Selon une étude Mazars et le Comité ONU Femmes France « Bienvenue sur la planète Femmes »*, 51% des femmes interrogées estiment que le cadre légal n’est pas suffisant dans leur pays pour assurer l’égalité Femmes-Hommes, toutes générations confondues. 46% des femmes interrogées notent que l’éducation des filles a évolué favorablement.

Le XXe siècle a été, dans de nombreux pays, le siècle de l’émancipation des femmes : acquisition du droit de vote, indépendance financière, accès à l’éducation et au monde du travail, liberté de mouvement, etc. Alors qu’en quelques décennies leur statut a considérablement évolué, nous avons souhaité interroger des femmes que tout différencie (âge, origine, culture) sur l’évolution de leurs droits. Car, s’il est aujourd’hui reconnu que les femmes représentent la richesse de demain, il est temps de comprendre ce qu’elles vivent, ce qu’elles dénoncent et ce à quoi elles aspirent.

Comment ces femmes évaluent le niveau d’égalité Femmes-Hommes dans leur pays : les femmes en Amérique Latine ont-elles les mêmes droits que les femmes en Amérique du Nord ? Comment les femmes perçoivent-elles leur rôle dans la société : la double – voire triple – journée d’une femme est-elle vraiment un progrès à ses yeux ? Les rêves des femmes sont-ils les mêmes d’une région à l’autre ? Les revendications des femmes au Moyen-Orient sont-elles si différentes de celles des Européennes ?

« La visibilité des femmes dans la société, la diffusion de nouveaux moyens de communication et l’ascension d’une génération toujours plus connectée remettent en perspective nos schémas sociétaux » explique Muriel de Saint-Sauveur, Directrice de la diversité du Groupe MAZARS, « Alors qu’il est aujourd’hui de notoriété publique que la participation des femmes au marché du travail représente le développement économique de demain, il est temps de découvrir ce qu’elles vivent, ce qu’elles dénoncent et ce dont elles rêvent ! » ajoute-t-elle.

Des progres significatifs en matière d’égalité des genres…

Interroger des femmes de plus de 100 nationalités différentes a permis de constater que les progrès rendus possible par l’appareil législatif, ont apporté aux femmes des libertés attendues (recevoir une éducation, pouvoir travailler et choisir son métier, gérer ses finances, conduire et voyager). Autre résultat largement positif : les femmes – à de rares exceptions près – ne constatent pas de régressions de leurs conditions, seulement des progrès.

… Mais les inégalités entre femmes et hommes demeurent

Si la possibilité de choisir son métier semble désormais acquise pour 79% des femmes interrogées, les inégalités résident autre part : plus de la moitié déclare s’être déjà sentie victime de discrimination par rapport à un homme, et pense que leur ascension professionnelle n’est pas identique à celle de leurs homologues masculins. Plus inquiétant encore : 63% considèrent la maternité comme un frein à leur carrière professionnelle. La sphère professionnelle est donc toujours vécue comme un lieu discriminant. Mais au-delà du travail, ces femmes que tout sépare – âge, origine, métier – déplorent les mêmes choses : stress lié à un emploi du temps surchargé, harcèlement dans la rue, hyper-sexualisation de l’image de la femme, étiolement des liens sociaux. 52% des femmes de la génération X estiment qu’elles ne gagnent pas autant que leurs homologues masculins alors que seules 33% des femmes de la génération Y ont cette perception. « Si les droits des femmes ont fait des avancées considérables en peu de temps – à l’échelle des sociétés – les filles et les femmes n’ont pas réellement le pouvoir de saisir toutes les opportunités de valoriser leur potentiel et de faire leur propres choix. Ce défi demeure partout. » souligne Miren Bengoa, Présidente du Comité ONU Femmes France

Un équilibre vie personnelle – vie professionnelle difficile à trouver

La double, voire triple journée que vivent la majorité des femmes est unanimement vécue comme une grande source de stress et de frustrations, si bien que beaucoup en arrivent à la conclusion qu’il faut faire un choix. Elles sont aussi nombreuses à déplorer le déclin des solidarités familiales, voire plus généralement d’une cohésion sociale, qui laisse les femmes assumer toutes les tâches dans un climat économique plus que tendu… La difficile gestion de ce quotidien est aussi vécue comme la source d’un sentiment de culpabilité.
76% des femmes interrogées attendent avant tout que leur partenaire les soutienne dans la gestion du quotidien et fasse preuve d’une plus grande implication. Elles comptent aussi beaucoup sur leur employeur, et notamment en Europe, Asie-Pacifique et Amérique Latine, où il est cité en 2ème position. Il se voit donc accorder un rôle nouveau pour assurer un meilleur équilibre de vie à ses collaborateurs. Pour ces femmes, concilier vie professionnelle et vie personnelle est donc possible à condition que l’engagement collectif autour d’elles soit réel (partenaire et employeur).

Des femmes unies dans un même dessein: atteindre l’égalité femmes-hommes
51% des femmes interrogées estiment que ces avancées ne sont pas suffisantes, et notamment en Amérique Latine, en Afrique et au Moyen-Orient. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que 72% d’entre elles considèrent le féminisme comme toujours d’actualité.
Si les revendications peuvent changer d’une région à l’autre – les femmes en Amérique Latine défendent avant tout le droit d’avorter (75% déclarent ne pas y avoir accès) alors que les femmes au Moyen-Orient aimeraient pouvoir s’exprimer librement – elles sont unanimes sur le chemin à prendre pour faire progresser l’égalité Femmes-Hommes. L’éducation (72%) et le travail (46%) sont désignés comme les principaux vecteurs d’une plus grande indépendance et autonomie des femmes à l’échelle internationale. 77% pensent que les générations futures connaîtront des avancées en faveur de la cause des femmes.

