Pour les Français et les chefs d’entreprise, la transition énergétique aura un impact positif sur l’économie. En effet, 83% des citoyens et 91% des dirigeants d’entreprise estiment que la transition énergétique aura un impact positif à long terme. Pour ces derniers, elle est un facteur potentiel d’innovation technologique (88%), de nouveaux marchés (78%), et d’attractivité pour les entreprises françaises (69%).

La Fondation européenne sur le climat, en relation avec le Conseil économique, social et environnemental, a confié à l’institut Harris Interactive la réalisation d’une enquête sur le thème de la transition énergétique en France. Cette vaste mesure de l’opinion, sans précédent, cerne la manière dont les citoyens et les dirigeants d’entreprise intègrent les enjeux de la transition et identifie les incitations et les freins au développement d’une politique nationale en la matière.

Une transition davantage perçue comme une opportunité qu’une menace économique

L’opinion entrevoit les potentiels effets positifs de la transition énergétique sur l’environnement mais aussi sur l’économie :

· 58% des citoyens et 54% des entrepreneurs estiment que la transition aura un impact positif sur l’emploi,

· Respectivement 53% et 50% sur la croissance,

· 85% des entrepreneurs anticipent un impact positif en termes de pollutions et risques environnementaux, 84% pour la préservation des ressources et 76% pour la lutte contre le réchauffement climatique.

A terme, ce sont 83% des citoyens et non moins de 91% des dirigeants d’entreprise qui estiment que la transition aura un impact positif, avec des bénéfices croissants dans le temps, puisque perçus comme positifs à hauteur respectivement de 49% et 72% à moyen terme, et 19% et 43% à court terme.

Par ailleurs, 39 % des dirigeants d’entreprise considèrent que leur entreprise a plus à gagner qu’à perdre dans la transition énergétique, quand 40 % pensent que cela n’aura pas d’incidence pour eux, alors que 18 % craignent d’avoir plus à y perdre qu’à y gagner (un taux qui monte à 36 % dans le secteur de la construction).

Une hausse à court terme des coûts de l’énergie à surmonter pour une baisse à long terme

Le souci principal soulevé par les personnes interrogées est celui du coût : plus de quatre dirigeants d’entreprise sur dix anticipent un impact plutôt négatif sur le coût de l’énergie (43%) et des produits et services (45%). L’action du gouvernement est donc attendue sur le plan des financements : 76% des entrepreneurs estiment que le manque de moyens financiers est leur principal obstacle pour agir, 68% d’entre eux souhaitant la mise en place d’aides publiques, de financements spécifiques ou d’exonérations de charge (68%).

De même, 78 % des citoyens pensent que l’énergie sera plus chère à court terme, proportion qui tombe à 33% lorsqu’il s’agit du long terme, 43% pensant qu’elle sera au final moins chère. Eux aussi attendent des incitations financières.

Une confiance limitée des Français dans l’action des pouvoirs publics

42% des citoyens français voient le manque de volonté des pouvoirs publics (Etat et collectivités locales) comme l’un des principaux freins de la transition énergétique. Seul un français sur quatre accorde sa confiance au gouvernement pour la mener, contre un sur deux aux collectivités locales et un sur trois (36%) à l’Union européenne.

La grande majorité des dirigeants d’entreprise estime que les entreprises françaises ont un rôle important à jouer (87 %, dont 38 % très important) mais moins décisif que les scientifiques (96 %, dont 63 %), le Gouvernement (90 %, dont 63 %) ou que l’Union Européenne (89 %, dont 63 %).

S’exprimant pour la Fondation européenne pour le climat, Stephen Boucher, directeur de programme, constate : « Quand le MEDEF déclare en préambule de sa contribution écrite au débat national concernant la transition énergétique que ‘Tout effort supplémentaire serait très coûteux pour notre pays’, ces sondages révèlent une opinion beaucoup plus positive et nuancée : les entrepreneurs voient dans leur quasi totalité la transition comme ‘urgente’, ‘bénéfique pour l’économie’, avec des retombées positives sur la compétitivité, l’innovation et l’attractivité des entreprises. Mais il y a un col à passer, que seule une action décisive et rapide de l’Etat peut faciliter par l’organisation de financements efficaces et vertueux. »

Pour sa part, le Conseil économique, social et environnemental se réjouit que nombre de préconisations exprimées dans ses avis sur la transition énergétique et l’efficacité énergétique coïncident avec les préoccupations des français exprimées dans ce sondage. Son Président Jean-Paul Delevoye remarque : « les enjeux environnementaux sont très bien intégrés mais je note la différence entre une perception positive et nécessaire de la transition énergétique sur le long terme et une forme d’inquiétude sur le court terme. Cela doit interpeller et renforcer les acteurs politiques, économiques, associatifs, par delà la diversité des points de vue et des intérêts de chacun, dans leur rôle d’accompagnement de ces mutations »

Enquêtes Harris Interactive réalisées en ligne du 16 au 24 avril pour le grand public sur un échantillon de 1000 individus représentatifs de la population françaises selon la méthode des quotas et du 12 avril au 07 mai 2013 pour les chefs d’entreprise sur un échantillon de 803 responsables d’entreprise selon la méthode des quotas.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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ENVIRONNEMENT, ETUDE

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