Qui sont ces Français ? Isolement choisi ou subi ? Contre les Solitudes, quelles solutions ? A l’approche des fêtes de fin d’année, la Fondation de France publie son rapport sur les solitudes. En 2016, plus de 5 millions de Français sont seuls, soit 1 million de plus qu’en 2010.
Face au délitement croissant des liens sociaux, la Fondation de France détecte, finance et accompagne chaque année près de 1 000 initiatives pour 15 millions d’euros. Elles sont portées par des petites associations qui agissent au plus près des besoins et qui œuvrent au quotidien dans tous les domaines – emploi, enfance, grand âge…

L’objectif ? Permettre à chacun de retrouver une place dans la société en renouant des liens avec les autres.
Parmi les initiatives phares menées en cette fin d’année : les « Réveillons de la Solidarité ».

Les Français de plus en plus seuls

En 2016, plus de 5 millions de français sont seuls, soit 1 million de plus qu’en 2010. Ces personnes n’ont aucune relation sociale au sein d’un des cinq réseaux de sociabilité étudiés (familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage).
22 % des Français n’ont accès qu’à un seul réseau social : fragilisés, ils se trouvent dans une situation d’exclusion potentielle sans en avoir toujours conscience.

Parmi ceux-ci, c’est le voisinage qui se révèle être leur unique mode de socialisation (35 %) loin devant les amis (26 %), et la famille (22 %). La vie professionnelle et la vie associative sont des réseaux moins systématiquement développés.

Autre chiffre alarmant : au-delà de la réalité de l’isolement, 26 % des Français se sentent exclus, abandonnés ou inutiles (20% de temps en temps et 6% souvent).

3 facteurs aggravant l’isolement

La pauvreté : 34 % des personnes isolées ont des revenus inférieurs à 1 200 € par mois (pour une personne seule) contre 25 % des personnes non isolées.

L’accès à l’emploi : Entre 30 et 60 ans, le fait d’accéder ou non à l’emploi est déterminant pour l’intégration sociale de la personne. Les personnes isolées sont surreprésentées parmi les non diplômés et les demandeurs d’emploi. 65 % ont un niveau de diplôme inférieur au BAC, contre 55 % des non isolés. Près d’1 sur 2 est inactif ou demandeur d’emploi (contre 39 % des non isolés).

L’âge : le risque d’isolement augmente avec l’âge : on compte 7 % de personnes isolées chez les moins de 25 ans, 11 % chez les 25- 39 ans et 12 % au-delà et jusqu’à 69 ans.

Le cercle vicieux de l’isolement

Cause ou conséquence de l’isolement, les personnes isolées tendent à se replier sur elles-mêmes, avec un sentiment de méfiance envers l’Autre, les institutions, les associations.

17 % des personnes isolées ne votent pas, soit plus du double de la population française

65 % des personnes isolées pensent qu’on n’est jamais assez méfiant vis-à-vis des autres.

27 % ne se sentent pas en sécurité dans leur vie quotidienne.
Pour ces raisons, elles ont peu recours aux pratiques collaboratives (covoiturage, colocation, échanges de services de jardinage, bricolage/recyclage, échanges de savoirs, fab lab). Seules 2 personnes en situation d’isolement objective sur 10 ont utilisé ce type de service au cours de l’année (contre 4 sur 10 pour l’ensemble de la population).

Agir contre les solitudes : l’action de la Fondation de France

Un phénomène multifactoriel comme la solitude implique une action multiforme. La Fondation de France, fondation de toutes les causes, développe des solutions pour lutter contre l’isolement par le biais de programmes habitat, emploi, éducation, ou encore santé.

Près de 1 000 initiatives sont menées chaque année pour 15 millions d’euros. On retrouve dans chacune d’elles des principes d’action communs :

la proximité : tous les projets soutenus sont menés par de petites associations qui sont au plus près des besoins des personnes, et qui œuvrent au quotidien pour identifier et répondre aux situations difficiles et redonner une place aux personnes exclues.

la participation et l’implication de la personne dans l’action qui la concerne. 
ex. L’auto-réhabilitation de l’habitat. Les projets soutenus permettent de rénover son logement grâce à une entraide, une coopération entre habitants qui permettent de recréer des liens de proximité. 
ex. Les Réveillons de la Solidarité. Ils reposent sur une forte implication des participants qui contribuent eux-mêmes à l’organisation des évènements : courses, cuisine, thème de la soirée… De réunions en réunions, les personnes pour qui ces fêtes sont organisées deviennent parfois membres des associations qui initient les projets.

Une finalité qui dépasse la personne et apporte une valeur ajoutée pour la collectivité, afin que celle-ci se sente de nouveau « utile ».
ex. Les jardins partagés. Ils rassemblent les habitants d’un quartier autour des plaisirs du jardinage tout en améliorant les lieux de vie, en réhabilitant les parcelles ou les espaces en friche.

Une inscription dans la durée, car la solitude est un mal de tous les jours qu’aucune initiative ponctuelle ne peut enrayer.
ex. L’habitat intergénérationnel qui permet aux personnes âgées disposant d’espace chez elles d’accueillir un étudiant qui ne dispose pas de logement en échange de services.
ex. Les cafés sociaux, lieux d’échange et d’animation à portée de tous, puisque chacun participe selon ses moyens. Ils réunissent toutes les générations, proposent concerts, conférences, ateliers pour les enfants, ciné-goûter, vente de produits locaux…et deviennent ainsi de véritables lieux de vie et créateurs de lien.

Exemple d’initiative de fin d’année soutenue par la Fondation de France : « Les réveillons de solidarité »

Pour aider certaines personnes à rompre avec la solitude, à un moment de l’année où l’isolement est plus pesant encore, la Fondation de France a créé les Réveillons de la Solidarité : des fêtes solidaires et participatives qui leur permettent de partager un moment de convivialité.
Chaque année, près de 200 Réveillons de la Solidarité permettent à des milliers de personnes seules de se retrouver en compagnie durant la période des fêtes, dans toute la France.

Pour cela, la Fondation de France soutient des associations de quartier qui accompagnent tout au long de l’année des personnes en difficulté et construisent le projet de réveillon avec elles. Ces fêtes sont ouvertes à d’autres publics : les voisins, les commerçants, les familles du quartier… pour favoriser les rencontres et les échanges entre des personnes qui peuvent se côtoyer au quotidien sans jamais se rencontrer vraiment. Au-delà d’une soirée, les réveillons créent ainsi des liens qui pourront s’inscrire dans la durée.

* L’enquête en ligne a été réalisée par le CREDOC, entre décembre 2015 et janvier 2016, auprès d’un échantillon représentatif de 3 050 personnes âgées de 15 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas. Ces quotas (région, taille d’agglomération, âge, sexe, catégorie socio-professionnelle, niveau de diplôme) ont été calculés d’après les résultats du dernier recensement général de la population. Un redressement a été effectué pour assurer la représentativité par rapport à la population nationale de 15 ans et plus.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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SOLIDARITE

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