Depuis 4 mois, le général Divjak qui a organisé la défense de Sarajevo, ville assiégée entre 1992 et 1995 par les forces nationalistes serbes, était retenu à Vienne.

Jovan Divjak, âgé de 74 ans, avait été interpellé le 3 mars à l’aéroport de Vienne et placé sous écrou extraditionnel, assigné à résidence dans la capitale autrichienne.

La raison de son arrestation: une demande d’extradition formulée par la Serbie. Alors que le général Divjak s’est illustré en combattant les criminels de guerre comme Karadzic et Mladic, inculpés par le Tribunal Pénal International de La Haye, il s’est trouvé sous le coup de l’accusation du gouvernement de Belgrade pour crime de guerre.

Pendant 4 mois, face à l’injustice de cette décision, de nombreux citoyens et associations humanitaires ont demandé qu’il soit libre de ses mouvements et qu’il puisse rentrer en Bosnie.

Finalement, la demande d’extradition serbe visant l’ex-général bosnien d’origine serbe Jovan Divjak, soupçonné de crime de guerre, a été rejetée, a annoncé à l’AFP une porte-parole du Tribunal de Korneuburg, près de Vienne, Christa Zemanek. Cette demande a été jugée irrecevable, a déclaré la porte-parole, précisant toutefois que cette décision est susceptible d’appel sous deux semaines.

Le Tribunal autrichien a invoqué dans un communiqué des considérations relatives aux droits de l’Homme pour justifier sa décision, notamment le risque que Jovan Divjak ne bénéficie pas d’un procès équitable. Les magistrats autrichiens ont également relevé que le Parquet du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), créé en 1993 et dont le siège est à La Haye, avait estimé qu’il n’y avait pas de charges suffisantes pour poursuivre l’ancien général.

Jovan Divjak est soupçonné par la justice serbe d’avoir été impliqué dans une attaque, au début de la guerre inter-communautaire de Bosnie (1992-95), contre une colonne de l’ex-armée yougoslave (JNA) se retirant de la ville. Cette attaque avait fait 18 morts, selon le Parquet serbe, et six, selon Sarajevo.

Cette forfaiture atteignant la dignité d’un homme de paix a révolté l’opinion et un mouvement spontané s’est organisé pour exiger sa libération afin que Jovan Divjak puisse prouver son innocence face à ses détracteurs. Des démarches ont été accomplies auprès de la Commission européenne, afin qu’elle impose la libération de Jovan Divjak comme une condition de l’entrée de la Serbie dans l’UE.

Des lettres ont ainsi été envoyées par des personnalités européennes de toute sensibilité au Parlement Européen, aux institutions communautaires et au gouvernement autrichien pour élargir le soutien à Jovan à tous les démocrates de tous les pays d’Europe pour en finir avec cette forfaiture et obtenir la libération totale de Jovan Divjak.

Cette action en faveur de la vérité, de la justice et de l’avenir de la démocratie a payé. La justice autrichienne a, vendredi 29 juillet, rendu son passeport à Jovan Divjak, lavé de tout soupçon.

Tous les démocrates européens se réjouissent de cette décision de la justice autrichienne.

Jovan Divjak entend bien poursuivre son œuvre pour que « l’éducation reconstruise la Bosnie-Herzégovine », et pour que le travail de mémoire, de justice et de vérité permette d’aller vers la réconciliation des peuples des Balkans occidentaux et vers la démocratie dans cette région de notre Europe.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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