Les fortes pressions exercées sur les écosystèmes du Bassin méditerranéen menacent les fondements de son bien-être social et économique. C’est ce que le laboratoire d’idées international Global Footprint Network déclare dans une étude publiée au mois d’ octobre dernier.

Le rapport du Global Footprint Network, intitulé « Tendances de l’empreinte écologique méditerranéenne » indique un déficit écologique en progression constante. De 1961 à 2008, L’Empreinte écologique, outil de comptabilité des ressources créé par ce laboratoire international met en évidence que la population croissante ainsi que les tendances en matière de consommation ont multiplié par trois la demande régionale de ressources renouvelables et de services écologiques. Ainsi en 2008, l’empreinte écologique de la région a dépassée les actifs écologiques locaux disponibles de plus de 150%.

« L’accessibilité de la Méditerranée à des ressources et services écologiques essentielles à la survie est de plus en plus menacée, » indique Mathis Wackernagel, Président du Global Footprint Network. « Il est dans l’intérêt fondamental de chaque pays de combattre les déficits écologiques rapidement et de manière agressive. »

Tous les pays de la région méditerranéenne sont passés du statut de créditeur écologique à celui de débiteur, et sollicitent des ressources renouvelables de la Terre plus que ce qui est disponible localement. Les pays atteignent leurs déficits écologiques par le commerce et la surexploitation de leurs propres écosystèmes.

La portée considérable de ces déficits est considérable. Virtuellement chaque activité économique — et la vie elle-même — dépend de l’accès aux ressources et services écologiques. Et alors que l’empreinte écologique de l’humanité a augmenté, le monde entier s’est enfoncé plus profondément dans la surconsommation écologique. Avec des ressources devenant de plus en plus rare, la compétition pour ces ressources se renforce, et le risque de volatilité des coûts et de dérèglement de l’offre s’accroit

« Alors que les contraintes en matière de ressources se tendent au niveau mondial, les pays dépendants fortement des services écologiques d’autres nations risquent de se rendre compte que leur approvisionnement en matière de ressources devient instable et aléatoire, et cela a de profondes implications économiques » explique Mathis Wackernagel.

Parmi les conclusions de Global Footprint Network:
• La demande est supérieure à l’offre : en moins de 50 ans, la région méditerranéenne a presque triplée ses demandes en ressources et services écologiques, et a augmenté son déficit écologique de 230%
• Liens entre Richesse et Empreinte écologique: plus le revenu d’un pays est important, plus grande est sa demande en ressources et services écologiques (et plus sa consommation par habitant est élevée). Trois pays ont à eux-seuls contribués pour plus de 50% de l’empreinte écologique totale de la région en 2008 : la France (21%), l’Italie (18%) et l’Espagne (14%).
• Tendances des différents pays: l’Algérie a connu le plus grand changement dans la balance des biens écologiques nationaux, passant d’une grande réserve en 1961 à un large déficit écologique en 2008. La Syrie, la Tunisie et la Turquie sont également passées du statut de créditeur écologique à celui de débiteur pendant cette période, alors que les autres pays de la Méditerranée ont vu une aggravation de leurs déficits écologiques. Chypre a connu la plus grande augmentation de déficit, et la Jordanie la plus petite. Le Monténégro reste éventuellement le seul créditeur écologique de la région (les données pays du Monténégro sont incomplètes), mais sa réserve diminue.
• Les plus grands débiteurs de la région: en 2008, les 5 pays méditerranéens totalisant les plus grands déficits écologiques étaient l’Italie, l’Espagne, la France, la Turquie et l’Egypte.
• Une exception aux tendances régionales: le Portugal était le seul pays dans la région méditerranéenne à avoir diminué de façon significative son déficit écologique ces dernières années (une baisse de 18% par habitant entre 1998 et 2008). Mais le déficit du pays par habitant est toujours plus élevé que la moyenne régionale.
• L’offre et la demande de nos jours: en 2008, l’empreinte écologique totale de la région excédait la biocapacité locale — c’est-à-dire l’aptitude des écosystèmes à fournir des ressources et services utiles aux humains — par plus de 150%.


A propos du Global Footprint Network

Le Global Footprint Network est un laboratoire d’idées international travaillant sur la mesure la durabilité au moyen de l’Empreinte Ecologique, un outil de comptabilité qui mesure la quantité de ressources naturelles dont nous disposons, combien nous en utilisons, qui les consomme et lesquelles. Global Footprint Network coordonne la recherche, développe des standards méthodologiques et diffuse les données sur l’empreinte écologique et la bio-capacité de plus de 230 pays et de l’humanité dans son ensemble. En fournissant des rapports de ressources complets permettant de suivre l’offre et la demande des biens écologiques, Global Footprint Network fournit aux décideurs les données nécessaires pour réussir dans un monde subissant une aggravation des contraintes en matière de ressources.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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