Un rapport de la FAO tire la sonnette d’alarme. Il est urgent d’agir dans une perspective de long terme pour éviter une situation catastrophique. La sécurité alimentaire doit être mieux prise en compte dans le débat sur le changement climatique.

Le monde a tendance à se concentrer sur les impacts du climat à court terme dus à des phénomènes météorologiques extrêmes, et souvent spectaculaires, et la hausse des prix qui s’en suit. Évidemment la hausse des prix des denrées alimentaires, sous le jeu de la spéculation, doit être dénoncée et si possible régulée. Selon la FAO, certains prix ont doublé en partie à cause de raisons climatiques. Plus les événements climatiques sont imprévisibles, plus ils vont participer à la chute de la production et à la hausse des prix.

Dans ce contexte, et alors que notre planète comptera 3 milliards de personnes en plus en 2050, ce qui suppose une production alimentaire de 70% en plus, l’adaptation dans le monde développé de l’agriculture et de la pêche n’est même plus une option mais une obligation selon ce rapport de la FAO.

Mais ce n’est pas tout, la sécurité alimentaire est aussi menacée par des phénomènes climatiques à évolution lente, auxquels il faut se préparer dès maintenant, en vue de l’horizon 2050- 2100, compte tenu des changements profonds qui sont entrain de se dessiner et qui mettront à mal « les services écosystémiques nécessaires à l’agriculture », selon la FAO.
Pour Alexander Müller, sous-directeur général de la FAO pour les ressources naturelles, « affronter après coup les changements à long terme n’a guère de sens. Il nous faut soutenir dès aujourd’hui l’agriculture du monde en développement afin qu’elle devienne plus résiliente », et donc investir sur le long terme.

Un certain nombre de mesures sont, dans cet esprit, proposées, que les gouvernements pourraient examiner dans leurs négociations sur le changement climatique.
La vulnérabilité est évidemment fonction de la nature, l’amplitude de la variation climatique auquel le système est exposé, et sa capacité d’adaptation. Ainsi la production vivrière et les écosystèmes dont elle dépend sont sensibles aux variations du climat, comme les variations de température, de précipitations, les maladies… Dès lors il faut envisager d’opérer des changements qui peuvent accroître la résilience de l’agriculture de subsistance. Et de souligner la nécessité de créer des variétés alimentaires de base mieux adaptées à l’évolution des conditions climatiques.Certaines ressources phytogénétiques – y compris des espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées – doivent être collectées et étudiées, vu leur risque d’extinction. D’un autre coté, des plantes adaptées au climat peuvent être reproduites- céréales résistantes à la chaleur, à la sécheresse, à la submersion et à l’eau salée.

Mais surtout , l’insécurité alimentaire doit être un indicateur important permettant d’évaluer la vulnérabilité aux événements climatiques extrêmes et aux phénomènes climatiques à évolution lente, recommande la FAO.

La gestion des risques dans ce domaine mérite une plus grande attention afin d’avoir une approche équilibrée entre les effets à court et ceux à long terme. Une plus grande place doit être faite aux risques liés aux impacts à évolution lente du changement climatique. Il faut protéger voire réhabiliter les écosystèmes dégradés : ce qui veut dire que la protection des réserves aquifères est cruciale. Un accès à l’eau pour l’irrigation, maintenir les forêts, réhabiliter les terres dévastées…, ce management durable des écosystèmes va réduire la vulnérabilité aux changements du climat, souligne le document de la FAO.

La sécurité alimentaire doit être vue comme un élément primordial de l’environnement économique et social , et donc pris en compte dans les différents arbitrages de mesures dites de développement durables.
Comment trouver le juste équilibre entre les différents usages concurrentiels des terres ? Les biocarburants ont été associés à la hausse des prix des denrées en 2007-2008. Leur production peut générer une concurrence -sur la terre et l’eau- à la production de denrées alimentaires.
L’usage à très grande échelle de terres agricoles à des fins industrielles – peut s’avérer une menace réelle pour la subsistance de plusieurs pays. Chacun doit dont évaluer les implications potentielles des mesures retenues en fonction de sa sécurité alimentaire : intensification des systèmes d’agriculture, réhabilitation de terres, résilience de l’agriculture…

Au sujet de Estelle Leroy

Estelle Leroy-Debiasi est journaliste professionnelle, Diplômée en Economie, ex rédactrice en chef du quotidien économique La Tribune. Elle contribue régulièrement au site ElCorreo, site de la diaspora latinoamericaine.

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