Les responsables politiques de gauche mettent l’accent sur la jeunesse dans leurs programmes pour les Présidentielles. Une stratégie qui correspond aux désirs des Français. Car selon une enquête exclusive Afev-Audirep-Fondation BNP Paribas, 95% des Français pensent que les enjeux liés à la jeunesse sont une priorité *

Trois quart des Français pensent qu’au travers de leurs comportements et de leurs actions dans la société, les jeunes ont plutôt une image positive. 73% des personnes interrogées dans l’enquête Afev-Audirep-Fondation BNP Paribas saluent leur courage, leur mérite et leur responsabilité individuelle.

Dans l’ensemble, les Français perçoivent plus positivement les jeunes qu’ils connaissent que ceux qu’ils ne connaissent pas. L’enquête 2011 montre aussi que 61% des Français ont une image négative des jeunes quand ils sont issus des quartiers populaires.

Il faut souligner que les deux premières éditions 2009 et 2010 de l’Observatoire de la jeunesse montraient une société fâchée avec sa jeunesse . La défiance envers la jeunesse était ainsi partagée par 51% de Français. La 1ère édition solidaire avait notamment mis en avant le décalage entre une jeunesse majoritairement perçue comme « individualiste » et « pas tolérante », et les nouvelles réalités de l’engagement solidaire.

Ouf, on est rassuré! Neuf Français sur dix souscrivent à l’affirmation « Les jeunes sont un atout pour la société » – 47 % sans aucune réserve. Seul hic : les jeunes eux-mêmes, âgés de 15 à 24 ans, sont les plus hésitants : ils ne sont que 37 % à la valider « tout à fait ». Un décalage qui souligne le relatif pessimisme des jeunes sur leur avenir et d’une confiance à retrouver.

77 % des sondés s’avèrent « tout à fait » (25 %) ou « plutôt d’accord » (52 %) avec l’idée que les jeunes « s’adaptent facilement » – un chiffre à mettre en relation avec les 81 % qui les estiment « créatifs et inventifs ». Ils sont moins nombreux, quoique majoritaires, à souscrire aux propositions selon lesquelles les jeunes seraient « lucides et réalistes » (60 %, dont 15 % « tout à fait d’accord), « se [prendraient] en main, [seraient] actifs » (59 %), « solidaires vis-à-vis des autres, à l’écoute des autres » (56 %) et « investis dans la vie sociale ou locale » (53 %).

Les jeunes sont-ils lucides et réalistes? Les moins de 35 ans sont réservés dans leurs réponses – seuls 54 % des 15-24 ans et 52 % des 25-34 se déclarent « plutôt » ou « tout à fait d’accord » -. Leurs aînés, âgés de 50 à 64 ans, valident l’affirmation à 69 %.

Sur la question de l’investissement social ou local des jeunes, les personnes sondées sont 51 % à reprocher aux jeunes d’être apathiques. Cette question divise également la banlieue parisienne. En effet, 40 % des résidents de banlieue défavorisées y souscrivent, contre 60 % en banlieue aisée.

54% des Français pensent que les jeunes sont responsables dans leurs comportements. Mais 63% pensent qu’ils ne sont pas respectueux des règles
Enfin, pour 85% des gens interrogés, les inégalités sociales se sont creusées ces dernières années entre les jeunes. 84 % des sondés estiment que les jeunes ne disposent par tous des mêmes chances de réussir socialement. C’est considérable.

Ils pensent aussi à 80% que les jeunes sont inégaux face à leur capacité à s’insérer professionnellement. Les Français sont encore trois sur quatre à constater que ces inégalités s’appliquent également à la capacité des jeunes à être autonome financièrement,

76 % pensent qu’ils sont inégaux face à leur capacité à s’adapter scolairement
La réussite des jeunes dépend de leur efforts pour surmonter les difficultés estiment 88 % des sondés. Mais 64% jugent que c’est aussi le lieu d’habitation qui est le déterminant de la réussite
des jeunes

Invitée à commenter ce sondage, Cecile Van de Velde, sociologue spécialisée sur les questions de génération, constate que la place de la jeunesse dans le débat public, la France apparaît plus proche du Japon, que de ses voisins européens ou scandinaves. La situation y est comparable, avec une jeunesse oubliée dans une société qui vieillit de plus en plus, victime d’un regard méfiant et d’une résignation collective face à l’idée de « génération sacrifiée ». L’insertion professionnelle y est également difficile, le pessimisme profond et le stress à l’école généralisé.

*Observatoire de la jeunesse solidaire 2011. Etude réalisée du 19 au 25 janvier 2011, par téléphone, sur système CATI (Computer Assisted Telephone Interviews) auprès d’un échantillon national de 1 000 individus, représentatifs de la population française, âgés de 15 ans et plus.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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