Plus de 90 % des jeunes naviguent sur Internet et sont propriétaires d’un téléphone mobile. Un rapport du sénat met en évidence les bienfaits de ces nouveaux médias.

La révolution numérique est en marche et les jeunes en sont le fer de lance. 60 % des jeunes de 12 à 17 ans sont ainsi des utilisateurs de la messagerie instantanée. La France est championne du monde du nombre de blogs adolescents. Plus d’un jeune sur trois a un blog. 70 % jouent sur l’ordinateur et plus de 90 % d’entre eux naviguent sur Internet et sont propriétaires d’un téléphone mobile. Plus impressionnant encore, 67,5 % des jeunes déclarent se servir de plusieurs médias en même temps !

« Une génération multimédias est donc née et bouleverse les rapports de la jeunesse au divertissement, à l’information et à l’enseignement » indique le rapport d’information que vient de publier David Assouline, au nom de la Commission des Affaires culturelles du Sénat. Après six mois de travaux, l’audition d’une cinquantaine de personnalités, les commentaires postés sur le blog de la mission et ses lectures ont permis à David Assouline, sénateur (Soc – Paris), de procéder à une analyse sereine du débat passionné sur l’impact des nouveaux médias sur la jeunesse, et de rendre un rapport adopté à l’unanimité par la commission des affaires culturelles.
L’analyse met en évidence les bienfaits de ces nouveaux médias. Ils permettent, en premier lieu, une libération de la parole de nombreux adolescents qui ont des difficultés à s’exprimer et à s’intégrer dans la vie réelle. Le rapport rappelle, à cet égard, qu’un adolescent sur quatre se suiciderait parce qu’il a du mal à assumer son homosexualité et, qu’à ce titre, tout lieu d’expression libre et anonyme est intéressant.

Ils sont un facteur de socialisation. Les sites de réseaux sociaux rencontrent ainsi un vif succès. Les jeunes immigrés ou de familles divorcées peuvent, quant à eux, grâce à Internet, communiquer avec les membres de leur famille dont ils sont éloignés ;

Ils sont aussi des catalyseurs de compétences. Une étude britannique a démontré que la pratique des jeux vidéo développe les capacités de concentration des enfants tant qu’ils ne sont pas utilisés de manière excessive. Ils développent aussi leur habileté motrice et leur faculté à apprendre par tâtonnement.

Ils permettraient également aux jeunes de renforcer leurs qualités de persévérance. Loin des maux que l’on a attribués à la télévision, qui entraînerait passivité et tendance au zapping, les nouveaux médias rendraient les jeunes actifs, habiles et exigeants. Ils sont aussi un vecteur culturel extraordinaire. Sans contester les torts réels que le téléchargement illégal fait au droit d’auteur, M. David Assouline souligne ainsi le fait que la musique n’a jamais été aussi accessible qu’avec les échanges de pair à pair. Les blogs ou certaines vidéos diffusées sur les sites de partage montrent également la vitalité de la création de la jeunesse française.

Ils ont enfin un intérêt pédagogique certain, en valorisant des compétences et des élèves qui ne sont pas nécessairement reconnus à l’école. Le développement des tableaux numériques est, par ailleurs, une piste intéressante afin de diminuer le poids du cartable. Néanmoins, dès lors que l’on reconnaît une influence à l’image et aux médias, il faut aussi admettre qu’ils peuvent nuire à l’équilibre de leurs jeunes utilisateurs.

Côté dangers. L’un des principaux risques de ces nouveaux médias, pointés par le rapport, est qu’ils entraînent un amaigrissement de la sphère de l’intime, notamment parce que les jeunes n’ont pas conscience de la publicité donnée aux informations qu’ils diffusent sur leurs blogs, sur les messageries instantanées et sur les sites de réseaux sociaux. L’éclatement médiatique laisse planer la menace de la désinformation, et la violence des images véhiculées a un impact réel sur leurs comportements.

Le rapport se conclut par 15 propositions :

 Définir juridiquement le statut des données personnelles mises en ligne sur les sites de réseaux sociaux, notamment en cas de désabonnement ;

 Réglementer l’usage de la « webcam » sur les messageries instantanées ;

 Renforcer les messages de prévention sur les plateformes de blogs et les sites
Communautaires ;

 Lancer une étude de grande ampleur relative à l’impact de la publicité sur la jeunesse ;

 Créer un organe de corégulation « enfance et médias » compétent pour assurer la
protection de l’enfance sur l’ensemble des médias ;

 Délivrer un label de qualité aux logiciels de contrôle parental ;

 Renforcer la coopération internationale sur la constitution des listes noires de sites
Interdits ;

 Conforter l’action du Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI) en stabilisant ses moyens ;

 Renforcer le rôle des professeurs documentalistes ;

 Mettre en place un module de 10 heures annuelles d’éducation aux médias en
quatrième et en seconde ;

 Utiliser les nouveaux médias de manière prioritaire comme support pédagogique dans les cours d’éducation civique ;

 Recentrer le B2i sur l’usage des nouveaux médias ;

 Renforcer les obligations des chaînes publiques en matière de programmation
d’émissions de décryptage des médias ;

 Imposer aux chaînes de télévision de préciser les sources de leurs images dans les journaux et magazines d’information- Instaurer une signalétique positive pour les programmes jeunesse ;