La paix par la force
« Celui qui parle de paix tout en préparant la guerre est le plus grand des trompeurs . »
— Sun Tzu. L’Art de la guerre
« Le prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » selon les volontés, définies par le testament, d’Alfred Nobel ». Peut-être le président américain Donald Trump devrait-il méditer la définition ?
Trump veut sa guerre.
Depuis sa réélection en janvier 2025, Donald Trump ne cesse de se déclarer comme un « faiseur de paix ». La perversion du maître de la Maison Blanche, c’est d’attribuer à l’Europe le discours de la guerre et de se prévaloir du pacifisme. Mais, avec la temps, et piégé par sa versatilité, il semble, en ce mois de juin 2025, changer d’avis. Il lui faut trouver une guerre en forme de paix.
Ce sera l’Iran. Depuis les premières frappes d’Israël sur l’Iran vendredi, le président américain apparaît dans l’embarras, tiraillé par un dilemme. Faut-il soutenir l’allié israélien pour en finir avec le programme nucléaire iranien, ou, au contraire, éviter à tout prix une implication directe des États-Unis dans le conflit ? Derrière les drones, les frappes et les alertes à l’évacuation, une certitude, le locataire de la Maison Blanche a besoin d’un conflit. Sa présidence s’essouffle. Les images d’expulsions de migrants ne suffisent plus. FoxNews recycle les mêmes reportages anxiogènes. Agiter la peur d’une 3ème guerre mondiale ne prend plus. Il lui faut créer un choc. Faire une mise en scène. Se payer un ennemi, soit une guerre qui ne porte pas son nom. Une mi-guerre mi paix !
Le pays des mollahs tombe à pic : lointain, caricatural, complexe donc manipulable. Pour vendre son dernier produit sur le marché de la paix, Trump ne veut pas éviter la guerre, il veut la produire. Et si possible, la scénariser, la rendre acceptable, lui donner une gueule de paix. Etre un chef de guerre ! Etre un homme seul contre les ténèbres des Imams. Et tant pis pour la Constitution. Tant pis pour le Congrès. Tant pis pour l’économie US. Les démocrates ont déjà compris le stratagème,mais ils hésitent, ils sont piégés. S’opposer à la guerre ? C’est passer pour traître. Suivre ? C’est valider une fuite en avant. Quand Bernie Sanders, le chef de file radical de la gauche démocrate, l’admoneste en lui faisant remarquer que seul le Congrès peut déclarer la guerre, Trump ricane déjà. Car derrière cette pseudo guerre contre l’Islam atomique, il y a un coup institutionnel calculé. Trump voudrait bien d’un état d’urgence qui arrangerait ses projets malveillants. Avec lui il gagnerait la timbale : le renvoi de millions de travailleurs migrants, la surveillance des opposants, la militarisation du pays, le muselage de la presse. Les procès ? Les scandales ? Les critiques ? Chaque critique se transforme en trahison. Chaque juge devient un ennemi. Les sales coups seraient dissimulés sous les drapeaux de la victoire contre l’Iran. La manœuvre est simple : Ceux qui criaient « America First » ? Désormais, ce n’est plus la paix qu’ils revendiquent. C’est la domination. Trump l’a compris : la guerre, s’ils la font, doit être brutale, totale, sans excuses. Finie l’isolation. Place au cow-boy. Est-il nécessaire de préciser qu’il n’a ni plan, ni alliés fiables, ni vision? Mais Trump s’en moque. Il veut le moment, pas la paix. Le clip, pas la solution. La revanche. L’Iran est bien mieux que l’Irak: c’est l’ennemi de longue date, celui qui a attaqué l’ambassade US, a gardé 52 otages américains pendant 444 jours. Et tant pis si le feu gagne tout le Moyen-Orient. Tant pis pour les civils, les soldats, les marchés. Trump voulait « Make America Great Again ». Il offrira peut-être à l’Amérique la revanche de 40 ans d’humiliations. Trump joue avec le feu. Il a aussi besoin d’un coup d’éclat pour faire oublier son échec de négociateur avec les Russes.
Les bombes de la paix
Après plusieurs mois de tentatives pour obtenir de la Russie un cessez le feu déjà accepté par l’Ukraine, ses efforts patinent. Comme si, au fond, la paix qu’il ambitionne n’était qu’un fantasme, histoire de rivaliser avec Obama qui, lui, a eu le prix Nobel de la paix.On comprend assez vite que le Trump qui veut la Paix est en réalité un homme qui joue à la guerre. La paix qu’il chérit, c’est la paix des affaires, pas celle des humains. Peu importe à ses yeux, les milliers de morts civils ukrainiens des bombardements russes qu’il aurait pu empêcher en fournissant les armes promises.Il s’asseoit sur les cadavres des femmes et des enfants de Kyiv et de Kharkyiv, afin de mener à bien son business, pour son seul égo cupide.
Faisant oublier, au monde entier et à la planète des médias, les combats incessants en Ukraine, auxquels il n’a apporté aucune résolution diplomatique, il a fallu une opération préparée de longue date et menée par le premier ministre israélien contre les mollahs iraniens (Rising Lion. Eveil du Lion) pour que le shériff de la Maison Blanche décide dans la foulée de son homologue Netanyaou une attaque surprise, baptisée « Pax Américana » destinée à anéantir, avec force moyens, les ambitions nucléaires de Téhéran. Dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin 2025, après de longues heures de flou, Donald Trump passe à l’acte. L’Opération Midnight Hammer ( Marteau de Minuit) a commencé. L’armée américaine frappe, faisant intervenir des B2 américains contre trois installations clés du vaste programme iranien : Natanz, Ispahan et Fordow.
