéressé.

Le réseau Cocagne : http://www.reseaucocagne.asso.fr/