Plus question de se planquer derrière son écran ! Car demain il faudra faire face à son réseau social – Facebook ou autres, et aux « amis d’amis » ainsi glanés par écran. Car le « social networking » va descendre dans la rue.

Que ce soient MySpace ou Facebook…, le «social networking» est encore dans l’enfance, et en devenant adulte il nous promet de nouvelles applications bien plus exitantes de l’avis même de Caterina Fake, cofondatrice du réseau virtuel Flickr (vendu à Yahoo en 2005), et à la tête du développement de Yahoo jusqu’en juin dernier. Bref, ce n’est pas qu’une mode. « La sociabilité fait partie intégrante d’internet, d’ailleurs cela a aidé les gens à se familiariser avec et à le faire connaître » affirme t-elle. D’aucuns estiment aujourd’hui qu’un quart du trafic sur la toile relève du « social networking » ou réseautage, preuve qu’il existerait un réel besoin de communiquer les uns avec les autres.

D’ailleurs, de plus en plus, l’usage va évoluer vers une collaboration entre groupes de personnes, au-delà du simple réseau étendu d’amis. Car cet happening connectique à ses limites : avec trop de contacts à entretenir, il demande beaucoup de travail, sans parler des intrusions malheureuses de virus dans les carnets d’adresses, et du risque de détournement de certaines informations contenues dans les profils.

Comment sérieusement gérer 1500 ou même 500 amis ?
Echanger avec eux, relayer de l’info, la partager ? Certains VIP se dotent même désormais de gestionnaires de réseau social en ligne, en clair les espaces dits à l’origine « personnels » se professionnalisent.

Peut être faut-il mettre un peu de distance ou de réflexion dans le « clic amical » à tout va. Le réseautage sera à l’avenir plus qualitatif, plus personnalisé, peut être thématique… bref à valeur ajoutée. Et Caterina Fake de prédire des groupes sociaux plus sélectifs et à géométrie variable. « Ce ne sera pas un réseau rigide d’amis et « d’amis d’amis » mais des collaborations sociales subtiles ». Les réseaux sociaux étendus seraient finalement moins puissants que certains réseaux ciblés notamment quand il s’agit d’en croiser les membres dans la rue.

Et c’est en partie chose faite.

Le réseau allemand Aka-Aki, crée par Roman Hänsler, s’est donné pour objectif d’éloigner les « social networkers » de leur ordinateur pour les faire descendre dans la rue. Ce « social networking » mobile qui vous accompagne dans vos déplacements est susceptible de révolutionner le lien social, dans la rue, dans un colloque, au restaurant , sur un campus, dans un aéroport…On peut télécharger ce service sur son téléphone portable à condition d’avoir un système  « bluetooth » , et le téléphone se met à vibrer chaque fois qu’un autre membre du réseau Aka-aki se trouve à moins de 20 mètres de vous.

L’idée, cette fois, n’est pas d’avoir le réseau le plus étoffé possible « d’amis d’amis », mais il s’agit de gens avec qui on est susceptible de vouloir un vrai contact. On peut avoir accès à leur portrait et profil, leur envoyer un message, voire tenter une vraie conversation ! Lancé en avril 2008, il compte plus de 15000 usagers. Il est possible de mettre des sortes de filtres pour n’être « contacté » que par des amis ou des personnes qui partagent la même passion que vous. Dans un colloque, par exemple, Aka-aki remplace même les cartes de visite ! Evidemment, des exploitations commerciales sont envisagées : quand son chemin croise celui d’une boutique qui vous informe de ses dernières promotions.

Et quand on éteint son téléphone ?

On sait quand même qui est passé dans les parages. Pour le moment Aka-aki propose une sorte de répertoire de tous les contacts bluetooth reçus dans la journée, répertoire disponible sur le site internet. D’autres marchent sur les mêmes traces : Ainsi la plateforme mobile de Google, Android propose des applications potentielles de « social networking » comme Life360, qui permet de créer un réseau avec des utilisateurs du voisinage. Beetaun ou Commandro permettent la géolocalisation des membres du réseau : en utilisant son GPS on peut faire savoir à ses amis où l’on se trouve et ainsi organiser un RV impromptu ou être prévenu par des alertes qu’ une de ses connaissances est à 500 mètres. Ce qui peut être aussi un moyen de l’éviter!

Alors que les réseaux sociaux s’étendent, les applications se multiplient, faudra t-il toujours être inscrit à un réseau pour avoir accès aux membres qui y sont inscrits, ou y a aura t-il une connexion entre les différents Myspace, Facebook ou autres ?

Le fondateur de Aka-aki, Roman Hänsler penche pour le décloisonnement qui rendrait le contact plus facile. Enfin, on peut se poser nombre de questions comme le fait James Grimmelmann de la New York Law School dans un essai intitulé « Facebook and the Social Dynamics of Privacy » (1), sur les frontières entre le social networking et la sphère privée, dont la définition et la conception classique se heurtent avec les possibilités offertes par les nouvelles technologies.

(1)http://works.bepress.com/cgi/viewcontent.cgi?article=1019&context=james_grimmelmann

Au sujet de Estelle Leroy

Estelle Leroy-Debiasi est journaliste professionnelle, Diplômée en Economie, ex rédactrice en chef du quotidien économique La Tribune. Elle contribue régulièrement au site ElCorreo, site de la diaspora latinoamericaine.

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