Au total, quelques 17 000 espèces animales, soit près de 38% sont menacées de disparition sur la planète.

Selon la « liste rouge » de l’Union mondiale pour la nature (UICN) qui surveille actuellement 44.838 espèces, cela représente un amphibien sur trois, un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit. 3.246 espèces se retrouvent dans la catégorie la plus critique.

La biodiversité de la mer

Elle est bien plus riche que celle de la terre. La faune et la flore marines ont en effet développé une grande variété de stratégies de survie qui leur procure des propriétés particulières. Mais elle reste mal connue.

Recenser la biodiversité des océans est l’objectif que se sont fixés 2000 chercheurs de 80 pays dans le cadre du projet CoML. 38 000 espèces marines ont déjà été décrites dans cette base de données. Et ce n’est pas fini. A l’issue du recensement, prévue pour 2010, le nombre d’espèces répertoriées pourrait atteindre un million. En attendant de nombreuses espèces sont menacées.

« Les espèces les plus couramment pêchées actuellement pourraient n’être plus qu’un souvenir en 2048, si la dégradation des milieux marins et la surpêche se poursuivent au même rythme effréné qu’actuellement ». Malgré le choc qu’il a suscité auprès du grand public, ce sinistre constat, établi en 2006 par une équipe de quinze océanographes et économistes de renom, (Erik Stokstad. « Global Loss of Biodiversity Harming Ocean Bounty ». Revue Science. November 2006), n’a pas étonné grand monde au sein des familiers de l’espace marin. Mais l’écho qui en a été fait a peut-être amorcé le début d’une prise de conscience auprès des grands publics.

Les chiffres parlent d’un pourcentage de 29 % d’espèces marines en train de s’effondrer. (On parle d’effondrement lorsqu’une espèce marine a vu ses quantités pêchées réduites d’au moins 90%, faute de renouvellement suffisant). La disparition d’une seule espèce déséquilibre l’ensemble de son écosystème, mettant en péril ses autres occupants qui sont interdépendants. Autant de stocks de poissons au bord du dépeuplement et parfois déjà éteints dans certaines zones

Au rythme où se jettent les filets, la survie de certaines espèces n’est pas assurée pour les prochaines décennies. Une espèce sur trois est menacée de disparition. On songe aux thons rouges, aux morues de Terre-Neuve, aux anchois du Pérou, aux mérous du Sénégal, aux empereurs, aux églefins, aux flétans, aux carrelets, aux lieus, aux merlus…la liste est longue. Autant de stocks de poissons au bord du dépeuplement et parfois déjà éteints dans certaines zones. Côté récifs coraliens, le bilan est inquiétant. Selon l’Initiative internationale pour les récifs coralliens, 15% des coraux risquent de disparaitre dans les 20 prochaines années, 54 % d’entre eux sont menacés.

Oiseaux

Sur les 9913 espèces d’oiseaux décrites au monde, 1186 d’entre elles, soit 12 % sont considérées comme menacées.

La raréfaction des espèces ne touche pas que les oiseaux rares. Même le moineau domestique montre des signes de régression, surtout dans les zones rurales. Selon l’UICN, la première cause de disparition des oiseaux est la perte et la dégradation des habitats (1008 sur les 1186 espèces menacées, soit 85 %).

Ensuite vient l’exploitation directe des espèces : chasse, mise en captivité (367 espèces, soit 31 %) et la prédation ou la compétition avec des espèces introduites directement ou indirectement par l’homme (chat, rat, porc, serpent). 298 espèces soit 25 % sont concernées par cette cause. Ces oiseaux sont menacés directement par la pression démographique de l’homme qui s’implante de plus en plus sur leurs territoires et par l’introduction volontaire ou involontaire de prédateurs.

Mammifères

22% des mammifères sont en danger d’extinction. Sur les 5.487 espèces recensées sur la planète, 1.141 sont gravement menacées.

Au cours des cinq derniers siècles, 76 mammifères se sont définitivement éteints. Mais certaines actions récentes montrent que la tendance pourrait être inversée, du moins pour certaines espèces : 5% des mammifères actuellement menacés montrent des signes de rétablissement à l’état sauvage, notamment suite à des efforts de réintroduction.

Forêts

La disparition progressive des forêts du globe, qui constituent le poumon de la planète, se poursuit, avec de lourdes conséquences sur le climat et sur la biodiversité.

Plus de 70 % des espèces de plantes, d’insectes, de reptiles et d’arbres de notre planète se trouvent dans les tropiques. En Guyane, par exemple, il y a 5 fois plus d’espèces d’arbres que dans toute l’Europe.

Cette déforestation dont 80% est illégale ajoute près de 2 milliards de tonnes de carbone à l’atmosphère chaque année. Cela représente 25 pour cent de toutes les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Les plus touchées sont les forêts tropicales qui constituent un véritable réservoir biologique encore à découvrir puisque sur les 10 à 20 millions d’espèces animales et végétales que compterait la terre, seules 1 million ont été aujourd’hui identifiées.

La destruction de l’Amazonie a augmenté de 228% en août, comparé au mois d’août 2007, selon un rapport de l’Institut national brésilien pour la recherche spatiale. Quelque 756 kilomètres carrés de forêt tropicale ont ainsi été rayés de la carte en août, contre 230 kilomètres carrés en août 2007.

Un des grands responsables du déboisement est le secteur des agrocarburants dont le développement est vorace en surfaces, au détriment du respect des écosystèmes. Au Brésil, les plantations de soja empiètent de plus en plus sur la forêt amazonienne. Entre 1985 et 2000 le développement des plantations de palmiers a été responsable de 87% de la déforestation en Malaisie. L’Indonésie, elle, a perdu 72% de sa surface forestière primaire.

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Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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ENVIRONNEMENT

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