Plus grande manifestation au monde dédiée au jazz, le Festival de Montréal innove aussi dans la pratique écologique.

Fête de la « note bleue », cette note caractéristique du jazz, le Festival International de Jazz de Montréal s’affirme aussi comme une manifestation « verte ».

Une démarche écologique a été lancée voici maintenant vingt ans pour cette manifestation qui mérite bien son appellation de plus grand festival de jazz au monde. Ils sont en effet plus de 2,5 millions de visiteurs cette année, du 25 juin au 6 juillet, à s’être rendus dans le quartier des Spectacles de la cité québécoise, pour battre du pied ou taper dans les mains lors de 650 concerts dont 370 gratuits.

L’enjeu environnemental est d’importance pour les responsables du Festival.

Il prend tout d’abord une forme classique : maintenir le site en état de propreté permanente et recycler les déchets récupérés. Associé depuis 2002 à une société spécialisée, le consortium Echo-Logique, le Festival a mis en place pas moins de 165 poubelles, des « duos » avec des compartiments séparés pour les matières recyclables (plastique, papiers, cartons) et les déchets. Ils sont gérés par une équipe de 62 jeunes employés qui procèdent à leur vidage régulier et opèrent ensuite un premier tri avant la prise en charge par le consortium Echo-Logique en vue du recyclage.
Leur tâche est facilitée par la « privatisation » du site urbain du Festival : si l’accès est gratuit, à chaque entrée, des jeunes non seulement procèdent au contrôle des sacs mais s’assurent également qu’aucun visiteur n’introduise des bouteilles et canettes. La conscience écologique des festivaliers fait le reste, se félicite Sonia Pépin, directrice de la logistique du FIJM.
L’opération écologique menée à Montréal lors du festival s’enrichit chaque année. Après les planches et autres matériaux en bois utilisés pour les installations temporaires (scènes, stands…) la récupération a commencé à porter cette année sur les denrées alimentaires recueillies dans certains restaurants et destinées au compostage.

Carboneutralité

La récupération désormais massive de matières recyclables -30 tonnes de papier, 10 tonnes de carton, 4 tonnes de bois- se double d’une action contre les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Festival de jazz de Montréal affiche non seulement les géants du jazz –cette année Sonny Rollins, Dave Brubeck, Herbie Hancock…- mais aussi …sa carboneutralité. Avec l’assistance de Planetair, société de Montréal fournisseur de crédits de carbone certifiés, le FIJM a calculé ses émissions de GES : près de 2000 tonnes dont les ¾ proviennent du transport (surtout aérien) des artistes (3000 musiciens de 30 pays) et les « neutralisent » par des investissements écologiques. En 2009, les crédits de carbone, financés conjointement avec Rio Tinto Alcan, le deuxième sponsor du festival, ont été investis dans la construction de trois mini-centrales hydroélectriques en Chine dans la province de Hunan qui vont entraîner la réduction de plus de 84.000 tonnes d’équivalent Co2 sur une période de sept ans.

Comment faire mieux désormais dans cette démarche écologique ?

Le Festival International de Jazz de Montréal-un mammouth avec ses 25 millions d’euros de budget dont 1/3 couvert par les sponsors privés- pense naturellement à réduire la consommation (de matières) et l’émission (de GES) à la source. L’objectif trouve ses limites dans la nature même du festival, international par nature : le jazz est plus que jamais mondial et les artistes et visiteurs viennent aussi bien d’Europe que d’Amérique Latine.
Sur le site même, si le comportement des festivaliers se révèle réellement citoyen-comme nous avons pu le constater-, il n’est guère facile de diminuer la consommation. Ne serait-ce que pour une raison commerciale : les ventes de boissons et denrées alimentaires financent le festival. A l’entrée sur le site, les affiches le précisent sans détours : « Il est interdit d’entrer ou de sortir du site avec des boissons alcoolisées. Seuls les achats faits dans nos kiosques et restaurants officiels contribuent au financement de votre festival ». Avant de conclure sur un message citoyen… et de circonstance : « Partez sur une bonne note. Recyclez ».

Au sujet de Jean-Louis Lemarchand

Journaliste économique ayant effectué sa carrière dans la presse écrite (AFP, Les Echos, l’Express, La Tribune, La Revue de l’Energie) et la presse d’entreprise (Vivendi-Universal, Caisse d’Epargne), auteur (en collaboration) d’ouvrages sur l’énergie (Biocarburants ; 5 questions qui dérangent ; Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales, tous deux aux Editions Technip).

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