Le Président de la République et le gouvernement ont lancé le 19 août dernier l’élaboration d’un projet stratégique pour « la France en 2025 ». Le tout nouveau Commissariat à la stratégie et à la prospective doit remettre en fin d’année un document sur ce sujet, après concertation et débat.

Cet exercice ne mérite sûrement pas l’ironie dont les commentateurs l’ont affublé. La simple existence d’un document de travail présenté à l’ensemble du gouvernement à l’initiative du Président de la République est un fait largement positif; comme l’est son contenu qui situe la France dans la mondialisation, réhabilite la possibilité de choix collectifs en matière de modes d’insertion dans cette mondialisation, de modèle social, de vision du progrès et suggère quelques éléments pour construire une stratégie. Le choix d’une période de dix ans devrait quant à lui limiter l’enjeu électoral. Nous sommes convaincus, au Pacte civique, que l’engagement de tous suppose une vision stratégique et la confiance en nos capacités pour co-construire ensemble notre destin commun.

Encore faut-il, pour ne pas décevoir, que la méthode et le résultat soient à la hauteur des ambitions. il existe en effet plusieurs risques:

 d’abord celui de conduire sans participation suffisante une exercice lancé dans une certaine précipitation en vue de conclure avant la fin de l’année un exercice difficile;

 ensuite celui de sous-estimer l’ampleur des transformations auxquelles nous sommes confrontés. Les « cinq enjeux essentiels », relativement classiques, identifiés par le gouvernement, à savoir : l’avenir du modèle de production, la réforme de notre modèle social, le modèle de croissance et de financement, les mutations de la société française et le projet européen, ne prennent pas assez en compte la transition écologique de même que la dimension spatiale, tandis que l’Europe est surtout présentée comme une interrogation.

Notre société est bloquée car elle ne sait pas comment résorber simultanément la dette financière, la dette sociale et la dette écologique. Voilà le grand enjeu stratégique des dix années qui viennent. Il ne sera pas assumé sans mobiliser toutes les ressources de la richesse et de la créativité démocratique, sans l’implication des citoyens dans la mutation civique indispensable à la réussite des réformes à venir et des justes efforts à consentir, sans une politique mobilisatrice d’un pouvoir de penser et d’agir ensemble en démocratie.

C’est dans cet esprit que le Pacte civique a l’intention de s’impliquer dans la Plateforme pour des Etats généraux de la mutation civique, faisant la promotion et reliant les acteurs de la société civique qui acceptent de se remettre en cause et de s’engager au service de l’intérêt commun pour cette dynamique de mutation.

Le Pacte civique

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ETUDE, GENERATION, Le Magazine

Etiquette(s)

, ,