Les sentiments sont partagés sur le sort de l’écologie dans le nouveau gouvernement. En positif, la qualité de la successeur(e) de Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet. En négatif, le démantèlement du superministère et le rattachement de l’énergie à Bercy.

Au printemps, Nicolas Sarkozy avait lâché au Salon de l’agriculture – le lieu n’était pas choisi par hasard – « l’environnement cela commence à bien faire ». A l’automne, cette déclaration revient à « la une » après la composition du gouvernement Fillon 2, annoncée le 14 novembre, les associations écologistes dénonçant le démantèlement du grand ministère animé par le plus fringant des ministres sortants, Jean-Louis Borloo.

La nouvelle ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, perd en effet des territoires d’action déterminants, l’Energie – désormais sous la tutelle du ministère de l’Economie (et sous la responsabilité d’Eric Besson, secrétaire d’Etat) – l’Aménagement du Territoire et la Mer (et ce quelques mois après le Grenelle de la Mer.) De plus, elle n’occupe que le 4 ème rang protocolaire au sein du gouvernement-Jean-Louis Borloo était en deuxième position- et ne dispose que de deux secrétaires d’Etat (contre 4 précédemment).

« L’ancien grand ministère de l’Ecologie est tout bonnement démantelé », s’est élevée Eva Joly, évoquant un « gouvernement du renoncement durable ». « Comment lutter contre les changements climatiques sans compétence sur l’énergie ? Comment lutter contre la dégradation de la biodiversité sans compétence sur l’aménagement du territoire ? Comment lutter pour une agriculture et une pêche socialement et écologiquement responsables sans compétences dans ces domaines ? ».

Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France s’inquiète que l’énergie redevienne « une variable d’ajustement de politiques productivistes ». Sortir du Nucléaire parle d’un cadeau à l’industrie nucléaire : « C’est déjà Noël pour Areva et EDF ». Quant à Nicolas Hulot, il craint que l’Energie ne devienne « simplement une politique industrielle ». Bruno Genty, président de FNE, estime qu’il faudra « beaucoup de courage » à Nathalie Kosciusko-Morizet, « dont les compétences environnementales sont certaines », pour veiller à l’application des engagements du Grenelle concernant l’énergie.

Là est aussi –et surtout-la question : quelle sera la capacité de la ministre de l’Ecologie à faire bouger les lignes et à commencer d’ailleurs à appliquer le Grenelle de l’environnement dont quelque deux cents décrets d’application sont encore attendus ? Personne ne remet en cause les compétences de NKM, qui revient deux ans après au Ministère de l’Ecologie avec un portefeuille à part entière. Mais certains estiment qu’il serait bien dans la logique machiavélique du chef de l’Etat que de confier à une écologiste l’abandon du grand élan écologique.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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