Abeilles, mouches, chauves-souris, coqs et cailles : ces animaux se révèlent précieux pour les recherches d’avenir en robotique, dans le spatial ou dans le domaine de la sécurité .

Non, nous ne verrons jamais de fourmis de 18 mètres parlant anglais français et javanais, comme le chante Prévert. Mais les mécanismes à l’œuvre dans ces comportements animaux inspirent nombre d’applications. L’approche animale permet de s’intéresser aux simples capacités de survie des animaux qui nous ont précédé » estime Jean-Arcady Meyer, directeur de l’AnimatLab du Lip6-CNRS.


Comment une toute petite bête comme une mouche ou une abeille, dont la cervelle est pas plus grosse qu’une tête d’épingle, arrive-t-elle à maîtriser son vol et à éviter de se crasher au sol ?

Cette question posée par des chercheurs du Laboratoire Mouvement et perception du CNRS, à Marseille est révélatrice du rôle majeur que peuvent jouer les insectes.

« Tout comme le pilote humain, l’insecte utilise sa vision pour se piloter dans les airs. Les signaux électriques issus de son œil à facettes excitent, par l’intermédiaire de neurones spécialisées les muscles des ailes permettant à l’animal de redresser son vol et d’éviter les crashs », expliquent les scientifiques. Un sorte de pilote automatique, en somme !

C’est un régulateur de flux optique qui permet à l’insecte de réduire de changer d’altitude ou de se poser sans mal . Ces recherches illustrent l’importance de cette science innovante appelée biorobotique pour l’aérospatiale. notamment dans la mise au point de capteurs moins encombrants et moins gourmands en énergie que les radars, le GPS, les radio-altimètres et les variomètres.

Il y a les mouches, il y aussi les abeilles, réputés pour leurs capacités d’apprentissage. Avec leur odorat particulièrement développé, elles ne font pas que tourner autour des fleurs et des pots de confiture. Elles sont capables de bien d’autres prouesses dont les militaires, dans la lutte contre le terrorisme, ont su mesurer l’importance.

Ainsi, des scientifiques de la Darpa (département US de la défense) entraînent des abeilles à renifler des explosifs utilisés dans les attentats suicides tels que la dynamite ou le plastique C-4. Utilisant des techniques pavloviennes de réflexe conditionné, ils les dressent à déployer leurs trompes, qu’elles utilisent pour collecter le nectar, dès qu’elles sentent les explosifs. Le plus étonnant est qu’elles sont aussi capables de mémoriser les signaux répulsifs et à faire le tri avec les substances qui tenteraient de les détourner de leur but tels que les parfums, les huiles de moteur et insecticides. Les braves abeilles sont ensuite récompensées avec de l’eau sucrée pour leurs bons et loyaux services.

Les cailles et les coqs suscitent également l’intérêt des chercheurs du Laboratoire de robotique de Versailles qui planchent sur le « projet Robocoq ».

En visualisant par vidéoradiographie la cinématique de la marche de la caille sur un tapis roulant, ils peuvent mieux comprendre le système de locomotion des oiseaux qui leur a permis de coloniser tous les milieux et intégrer ces données dans le conception de technologies robotiques.

Ces mêmes chercheurs s’intéressent à la capacité qu’ont les oiseaux de stabiliser leur regard, par le va et vient de la tête lorsqu’ils se déplacent. « Si nous parvenons à stabiliser la vision du Robocoq, cela constituera une avancée certain pour la robotique téléopérée, explique Vincent Hugel, l’un des chercheurs du LRV. En effet, si les robots à roues renvoient une image assez propre aux personnes qui les dirigent à distance, les robots à pattes offrent quant à eux des vues bien trop mouvementées »

Le Psikharpax

Un robot rat ! Totalement autonome. Ses programmes informatiques sont inspirés de certaines structures nerveuses d’un vrai rat. Empruntant son nom au roi des rats chez Homère, Psykharpax qui meurt noyé dans une mare après avoir fait le mauvais choix, le robot-rat ne fait pas la même erreur. Il est non seulement doué de mémoire, il arrive également à intégrer le futur, à planifier ses mouvements et à sélectionner son action, grâce à sa capacité d’anticiper ses besoins ou les dangers qui l’entourent. Il peut repère les endroits accueillants où il pourra recharger ses batteries et choisir l’itinéraire le moins risqué.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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