L’entreprise à venir n’aura plus les mêmes frontières que celle que nous connaissons actuellement. La crise financière, le changement climatique, les bouleversements géostratégiques, la démographie… autant de facteurs déterminants qui peuvent susciter de nouvelles formes d’économie.

Des expériences et des voies nouvelles développées par des « entrepreneurs » dans l’économie solidaire, les nouvelles technologies, le travail en réseau, le développement durable, montrent qu’on peut travailler et produire autrement, et qu’on n’est pas obligé de perdre sa vie à la gagner. De plus en plus d’entreprises sont à la recherche de projets sociétaux en cohérence avec leurs activités économiques et pouvant s’inscrire, avec un sentiment de construire un monde nouveau. Dans ce paysage la Suède fait bonne figure. C’est très commun en Suède de prendre soin de ses salariés. Lorsqu’on est plus heureux au travail, on est plus productif soutiennent les chefs d’entreprise suédois.

A l’entreprise intégrée (Krupp, Renault..) fait aujourd’hui suite l’entreprise de la coopération (Google, Amazon…). Les groupements coopératifs comme ceux qui existent entre des firmes de loisir pour vendre leurs programmes, se multiplieront. Des concurrents feront des bouts de chemin ensemble dans la recherche ou la prospection. De nouvelles formes de concurrence apparaîtront entre des « communautés d’entreprises », des clusters, des centrales virtuelles.

Une évidence : Internet et intranet s’imposent partout.

Quant à l’homme, dans cette nouvelle donne, il a toute les chances de s’épanouir s’il est formé, compétent, apte à l’évolution et à la prise de responsabilité. Sinon il pourra trouver refuge dans les firmes à l’ancienne qui survivront pendant assez longtemps, mais sera sous la menace d’une reconversion difficile. Le problème est que, faute de vision du monde, ni les décideurs politiques, ni les directions d’entreprises, ni les systèmes scolaires ne préparent suffisamment les employés de demain aux changements qui vont intervenir dans le travail, aux nouvelles formes d’organisation et d’activités.

Quelles sont donc ces entreprises modèles ?

Elles ne font que produire des richesses mais créent aussi du bien être pour leurs salariés et du bien commun pour l’environnement et la société. Et de l’intérêt général. Elles inventent un futur ou le capital social supplante le capital financier. Toutefois, elles sont rentable, viables, donc pérennes. Elles misent sur la valeur du temps : du temps pour réfléchir, pour prendre du recul pour créer, pour ne pas stresser. Elles donnent du sens à la vie des employés, et facilitent l’harmonie entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Ce sont des entreprises apprenantes, où on apprend en permanence et où est cultivé la volonté de transmettre son savoir. Elles définissent des façons de travailler autrement. La créativité, mobilise tous les talents pour créer de la valeur. Elles autorisent les blogs de salariés (indicateur de démocratie et de dialogue), favorisent la bonne entente entre employés et hiérarchie, la généralisation des horaires flexibles. Une grande diversité de formations est offerte et la parité homme-femme est respectée.

L’entreprise de demain sera naturellement internationale, de plus en plus en réseau, de plus en plus verte, de plus en plus internet (voire virtuelle) et de plus en plus orientée vers la société de la connaissance. Ces changements sont déjà à l’œuvre.

Plusieurs profils d’entreprises correspondent peu ou prou à l’idée d’entreprises « humanistes » « ouvertes sur le futur » « ou l’on travaille autrement ».

On les trouve dans des classements (Great places to work, Baromètre Accor, Top Employers, Prix Ashoka …)

Elles s’inscrivent dans des traditions sociales: entreprises sociales, coopératives, mutuelles : (Banques populaires , Chèques Déjeuner. Coopérative bancaire du Trento (Italie), Irisar (Mondragon–Espagne)

Elles se fondent sur des principes de développement durable : les Green tech (les entreprises vertes,), les entreprises à visage humain, les entreprises citoyennes, les entreprises éthiques et solidaires : (Give Something Back, Nature et Découverte, Paprec…)

Il peut s’agir de méta-organisations ou entreprises virtuelles organisées en réseau mondial, de réseaux sociaux collaboratifs, centrales virtuelles, de blogs multi-auteurs (HRM-today), d’entreprises projets (culturelles-agrégation provisoire), de structures de type syndicale (FTQ), de clusters (Silicon sentier), d’entreprises internet (social-banking, peer to peer Money, Friendsclear, Kiva, Prosper), de« social capitalists » (Witness, Civic Venture…)

Elles ont créé une culture puissante « révolutionnaire », pionnières et modèles dans leur domaine

Elles se trouvent aussi dans des groupes industriels qui développent des valeurs autour du « travailler autrement » « du bien être dans l’entreprise »
Ces structures reposent sur des regroupements de capital social, de partage de compétences…

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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