  • Zoom sur les femmes de pays du monde arabe: entre traditions et émancipation

Les femmes des pays du monde arabe interrogées jugent les avancées qu’elles ont connues encore insuffisantes. En effet, de nombreux droits ne restent accessibles qu’à une minorité et notamment ceux liés à la maîtrise du corps. Cependant, les réalités sont contrastées d’un pays à un autre : si 85% des Tunisiennes déclarent pouvoir divorcer, seulement 12% d’Irakiennes disent pouvoir en faire de même. Par ailleurs, les Millennials (génération Y) évaluent plus sévèrement la situation de l’égalité Femmes-Hommes que leurs aînées : plus de la moitié d’entre elles dénoncent un cadre législatif insuffisant et déclarent avoir moins accès que les femmes de la génération X à certains droits (contraception, avortement, disposer librement de son corps, voyager seule).

Les femmes, toutes générations confondues, racontent des relations crispées avec les hommes et une difficulté à agir sans l’accord des hommes, qu’ils soient leur père, leur mari ou leur frère. Aussi, la plupart des femmes interrogées parlent d’émancipation et de leur envie de faire des choses seules. Certaines remarquent également un désengagement des hommes vis-à-vis de leurs responsabilités traditionnelles, suggérant un malaise face à la prise d’autonomie des femmes. Pour plus de la moitié d’entre elles, la liberté d’expression est vécue comme le combat le plus prioritaire à mener. Elles racontent leur besoin de s’affranchir des traditions et leur envie de rébellion. Pour elles, le féminisme est un réel combat, mais elles restent globalement confiantes (63%) quant aux progrès que connaîtront les générations futures.

NOTES
Trois générations: trois définitions du féminisme

La génération W : le féminisme pour bousculer les règles établies

C’est une génération pour qui, et particulièrement en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, le féminisme s’entend comme un combat et un sujet toujours d’actualité. Dans les pays occidentaux, ces femmes se sont battues pour obtenir leur indépendance et notamment financière, ainsi que la liberté de disposer de leur corps – via la contra- ception et l’avortement. Incarnant les rôles modèles pour les générations suivantes, cette génération pionnière a su s’infiltrer dans les sphères du pouvoir éminemment masculines pour s’y faire entendre et y défendre sa place et sa légitimité.

La génération X : un féminisme pragmatique pour un meilleur équilibre de vie

La génération X a bien hérité les libertés gagnées par ses aînées, mais a aussi reçu sa part de désillusions ; si bien que le féminisme prend la forme d’un mouvement à ses yeux. Largement active, elle est néanmoins confrontée à un monde professionnel encore trop souvent hostile à sa prise de pouvoir et se rend bien compte qu’elle continue à assumer quasi-exclusivement les tâches domestiques dans la sphère privée. Et le stress véhiculé par la difficile gestion de ce double-agenda semble être l’un des maux les plus communs à toutes ces femmes que nous avons interrogées.

La génération Y : un féminisme multi-facettes au service de la liberté d’expression

Les femmes de la génération Y – aussi appelées Millennials – donnent une définition multiple du féminisme – entre combat, mouvement et philosophie. Pourtant, leurs revendications font consensus : elles aspirent à accéder à tous les échelons du pouvoir, à être visibles et influentes, et défendent avec véhémence le respect du corps de la femme, tout en affirmant que le changement ne se fera pas sans les hommes. Car ces femmes veulent vivre leur féminité sans que la condition féminine ne soit assortie d’aucun assujettissement, elles prennent la parole pour dénoncer les inégalités dont elles restent victimes au quotidien. Rien d’étonnant alors pour une génération qui a grandi avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux que de défendre la liberté d’expression !

* Méthodologie

Menée en 2014, cette étude s’appuie sur la participation de 2382 femmes, issues des générations différentes W, X et Y et de 108 pays. (Génération W née entre 1945 et 1960 ; X née entre 1961 et 1980 ; Y née entre 1981 et 1995) ont été interrogées dans 108 pays. Ces réponses ont été obtenues grâce à un questionnaire quantitatif en ligne traduit en 4 langues et des entretiens « face to face » qualitatifs

*A propos de Mazars

Organisation internationale de services aux entreprises, d’audit et de conseil, Mazars est présent dans plus de 72 pays et puise sa force dans la diversité de ses 14 000 collaborateurs. À ce titre, et parce que Mazars pense fermement que sa réussite passe par l’intelligence collective de ses équipes, Mazars a choisi de s’interroger sur les thèmes de l’égalité Femmes-Hommes et sur les différences culturelles et générationnelles. Dans la lignée des précédentes enquêtes diversité de Mazars, « La révolution Y » et « Qu’en pensent les hommes ? », menées en 2012 et 2013, Mazars s’associe au Comité ONU Femmes France pour lancer, cette année encore, une nouvelle enquête internationale inédite : « Bienvenue sur la Planète Femmes ».

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

GENERATION, Le Magazine

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