Le Premier Ministre canadien Justin Trudeau l’a annoncé le 9 mai 2016: le Canada accueillera les Etats donateurs du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme le 16 septembre prochain à Montréal, au Québec, pour qu’ils annoncent le montant de leur contribution financière pour les années 2017-2019. Le Canada, lui, a d’ores et déjà annoncé une contribution au Fonds mondial en hausse de 20% sur cette période.

Coalition PLUS, AIDES et la COCQ-SIDA saluent cet engagement exemplaire du Canada, qui restera cependant insuffisant si les autres Etats donateurs, en particulier la France, ne suivent pas cet exemple.

Augmenter la contribution au Fonds mondial pour mettre fin au sida

Le Fonds mondial est le principal financeur de traitements et de prévention contre le sida, mais aussi la tuberculose et le paludisme dans les pays en développement. Depuis sa création en 2002, le Fonds Mondial a sauvé 17 millions de vies et a permis à près de 9 millions de personnes vivant avec le VIH d’accéder à un traitement anti-rétroviral. Mais il reste tragiquement sous financé.

Malgré des avancées notables vers l’éradication du VIH, moins de la moitié des malades bénéficient aujourd’hui d’un traitement. Chaque mois, le sida continue de tuer 100 000 personnes et d’en infecter 160 000 autres.

L’an dernier, la communauté internationale s’est engagée à mettre fin au sida d’ici à 2030. La première étape sera, d’ici à 2020, d’arriver à dépister 90% des personnes vivant avec le VIH, à mettre 90% des personnes dépistées sous traitement, et à rendre le virus indétectable chez 90% des personnes traitées – ce qui leur permet de ne plus transmettre le VIH.

« Bien sûr, l’augmentation annoncée par Justin Trudeau ne suffira pas à couvrir tous les besoins contre le sida au Canada et dans le monde. Mais nous sommes heureux que le gouvernement canadien prenne la tête de la mobilisation des donateurs auprès du Fonds mondial, et nous espérons que ce ne sera qu’un début » explique Ken Monteith, directeur général de la COCQ-SIDA.

François Hollande suivra-t-il l’exemple de Justin Trudeau ?

L’ONU a calculé qu’il manquait 7 milliards de dollars par an pour en finir avec le sida d’ici à 2030. Mais sans ces investissements supplémentaires, les progrès réalisés en 30 ans de lutte seront menacés, le sida regagnera du terrain et les nouvelles infections à VIH et les décès liés au sida repartiront à la hausse. C’est donc maintenant ou jamais qu’il faut se mobiliser. Tous les pays donateurs doivent faire un effort.

Dans une tribune publiée dans le Lancet la semaine dernière, le Président français Hollande s’est targué d’avoir placé la France aux avant-postes de la santé mondiale et de la lutte contre les grandes pandémies. « Pour faire reculer ces fléaux, il faut une volonté politique qui s’affirme dans la durée » a-t-il même affirmé. Qu’attend-il alors pour faire preuve de volontarisme politique en augmentant la contribution française, comme l’avait fait le Président français Sarkozy en 2010 ?

Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS, a déclaré : « En accueillant la conférence de reconstitution du Fonds mondial et en augmentant de 20% sa contribution au Fonds, Justin Trudeau confirme que la lutte contre les pandémies reste une de ses priorités. Nous appelons François Hollande à suivre son exemple, en augmentant à son tour la contribution de la France au Fonds mondial, pour débarrasser la planète du sida et des pandémies. ».

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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