Chronique de Pierre Le Roy

La France va-t-elle mieux ? La question anime en permanence les débats en cette période pré-électorale où les candidats se lancent des chiffres à la figure, chacun des deux camps « classiques » de l’échiquier politique-gauche et droite (l’extrême droite renvoyant dos à dos les deux derniers titulaires de la fonction présidentielle) faisant porter sur l’autre la dégradation de la situation économico-sociale dans toutes ses illustrations (emploi, sécurité, pauvreté, éducation…). La réponse ordinaire revient à consulter ponctuellement les indicateurs publiés régulièrement par les organismes officiels –INSEE, OCDE, FMI…. Plus globale et plus proche de la réalité du terrain humain s’avère une analyse reprenant plusieurs indicateurs quantitatifs et qualitatifs. C’est l’ambition de l’indice du bonheur mondial (BNB)-publié par Globeco- que j’ai confectionné en 2000 dans la foulée de deux initiatives marquantes : la création en 1972 par le Roi du Bhoutan de l’indice du bonheur national brut (BNB) suivie en 1990 par l’ONU avec l’indicateur du développement humain (IDH).

Calculé sur la base de dix indicateurs, l’indice du BNB à la Française s’est ainsi amélioré de 11 % entre 2000 et 2014. Cette amélioration est due en particulier à l’amélioration du PIB par tête : sans cet élément, la progression de l’indice n’est que de 5 %. Notons que le BNB a progressé 6 fois moins vite que le PIB.
Certes, le PIB n’est pas tout, mais on peut penser que sa croissance reste une condition de l’amélioration des autres indicateurs.

Sur les 10 indicateurs, 8, dont le PIB par tête, sont positifs en 2014 par rapport à 2000 (un score supérieur à 100 traduit une amélioration de la situation).

les émissions de CO2 par habitant diminuent (indice 117,72 contre 100 en 2000);

les différences de salaires entre hommes et femmes diminuent également, mais très lentement (indice 104,49);
– le taux d’emploi s’améliore, mais faiblement à cause de l’augmentation du chômage (indice 103,42);

l’espérance de vie à la naissance continue à augmenter, lentement mais sûrement (indice 207,60, avec un coefficient 2 );

le taux de R&D augmente à peine (indice 101,36): à quoi sert la politique fiscale dans ce domaine (crédit impôts-recherche) ?

Le taux d’accès à l’enseignement supérieur mesuré par l’UNESCO s’améliore nettement (indice 118,52).

Deux indicateurs sont négatifs : la participation aux élections (indice 97,42) et le taux de pauvreté (indice 96,32). Il sera intéressant de scruter l’évolution de l’indicateur relatif aux élections de cette année après les scrutins des présidentielles et des législatives.

Voici les indicateurs, avec la source utilisée et l’année concernée (dernière année statistiquement connue):

o Emissions de CO2 par habitant (Banque mondiale, 2013)

o Taux de participation au premier tour des élections présidentielles, législatives, municipales et aux élections européennes (Ministère français de l’intérieur, 2014)

o Différence de salaire entre les hommes et les femmes (INSEE, 2014)

o RNB-PPA par tête (Banque mondiale WDI, 2014). Le calcul en parité de pouvoir d’achat (PPA) permet de tenir compte du coût de la vie dans chaque pays.

o Taux de pauvreté monétaire (INSEE et observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale, 2014)

o Taux d’emploi (OCDE, 2014)

o Espérance de vie à la naissance (Banque mondiale WDI, 2014) – coefficient 2

o Taux de Recherche développement par rapport au PIB (Banque mondiale, WDI, 2013)

o Formation (UNESCO, 2014) ; il s’agit de l’indicateur relatif au taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur

Pour en savoir plus sur cette analyse contacter pleroy.globeco@gmail.com