A quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, l’association Génération Précaire lance Young and Poor, son agence de notation des politiques jeunesse des candidats à l’élection présidentielle.

Une riche idée qu’ont eut ces jeunes activistes, au moment où le chômage, sur fonds de crise systémique s’impose en maître dans la campagne électorale. Et ce sont les jeunes, justement, qui sont parmi les plus durement touchés. Une excellente occasion aussi, quand certains candidats comme François Hollande ou Eva Joly placent la jeunesse au cœur de leur programme présidentiel, d’aller y voir de plus près.

Depuis plusieurs mois, une vingtaine de bénévoles travaille ainsi d’arrache pied avec pour but avoué d’aiguillonner les partis et de faire évoluer le débat national. Le fonctionnement interne qu’ils ont choisi a le mérite d’être parfaitement clair : Une charte déontologique a été définie qui leur impose une parfaite neutralité, (avec par exemple l’interdiction d’auditer un parti dont ils seraient membres).

Côté méthodologie, l’agence a mis au point 6 étapes qui vont de la veille médiatique pour préparer les entretiens avec les équipes de campagne, jusqu’à la publication des notes qu’elles ont obtenu sur le site http://youngandpoor.org

Un énorme travail d’analyse validé par un comité d’experts.

Une fois les contacts pris avec les différents partis (de celui de Jacques Cheminade à l’UMP), des entretiens ont été menés par une équipe d’auditeurs qui ont questionné les équipes, analysé puis noté leurs propositions selon une grille d’analyse stricte initiée par l’agence, au vu de la vision, des objectifs et des moyens que se donnent les candidats.

Le tout autour de 10 thèmes primordiaux bien définis :
étudiants – sans diplôme ni qualification – orientation – enseignement supérieur – stage – alternance – apprentissage et contrat de professionnalisation – chômage et minima sociaux – emploi – volontariat et service civique – jeunes délinquants (lutte et réinsertion),
eux-mêmes subdivisés en sous-thèmes. Des rapports d’évaluation ont été rédigés par les auditeurs, puis relus par 5 superviseurs qui se sont assurés de leur objectivité et ont veillé à l’homogénéité de traitement.

Un comité de notation, composé d’experts reconnus du monde du Travail et de la Jeunesse (Geneviève Besse, le sociologue Louis Chauvel, la syndicaliste Annick Coupé ou Iwan Le Du, DRH du groupe Printemps en font partie) s’est alors réuni, soit pour approuver la note proposée, soit pour demander une nouvelle analyse approfondie des positions du candidat. Après accord du comité, les notes ont été publiées sur une échelle qui va du triple a, AAA au E, le junk bond.

Encore de gros efforts pour être mieux noté.

Et là, surprise, pas un candidat à l’élection présidentielle n’a franchi la barre fatidique du C ! Ce C somme toute assez médiocre qui récompense 5 candidats, de François Hollande à Marine Le Pen ! Alors, un peu fourre-tout cette note médiane ? Pas du tout quand on y regarde de plus près, comme l’explique Ophélie Latil, l’une des superviseuses de Young & poor : « Trois candidats ont obtenu un C haut la main : Eva Joly dont la qualité du programme sur la Jeunesse précaire demande plus de précisions malgré des thèmes bien traités, François Hollande dont les propositions montrent une volonté de mettre en avant les thèmes de la Jeunesse bien qu’il faille encore les compléter et Jean-Luc Mélenchon dont la mise en pratique de l’ensemble du programme reste un élément d’interrrogation. Viennent ensuite les deux candidates qui ont obtenu le C de justesse : Corinne Lepage qui manque d’une vision globale sur la question des jeunes, même si certaines mesures isolées sont détaillées, réalistes et correctement chiffrées, et Marine le Pen dont le problème juridique directement lié à la question de la préférence nationale, sanctionne le réalisme potentiel de certaines mesures.”

5 autres candidats se voient gratifiés d’un D, traduisant un niveau de qualité inférieure, avec, affirme Young & poor, un risque élevé et contre-productif. Parmi eux l’ancien ministre de l’éducation, François Bayrou dont la politique jeunesse (16-34 ans) est très parcellaire. Et le président sortant, Nicolas Sarkozy, dont la majorité des mesures sont isolées, peu détaillées et rarement chiffrées. Les deux candidats d’extrême gauche ferment la marche avec un E correspondant au “junkbond” au vu de l’absence d’une véritable politique axée sur les problématiques liées à la jeunesse !

Certains militants, à n’en pas douter, vont grincer des dents dans les jours qui viennent au vu de ces résultats. Espérons que leur déception passée, ils pousseront leurs candidats à revoir leur copie dare-dare. Car les notations seront actualisées toutes les trois semaines jusqu’au deuxième tour des élections. En attendant, le travail de fonds accompli par Young & poor va permettre aux électeurs que nous sommes de déjouer plus facilement les effets d’annonce des politiques, grâce à un outil performant et une analyse objective des différentes propositions concrètes et chiffrées à découvrir sur leur site, au demeurant fort bien construit.

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