Fermeture du Bureau du Jazz à Radio France venant après la fin du Centre d’Information du Jazz de l’IRMA. Les temps sont durs pour « la plus populaire des musiques savantes ».

L’été se passe bien pour le jazz. Les festivals affichent complet et la France mérite bien son titre de patrie de la « plus savante des musiques populaires ». Hélas, l’automne s’annonce morose pour la diffusion du jazz à la radio publique, si généreuse depuis un bon demi-siècle. Cette exception française risque bien d’être menacée, victime d’une « transversalité » musicale, tendance consistant à fondre musiques du monde, jazz et musiques actuelles.

Début juillet, le responsable du Bureau du Jazz de Radio France, Xavier Prévost apprenait en l’espace de quelques jours que son contrat –renouvelé depuis 1997-viendrait à son terme à la rentrée et que son émission « Le Bleu, la nuit » (2 heures chaque samedi soir) sur France Musique était également supprimée. Un mauvais coup porté à la programmation et à la diffusion du jazz, le Bureau du Jazz, crée en 1961, produisant à la Maison de la Radio des concerts auxquels participent une trentaine d’orchestres chaque année, concerts retransmis sur les antennes de la radio publique, et également sur le réseau des radios partenaires (UER en Europe, NHK au Japon, NPR aux USA). Ce qui participe largement au rayonnement de la scène hexagonale du jazz.

Le milieu du jazz n’est pas resté inerte et une lettre-pétition lancée par un prestigieux comité de musiciens dont les membres d’honneur sont Martial Solal et Francis Marmande, adressée aux autorités de Radio France et de l’Etat pour le maintien du Bureau du jazz de Radio France a déjà recueilli plus de quatre mille signatures (musiciens de toutes nationalités, organisateurs de festivals, patrons de clubs, responsables de maisons de disque…).
L’avenir du Bureau du Jazz à Radio France et plus généralement la place dédiée au jazz sur les antennes de la radio publique sont en jeu. Le nouveau directeur de la musique Jean-Pierre Rousseau-qui avait annoncé la fin de son contrat à Xavier Prévost-se défend et dénonce cette pétition «contre quelque chose qui n’a pas eu lieu et qui n’aura pas lieu. » Il affirme même avoir « complètement rassuré (la ministre de la Culture)» sur l’exposition des musiques de création et du jazz sur les antennes de la radio publique.
Les initiateurs de la pétition n’ont pas perdu confiance. Réponse à la fin du mois d’août avec la présentation de la grille de rentrée des émissions de la saison sur Radio France.

Reste que le jazz a déjà subi à la veille de l’été un premier choc avec la suppression par l’IRMA du Centre d’Information du Jazz, ainsi que des Centres d’Information du Rock et celui des Musiques Actuelles. Cette décision, justifiée pour des raisons financières, met fin à ce centre d’information et de conseil sur le jazz fondé il y a trente ans par le directeur de la musique au Ministère de la Culture, Maurice Fleuret. « Ce démantèlement témoigne, juge le pianiste Laurent de Wilde, de cette nouvelle et fort moderne étroitesse d’esprit ». « Je m’attriste d’assister au détricotage du maillage des politiques publiques en faveur de la musique patiemment élaboré depuis trente ans », commente, dans Jazz Magazine, Pascal Anquetil, animateur du CIJ depuis sa naissance.
Voici deux ans, le festival de Marciac, vitrine estivale du jazz, recevait Aurélie Filippetti et François Hollande. Un vent d’espoir soufflait alors sur la jazzosphère…

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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ART & CULTURE, Le Magazine

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