Un exemple d’innovation pédagogique dont la France pourrait s’inspirer pour améliorer le système médical français au grand complet.

Alors qu’en France, la réforme des études de médecine se met en place petit à petit, la Faculté de médecine de l’Université de Montréal en est déjà à la réforme pédagogique où les patients deviennent de véritables partenaires, tant dans la formation des médecins et des professionnels de la santé que dans leurs propres soins ; un exemple d’innovation pédagogique dont la France pourrait s’inspirer pour améliorer le système médical français au grand complet.

La Faculté de médecine de l’Université de Montréal a entrepris un virage unique au Canada mais aussi en France pour faire en sorte que les patients deviennent de véritables partenaires, tant dans la formation des médecins et des professionnels de la santé que dans leurs propres soins.

Ce programme vise principalement l’adoption de nouvelles pratiques entre les patients, leurs proches, les intervenants du milieu de la santé et les étudiants en médecine et sciences de la santé de l’Université de Montréal*

Un changement de culture important

Depuis quelques années déjà, le besoin d’établir des pratiques collaboratives au sein des établissements de santé et de services sociaux se fait sentir. Le programme PPS entend d’ailleurs faire des avancées significatives dans le développement de pratiques de soins avec et pour le patient et ses proches. «Ce programme est la rencontre entre deux univers : celui des patients et celui du personnel soignant. Ces deux mondes sont intimement liés, mais ne parlent souvent pas la même langue » explique Vincent Dumez, directeur du bureau facultaire de l’expertise patient partenaire à l’UdeM.

Atteint lui-même de trois maladies chroniques, Vincent Dumez estime que les professionnels de la santé doivent revoir leur approche et que le patient doit acquérir des outils et des connaissances qui lui permettront de mieux comprendre son processus de soins. L’échange efficace entre le patient, ses proches et l’équipe de soin pourra ainsi conduire à la prise de décisions partagées sur le traitement approprié. « À plus ou moins long terme, nous sommes confiants que ce programme contribuera à hausser la qualité des soins, mais aussi l’efficacité globale des équipes médicales et des institutions de santé», a affirmé le Dr Rouleau, doyen de la Faculté de médecine.

Cette approche de « patient partenaire » devient aussi une priorité pour l’ensemble des centres hospitaliers affiliés à l’Université de Montréal, et est pertinente pour les autres facultés du domaine de la santé : sciences infirmières, médecine dentaire, pharmacie, kinésiologie et optométrie. Ce projet, qui est actuellement en phase d’implantation, a déjà permis la mise sur pied d’un comité de patients experts et l’organisation dans les prochaines semaines d’ateliers pratiques sur l’approche Patients Partenaires de Soins.

Trois projets porteurs

Le Programme Patients Partenaires de Soins s’appuie sur trois projets porteurs afin d’atteindre l’ensemble de ses objectifs.
Tout d’abord, celui-ci prévoit une contribution directe dans les programmes d’enseignement, et ce, à tous les niveaux. Cet apport se traduit entre autres par la participation aux réflexions sur l’évolution des programmes offerts aux professionnels de la santé et une contribution directe à l’élaboration de ceux-ci. Le premier cycle du programme de médecine de l’UdeM est actuellement soumis à l’une de ses plus importantes révisions depuis 1993 et prévoit l’inclusion d’importantes notions au sujet du patient partenaire de soins.

« Il est primordial dans notre cheminement académique que nous soyons formés pour bien communiquer avec les patients et comprendre leurs préoccupations. C’est à la base même du rôle du médecin » a ajouté Yvan Luangxay, président de l’Association des étudiants et étudiantes en médecine de l’Université de Montréal (AÉÉMUM).

La mise en place d’une chaire de recherche sur le virage « patients partenaires de soins » est également prévue et visera le développement de partenariats significatifs. Le dernier pilier de ce programme prévoit l’élaboration d’un cursus de formation pour les patients et de patients formateurs dans leur communauté ; ainsi que la création d’un campus pour les gens atteints de maladies chroniques et leurs proches. Les patients pourront même enrichir la recherche en y contribuant par leurs écrits et leurs observations.

« Puisqu’il émane d’un besoin exprimé à la fois par les professionnels de la santé et les patients, ce programme contribuera à une amélioration de l’expérience de chacun dans le système de santé », a conclu M. Dumez.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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