Depuis 2005, l’association Cœur en Fête fait se produire de jeunes artistes de haut niveau dans les maisons de retraite.

Promouvoir le rapprochement intergénérationnel en l’inscrivant dans un rapport croisé d’utilité sociale et professionnelle : c’est l’ambition défendue depuis 2005 par Cœur en Fête. Créée par le chef d’orchestre Serge Baudo, qui la préside encore aujourd’hui, l’association s’est construite sur la base d’un double constat. D’un côté, des pensionnaires de maisons de retraite de plus en plus âgés et de plus en plus isolés. De l’autre, des élèves de conservatoire soumis à une batterie d’auditions et de concours. Deux générations aussi éloignées dans la courbe des âges que dans la structuration des rapports sociaux.

Pourquoi ne pas les rapprocher ? Ouvrir les maisons de retraite aux jeunes artistes offre une triple opportunité : aider les personnes âgées à mieux vivre en les extrayant de leur isolement psychique et social, permettre aux jeunes artistes de roder leur programme en se produisant devant un public, créer des passerelles entre les générations.

Un millier de concerts de haut niveau

Si l’idée est simple, sa mise en œuvre repose sur une mécanique complexe. «Nous agissons en quelque sorte comme une centrale de réservation. Les artistes nous disent quand ils veulent jouer, à nous de leur proposer une date et un lieu», explique Stéphane Baudo, fils de Serge, responsable de l’association. Pour en arriver là, il aura fallu gagner la confiance des acteurs institutionnels des deux côtés du dispositif.

La petite association a signé une convention avec le Centre d’action sociale de la ville de Paris (CASVP) et passé des accords avec une vingtaine d’Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et maisons de retraite de la Capitale. Parallèlement, elle travaille en permanence au maintien de relations suivies avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse, les conservatoires municipaux et le Conservatoire de rayonnement régional.

En 2011, Cœur en Fête a programmé plus de 240 animations, avec la participation de 1 400 bénévoles, pour un public de 9 500 personnes âgées.
Solistes classiques ou baroques, quatuors de musique de chambre, orchestres symphoniques, chanteurs lyriques… En l’espace de sept ans, des centaines d’artistes de haut, voire de très haut niveau, ont ainsi offert un bon millier de concerts.

Thérapie non médicamenteuse

La nature du public, l’environnement conditionnent nécessairement le format des prestations. On ne joue pas un prélude de Rachmaninov, on ne chante pas un lieder de Schubert devant un public dont la moyenne d’âge dépasse les 85 ans, majoritairement atteint de symptômes neurodégénératifs, comme on se produit devant un jury de concours international. Pour les artistes, l’exercice requiert de grandes dispositions de concentration, une solide maturité psychologique et une réelle générosité. «C’est une excellente préparation, ils le savent et sont donc très demandeurs», souligne Stéphane Baudo.

Les scientifiques n’ont de cesse de vanter les vertus thérapeutiques de la musique. Cœur en Fête leur donne raison. Aux premières notes, le public s’apaise visiblement, l’attention se canalise et l’émotion perce.
La durée des concerts ne dépasse pas une heure, toujours suivie d’un goûter partagé avec les artistes et les animateurs de l’association.

Subventions à la baisse

Cœur en Fête, qui affiche un comité d’honneur prestigieux (Gabriel Bacquier, Jean-Laurent Cochet, Brigitte Engerer, Patrice Fontanarosa, Jean et Simone Lacouture, Yann Pascal Tortelier…), vit de l’énergie de ses animateurs et des subsides de donateurs institutionnels et privés : Ville de Paris, Groupe Novalis Taitbout, Fondation SNCF… Reste que, comme toute association, elle voit chaque année son assiette de financement se resserrer. «En 2011, les subventions ont baissé de 15%», précise Stéphane Baudo. Parallèlement, la structure subit de plein fouet la baisse drastique des budgets animation des maisons de retraite de la Ville de Paris.

Plus d’infos :

[Coeur en Fête->http://www.coeurenfete.org/
]

Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

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