13 mars 2008

Coup de jeunes

Contrairement aux idées toutes faites, les adolescents et plus généralement les jeunes générations ont une vision très claire de ce que signifie la citoyenneté.

Loin de certains clichés qui veulent que la génération suivante soit moins « bien » que la précédente, par exemple moins engagée dans la vie citoyenne, une étude réalisée par The Future Foundation (*) au Royaume-Uni montre qu’une grande majorité des futurs adultes sont de vrais citoyens en herbe, préoccupés par l’avenir du monde dans lequel ils vivent.

2/3 estiment que la citoyenneté est synonyme d’avoir des responsabilités ;

3/4 d’avoir des droits ;

Et plus de la moitié que c’est aussi penser aux autres autant qu’à soi.

Autant dire qu’internet joue un rôle important pour eux , notamment pour s’informer, et échanger. 48% des jeunes interrogés se sentent faire partie d’une communauté à travers un réseau social sur le net.

S’ils souhaitent s’engager dans la politique, c’est autrement que leurs aînés, par exemple en privilégiant l’interaction, en faisant circuler ou signer une pétition 63%, en émettant un commentaire sur un site web 52%, en boycottant un produit ou service 25%…. Les auteurs de cette étude considèrent qu’ ils sont plus critiques que les générations précédentes, réagissent avec plus de discernement qu’on ne les décrit : non seulement ils ne sont pas apathiques, ils sont impliqués :« Ils veulent construire une société saine où les gens sont connectés les uns aux autres, échangent, se respectent, se font confiance, les sociologues appellent cela « capital social » ». Y compris à travers les contacts internet, ils sont contributeurs d’actes. Et justement, leur attitude vise à générer ce « capital social ».

Témoin, sur le terrain de la sauvegarde de la planète, leur jugement est sévère pour leurs aînés: 45% des 16-19 ans estiment que la génération précédente n’a pas fait assez pour la protéger. «L’environnement est devenu tant un phénomène social et émotionnel que rationnel lié à l’impact des actes de chacun sur la planète. Des sentiments très forts sont donc en train d’émerger » soulignent les auteurs. En effet , un tiers de ces jeunes s’inquiètent de savoir s’ils ont une attitude suffisamment verte, de même leur entourage. Globalement, les trois quarts des 16-19 ans estiment parmi les mesures à prendre qu’il faut récompenser les gens qui recyclent, 71 % pensent qu’il faut éliminer tout emballage inutile et 53 % qu’il faudrait mettre des amendes à ceux qui ne recyclent pas !

Mais ils veulent aussi passer à l’acte directement : 47% des 16-24 ans se déclarent prêts à boycotter les entreprises qui polluent l’environnement (contre 39 % en 1980). Le niveau de préoccupation de ces jeunes ne cesse d’augmenter et ils sont prêts à appuyer plusieurs actions assez radicales : 33 % supporteraient des actions directes contre les pollueurs et 9 % pourraient prendre part à des activités de « guérillas » menées par des groupes de défense de l’environnement.

Et cette étude de déceler qu’ il y a parmi eux un noyau « dur » d’environ 20 % de défenseurs de l’environnement très motivés, et plus actifs : trois fois plus prêt que la moyenne (27 % contre 9 %) à supporter des actions de type « guérilla ».

Ce noyau dur associe davantage une notion de jugement à la défense de l’environnement. Ceux qui en font partie sont assez prosélytes : ils veulent encourager autrui à changer de comportement. 60%des 16-19 ans de ce groupe encouragent leurs parents à recycler contre 48 % pour la moyenne. La moitié des jeunes de ce groupe veulent que leurs parents achètent des produits verts (contre 30 % la moyenne). Ce sont des agents actifs du changement : 58 % sont prêts à payer un produit 10 % plus cher s’ils sont sûrs qu’il ne porte pas atteinte à l’environnement (contre 37 % en moyenne). Ils constituent une sorte d’avant-garde et vont faire école auprès des autres, notamment dans leur mode de consommation. Il est clair qu’en une génération, l’environnement a pris forme dans l’esprit des citoyens de demain.

Estelle Leroy

(*)Enquête réalisée au Royaume-Uni par The Future Foundation pour le compte The National Lottery.

Au sujet de Estelle Leroy

Estelle Leroy-Debiasi est journaliste professionnelle, Diplômée en Economie, ex rédactrice en chef du quotidien économique La Tribune. Elle contribue régulièrement au site ElCorreo, site de la diaspora latinoamericaine.

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