Elisabeth Dargent est une femme de conviction. Depuis une petite dizaine d’année, elle dirige l’entreprise d’insertion Main Forte, une société de transport de marchandises et de logistique implantée dans le Nord Pas de Calais.

Une femme aux commandes d’une entreprise sociale qui forme des personnes en situation d’exclusion au métier de chauffeur routier …un contexte qui balaye bien des idées reçues ! Pour Elisabeth Dargent, la situation n’a rien d’exceptionnel. « Je n’ai jamais eu affaire à des propos sexistes de la part des chauffeurs routiers » dixit l’intéressée qui précise même travailler dans un environnement plutôt féminin car la PME compte une douzaine de collaborateurs permanents dont 50% de femmes.

Former et insérer une quarantaine de futurs chauffeurs routiers : anciens demandeurs d’emplois, chômeurs longue durée, bénéficiaires de minima sociaux par an, telle est la vocation Main Forte. L’objectif est de redonner confiance à ces hommes aux situations et trajectoires de vie, complexes voire difficiles, en les aidant à redéfinir leur projet professionnel. Main-Forte est une passerelle. Le parcours proposé de 24 mois maximum permet aux chauffeurs de bénéficier d’une première expérience et de les responsabiliser, un critère indispensable avant d’intégrer une entreprise « classique ».

Pour les accompagner et les remettre sur le chemin de l’emploi, la PME délivre une formation spécifique adaptée à chaque personne avec l’obtention si nécessaire des permis poids lourds (C et EC). Selon les besoins, une remise à niveau scolaire et un accompagnement social et/ou psychologique leur sont proposés. Mais l’entreprise sociale va encore plus loin et n’hésite pas à s’équiper des technologies les plus modernes pour familiariser les salariés en insertion au maniement des outils numériques.

C’est dans ce contexte que Main Forte a investi dans un Système d’Informatique Embarquée (SIE). Cet ordinateur de bord permet aux chauffeurs de s’auto-former tout en améliorant la sécurité par l’apprentissage de l’éco-conduite. L’outil leur fournit des informations sur leur comportement au volant à partir de l’analyse de cinq critères : vitesse, tours/min, accélération, décélération et temps de moteur tournant à l’arrêt. Le conducteur est informé en temps réel par un signal, s’il freine ou accélère de façon trop brusque. Pour ces futurs professionnels, la maîtrise de cette technologie associée à l’éco conduite sont deux « pratiques » qu’il pourront valoriser dans le cadre de leur recherche d’emploi. Car cette conduite raisonnée qui génère une moindre consommation de carburant et une meilleure sécurité est de plus en plus demandée par les transporteurs et les donneurs d’ordre.

A ces avantages pédagogiques, s’ajoutent des bénéfices économiques pour l’entreprise (meilleure gestion du poste carburant) et écologiques (économies d’énergie et baisse des impacts C02). Ce dispositif permet également à Main Forte de respecter la charte « Objectif C02 » contractée auprès de l’Ademe en 2012. En signant cette charte l’entreprise s’est engagée à réduire ses émissions de 5% en trois ans à travers des plans d’action associés à des indicateurs de performance.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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