1er juin, brainstorming géant sur le futur jardin rue du chalet (Paris Xè). Telle que libellé dans le petit journal du printemps de la démocratie, la proposition paraît excitante. Dix neuf heures et des poussières, deux agents de la ville gardent l’entrée de l’école élémentaire où se déroule la réunion.

A l’intérieur, dans une salle de classe donnant sur cour, quelques bancs sont regroupés autour de l’agent du service Parcs et Jardins de la ville venue expliquer ce que peut être un aménagement d’espace vert à Paris, pensé avec les habitants.

Ils sont venus à une vingtaine, pas franchement pour le brainstorming géant, mais motivés par le projet comme quand « on habite l’immeuble à côté », « qu’on a son enfant dans la crèche en face », « qu’on paie ses impôts locaux, madame », « qu’on redoute les jeux de ballon, bruyants », « qu’on veut savoir ce que la mairie compte faire avec l’immeuble squatté en face ».

La « Madame des jardins » a la main verte, et un don certain pour la psychologie. « La concertation commence tout juste, ce jardin de proximité, qui peut être un joli petit espace à vivre, ne devrait sortir de terre qu’en mai 2007, alors rêvons un peu ». Un participant se hasarde à parler « d’endroits pour s’asseoir par terre », un autre de verticalité « les murs aussi pourraient être mis au vert », un autre, encore, voudrait un espace « fouilli, sauvage, planté d’arbres fruitiers, pourquoi pas ? ».

« Madame espaces verts » acquiesce, puis développe des aspects ignorés du grand public : « un jardin partagé pourrait fleurir dans l’espace, avec un potager par exemple, entretenu par une association, visité par les écoles ou les crèches à proximité » . La suggestion ramène l’assemblée au réel, trop vite. « Qui gère quoi dans ce cas ? Comment ? Combien ça coûte ? Qui paie quoi ? Qui ferme le jardin le soir ? ».

Nous sommes le 1er juin 2005, deux ans avant l’ouverture programmée. Sur le mur de la cour d’en face, les animaux de la savane, dessinés par de petites mains, semblent s’interroger de loin sur ces humains trop cartésiens. Dans l’assistance, un conseiller de quartier, rompu à ce genre d’exercice, positive : « nous n’en sommes qu’aux prémisses, parlez-en autour de vous, dressez des listes de vos plantes préférées. Et revoyons nous lors d’un prochain atelier ».

Renseignements :

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