Au moment où nous rendions public, en 2003, notre manifeste « Le commerce équitable n’est pas une marchandise », tout débat semblait interdit et notre point de vue présenté comme entaché d’hérésie et porteur de divisions, au nom d’une orthodoxie établie par quelques ONG.

Le simple fait, à l’époque, de se présenter et de s’assumer comme « commerçant » était en soi suspect de déviance par ces mêmes ONG qui, par ailleurs, n’éprouvaient aucune difficulté à négocier avec la « grande distribution » et dans le même temps à recevoir des subventions publiques.

Aujourd’hui, il semble que le débat soit heureusement ouvert. Il s’est ouvert sur des contradictions qui ne peuvent plus être étouffées au nom d’une « unité » de façade. Il s’est ouvert, il y a plusieurs mois, de par la volonté et la persévérance dans leur travail des membres de l’association MINGA et d’autres organisations.

Notre contribution au débat n’est pas de rajouter un point de vue moral afin de nous prémunir de « déviances mercantiles qui pervertissent » la pureté originelle du « commerce équitable ». Cependant, il reste important de souligner que le fait de considérer le « commerce équitable » comme un secteur d’activité à part (qu’il conviendrait à tout prix de faire progresser en terme de marché) est en soit une perversion. Cela occulte la complexité des réalités économiques et le rôle moteur de cette exigence d’équité dans les modes et expérimentations d’échanges alternatifs, que ce soit en terme de flux de matières, de flux financiers, de flux d’informations ou de flux de services.

A défaut d’assumer leur point de vue, les tenants de l’écoulement en grandes surfaces n’ont plus d’autre argument que de, soit disant, servir les seuls intérêts des « petits producteurs du sud »… tout en les contraignant de fait au productivisme pour mieux répondre au modèle de développement consumériste dominant. Modèle duquel ils tirent quand même de substantiels revenus (en chiffre d’affaire ou en royalties…).

En exigeant l¹équité dans les échanges économiques, notre but est simplement de promouvoir des initiatives de citoyenneté économique. Deux questions nous préoccupent. En quoi l’exigence d’équité sert aujourd’hui à faire évoluer nos modes de production, de distribution et de consommation ? En quoi cette exigence dynamise des initiatives économiques permettant de construire une régulation démocratique des échanges commerciaux de façon que ni le vivant ni le travail ne soient réduits à des marchandises ?

février 2005

MINGA

Association pour le développement d’un commerce équitable

www.minga.net

minga.faire.ensemble@wanadoo.fr

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