Un peu plus de 40 % des ouvriers partent en congés chaque année, contre 80 % des cadres supérieurs…

Le taux de départ en vacances a légèrement augmenté du milieu des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990. Depuis, il s’est sensiblement réduit, passant de 66 à 54 %, selon les données du Crédoc Chaque année, une vingtaine de millions de personnes ne partent pas.

Pourquoi on ne part pas?

La moitié des personnes qui ne sont pas parties sont restées chez elles car elles n’avaient pas les moyens financiers de faire autrement. Il faut dire qu’une semaine de location équivaut souvent à un demi-Smic… D’autres ne partent pas pour des raisons de santé (14 %), familiales (10 %) ou professionnelles (10 %). Moins d’une personne sur dix n’est pas partie par choix.

Presque tous les cadres supérieurs partent en congés contre un peu plus de 40 % des ouvriers. Malheureusement, les données 2009 ne sont pas comparables avec les précédentes. Sur une longue période, le taux se maintient à un niveau élevé pour les cadres supérieurs et il stagne pour les couches moyennes et populaires.

Le niveau des revenus détermine en grande partie le fait de partir en vacances ou non : seuls 37 % des foyers aux revenus inférieurs à 900 euros mensuels sont partis en 2009, contre 80 % de ceux qui disposent de plus de 3 100 euros. De fait, un « budget vacances » pour une famille peut représenter plusieurs milliers d’euros : impossible pour la majorité des bas salaires.

Des inégalités qui se creusent

Depuis la fin des années 1990, les écarts se creusent selon les niveaux de vie. Parmi les couches aisées, on a assisté à une baisse de 13 points entre 1998 et 2001, mais sur l’ensemble de la période le taux de départ reste de l’ordre de 80 %. Pour les familles modestes le taux baisse et ne remonte pas ensuite : il a perdu 14 points entre 1998 et 2009, de 46 à 32 %.

Ceux qui partent plusieurs fois

Partir est une chose, mais les vrais privilégiés sont ceux qui peuvent le faire plusieurs fois par an. C’est le cas pour 22 % de la population. Les cadres sont 43 % à être dans ce cas, mais les ouvriers quatre fois moins nombreux. Pouvoir s’offrir des congés hors de l’été reste un luxe pour la grande majorité.

Part de ceux qui partent plusieurs fois

 Indépendants 18

 Cadres supérieurs 43

 Professions intermédiaires 34

 Employés 17

 Ouvriers 10

Source : Crédoc. Année des données : 2009
Qu’est-ce que partir en vacances ?
Les données présentées ici considèrent que l’on part en vacances quand on part pour au moins quatre nuits consécutives hors de chez soi pour des raisons non-professionnelles. Du coup on englobe dans le même mot des congés très différents : une semaine à la campagne vaut autant que quatre semaines aux Seychelles…

En savoir plus : « Les vacances 2004 », Insee résultat n°86, coll. Société, Insee, octobre 2008. Lire en ligne. « Avec la crise, la recherche de vacances économes se développe », Rapport du Crédoc n°262, mars 2010 (lire en ligne).

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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CITOYENNETE, ETUDE, Le Magazine

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