En investissant les façades et les coins de rue, les codes QR ouvrent la voie à un mouvement d’éditorialisation des espaces publics. Et si la ville devenait un média ?

Difficile d’échapper à la déferlante du code QR, ce code-barre noir et blanc en deux dimensions estampillé sur les mobiliers urbains, les affiches, les emballages. QR pour QR pour “quick response”, car le contenu peut être instantanément décodé par un smartphone. Il suffit de scanner la pastille avec son téléphone mobile équipé d’Internet, pour être immédiatement dirigé sur une page Web simplifiée.

Mais alors qu’un code-barre classique ne peut stocker que de 10 à 13 caractères, le code QR peut contenir 7089 caractères numériques et 4296 caractères alphanumériques. On comprend aisément l’engouement des élus et des gestionnaires des espaces publics.

Le QR offre des perspectives uniques d’informations sur la ville : informations pratiques, informations encyclopédiques, informations institutionnelles, informations ponctuelles… Une porte grand ouverte sur l’éditorialisation de la ville.

A New York, des codes QR sur tous les permis de construire

À chaque municipalité son registre de déclinaison du code QR. Mais l’on peut aisément imaginer que ces figures géométriques noires et blanches ont vocation à essaimer un peu partout, pour ouvrir la ville et ses espaces publics sur un horizon infini d’informations. Bref, le code QR pourrait bien faire des villes des médias à part entière.

Fin février 2011, le maire de New York, Michael Bloomberg, annonçait que les codes QR seront présents sur tous les permis de construire de la ville d’ici 2013. Les citoyens pourront ainsi consulter par le menu les projets de construction : permis de construire, plaintes et violations, coordonnées du constructeur, propriétaire du lieu. Il pourront même déposer plainte depuis le site du Department of Buildings. L’objectif affiché par Michael Bloomberg est des plus clairs : renseigner instantanément le voisinage et impliquer la population dans les développements urbains au travers d’informations plus que facilement accessibles.

D’autres applications sont envisagées, comme l’utilisation des codes QR pour réserver les courts de tennis ou pour consulter l’historique des statues de la ville. L’idée étant d’intégrer les touristes dans ces nouveaux circuits de diffusion de l’information.

À chaque municipalité son champ d’application

Bruxelles a également investi dans le code-barre. Les pastilles se présentent sous la forme d’affichettes (signées d’un jeune créateur local) apposées à des endroits visibles sur la façade des musées, des bâtiments administratifs publics, de l’Hôtel de Ville, des bibliothèques, des établissements culturels et des piscines. Une trentaine de bâtiments au total, avant d’autres déclinaisons. Tous les codes renvoient vers des pages Web en français, néerlandais ou anglais.

En France, les villes de Nancy et de Bordeaux ont également franchi le pas. Avec une ambition très directement pédagogique à Nancy, où les codes QR sont disposés au pied des arbres et renvoient vers une carte d’identité numérique de la plante : description botanique, histoire, symbolique, propriétés médicinales. Des extraits audio complètent le dispositif, ainsi qu’un logiciel de géolocalisation de l’arbre “flashé”.

Logique plus pratique à Bordeaux, où un millier d’autocollants ornent les horodateurs et les bornes d’accès aux zones piétonnes. Les passants peuvent ainsi accéder à des données très diverses, plutôt dans une logique de services pratiques : agenda des sorties, conseils et sélections de regards sur Bordeaux par ses habitants, informations réservées aux personnes handicapées…

Avec La Fabrique de la Cité

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Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

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