16,2 %: tel est l’écart moyen des rémunérations horaires entre les hommes et les femmes dans l’UE, selon les derniers chiffres publiés le 28 février 2013 par la Commission européenne.

La journée européenne de l’égalité salariale, organisée le 28 février a mis en lumière, à l’échelle de l’Union, le nombre de jours supplémentaires que les femmes devraient travailler pour gagner un montant équivalant au salaire perçu par les homes. Cet écart est actuellement de 59 jours.

Pour Viviane Reding, vice-présidente de la Commission et commissaire responsable de la Justice, «cette journée de l’égalité salariale nous rappelle que les femmes sont toujours confrontées à des différences de rémunération sur le marché du travail. L’écart salarial a diminué ces dernières années, mais il n’y a pas lieu de se réjouir. Cet écart reste substantiel et sa contraction est plus le résultat d’une diminution des rémunérations des hommes que d’un accroissement des salaires des femmes”.

Les chiffres les plus récents montrent qu’en 2010, l’écart salarial entre hommes et femmes atteignait en moyenne 16,2 % dans l’Union européenne. Ils confirment une légère tendance à la baisse observée ces dernières années, puisque ce chiffre avoisinait voire dépassait les 17 %.

“Le principe de l’égalité des rémunérations entre les travailleurs masculins et les travailleurs féminins pour un même travail est inscrit dans les traités européens depuis 1957, precise Viviane Redding. Il est grand temps de l’appliquer partout. Travaillons ensemble pour arriver à des résultats, non seulement lors des journées de l’égalité salariale mais bien 365 jours par an!»
Afin de réduire cet écart, Bruxelles a mis en avant une série de bonnes pratiques engagées par des entreprises en vue de corriger le problème en Europe.

Cette tendance à la contraction de l’écart salarial peut s’expliquer par l’incidence de la crise économique sur différents secteurs, les secteurs employant davantage d’hommes (comme la construction ou le génie civil) ayant généralement enregistré des réductions de salaires plus marquées. D’une manière générale, l’évolution n’est donc pas liée à une amélioration des conditions de travail et de rémunération des femmes. Par ailleurs, il apparaît que la proportion d’hommes occupant un emploi à temps partiel ou moins bien rémunéré a augmenté ces dernières années.

Afin de soutenir les employeurs dans leurs efforts visant à réduire l’écart salarial entre les hommes et les femmes, l’Europe soutient plusieurs initiatives. Exemple: le projet «Equality Pays Off» . Ce projet vise à sensibiliser davantage les entreprises à la problématique de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. Compte tenu des enjeux de l’évolution démographique et de l’augmentation des pénuries de compétences, l’initiative vise à donner aux entreprises un meilleur accès à la main-d’œuvre potentielle constituée de femmes. Il comporte des événements, des outils et des activités de formation destinés à aider les entreprises à réduire l’écart salarial. Il devrait par ailleurs contribuer à réaliser l’objectif de la Stratégie Europe 2020 qui consiste à relever le taux d’emploi jusqu’à 75 % et pour lequel une plus grande participation des femmes sur le marché du travail est essentielle.

Un forum des entreprises créé dans le cadre du projet “Equality Pays Off» réunira le 21 mars prochain à Bruxelles 150 entreprises de toute l’Europe et leur permettra d’échanger leurs expériences en ce qui concerne la promotion de l’égalité hommes-femmes, et notamment leurs efforts en vue d’éliminer les causes de l’écart salarial entre hommes et femmes.

 • L’entreprise allemande Axel Springer AG, du secteur des médias, a lancé le programme «Chancen:gleich!» (égalité des chances) en 2010 en vue de féminiser son personnel d’encadrement et d’atteindre l’objectif de 30 % dans un délai de 5 à 8 ans.

 • Kleemann Hellas SA, un fabricant grec d’ascenseurs, entend augmenter le nombre de femmes dans les services de vente et de support technique, en brisant les stéréotypes et en réduisant la ségrégation hommes-femmes. Le projet «Diversité et égalité hommes-femmes» a permis d’accroître la présence des femmes dans le département des ventes de 5 % en 2004 à 30 % en 2012.

 • Le projet «créer un environnement de travail favorable à la famille dans l’entreprise» de la société lituanienne de télécommunications Omnitel, vise à intégrer l’équilibre vie professionnelle-vie privée dans la culture de l’entreprise en offrant des possibilités de travail flexible au personnel. Ce projet a permis d’augmenter la proportion de femmes dans les postes d’encadrement.

 • Le projet «Conseil du leadership des femmes allemandes» d’IBM Allemagne vise à encourager les femmes à faire carrière dans le secteur informatique en organisant des parrainages personnels et sur internet pour les étudiantes. Ce projet offre également un système de parrainage pour les jeunes collègues qui entreprennent une carrière de cadre ou d’expert.

La Commission européenne élabore en ce moment un rapport sur l’application de la Directive 2006/54/CE sur l’égalité salariale. Ce rapport mettra l’accent en particulier sur l’application pratique des dispositions relatives à l’égalité salariale. Il comportera un aperçu de la jurisprudence de l’UE dans ce domaine. Il contiendra également des orientations non contraignantes sur des systèmes d’évaluation et de classification des postes non discriminatoires. Ce rapport devrait être adopté durant l’été 2013.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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ECONOMIE, ETUDE, GENERATION

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