Les USA et l’Iran clament quasiment en même temps leur victoire. A l’issue de l’opération, sans savoir si la frappe a été couronnée de succès, Trump célèbre « une très bonne opération » militaire américaine, se félicitant d’une « belle étape vers la paix » et « d’une formidable victoire », répétant à l’envi que les bombes US ont complètement détruit les installations essentielles d’enrichissement d’uranium de l’Iran, et précisant que le programme nucléaire a été retardé de plusieurs décennies. Il n’a pas hésité à comparer les frappes américaines aux bombes atomiques larguées par les États-Unis sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
De son côté, le président iranien Masoud Pezeshkian salue dans un message solennel l’unité du peuple iranien, qu’il considère comme l’artisan d’une « victoire historique », soulignant que « l’ennemi a subi une défaite lourde et irréversible ». Bref, nul n’est en mesure de dire si Trump peut accéder au rôle de pacificateur.
Bomb, bomb, bomb I.R.A.N
Dans un commentaire sur le déroulé de l’intervention, le journaliste Gallagher Fenwick montre que le soit-disant succès du bombardement US sur les sites enfouis est contreproductif. Un rapport des services de renseignement américains suggère que le programme nucléaire iranien a été retardé seulement de quelques mois et n’a pas été complètement et entièrement anéanti, comme s’en est vanté le président Donald Trump. Au moins une partie de l’uranium hautement enrichi de l’Iran, nécessaire à la création d’une arme nucléaire, a été déplacée de plusieurs sites et non détruite. Enfin, les centrifugeuses iraniennes, « nécessaires pour enrichir davantage l’uranium à des niveaux de qualité militaire, sont en grande partie intactes », rapporte la plupart des sources. Voilà comment un président américain, obsédé par l’idée de « gagner » le prix Nobel de la paix confond la guerre et la paix. Cette confusion marque la dangerosité de l’individu.
En se félicitant d’une frappe qu’il compare à Hiroshima, et d’un « happy end » notoire, à la Gloire des B2, sur l’air des Beach Boys « Bomb, bom, bom Bomb I.R.A.N » Trump annonce, avec précipitation, au monde entier l’agenda d’un cessez le feu définitif entre Isräel et l’Iran. Cela ne fait que retarder la volonté indéfectible de Téhéran d’obtenir la bombe nucléaire. Puisque Trump a déclaré la guerre officiellement terminée, parlant d’anéantissement des sites ciblés, les mollahs iraniens peuvent, en toute tranquilité, poursuivre la fabrication de leur bombe atomique, à l’abri des inspections de l’IAEA. L’idiot utile Trump a ainsi offert aux malins mollahs, le cadeau de poursuivre leur programme visant à détruire l’état d’Israël.
L’opération a échoué ont fait savoir les médias américains comme CNN, NYT. Ce qui leur a valu une volée de bois vert du président US, les traitant de « pourris ». Sa fierté narcissique se trouvant atteinte, il n’a pas supporté ce qu’il a jugé être des fake news. Pour sûr, il n’y a que lui qui peut dicter ce qu’est la réalité. La réalité trumpienne, c’est la bombe de la paix.
Au sommet de l’OTAN qui suit ces évènements, Trump débarque en vainqueur, félicité par le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, qui se couche littéralement devant le roi Maga pour distribuer, tel un laquais servile, ses vils compliments. C’est une consécration. La partie est jouée. Trump croit en sa bonne fortune et a tendance à prendre ses rêves pour la réalité: le président américain enfonce le clou. Il estime qu’il aurait dû recevoir le prix Nobel de la paix au moins 4 ou 5 fois déjà. Le président Barack Obama avait reçu cette distinction en 2009, après l’ancien président Jimmy Carter (2002) et l’ancien vice-président Al Gore (2007). Alors pourquoi pas lui ! Contrairement à ce qu’il veut faire croire, Trump n’est pas un homme de concorde. A vrai dire, tout démontre que la Maison Blanche se désintéresse du sort du peuple ukrainien.
La paix qui intéresse Donald Trump est la paix du business
Trump ne montre aucune empathie pour les civils femmes et enfants, victimes des missiles russes. Seul le concerne les gains qu’il peut tirer du cessez-le-feu qu’il espérait obtenir en quelques jours. Sans succès ! Atteindre ce but aurait pour unique avantage à ses yeux de conforter son « art du deal » dont il se vante. Make América Great Again. La paix qui l’intéresse est la paix du business, des terres rares d’Ukraine, des hommes forts. Trump qui voulait rapidement régler le conflit pour faire valoir son talent de négociateur, semble avoir perdu son pari et oublier les milliers d’enfants ukrainiens enlevés par les Russes. La guerre en Ukraine devient une saga du kilomètre carré durable.
Son comportement, ses actes sont ceux d’un homme qui ne respecte que la virilité. Avec Trump, la victime ne compte pas. L’agresseur Poutine a gain de cause. Trump, c’est l’homme brutal qui fait la guerre tout en disant qu’il veut la paix, c’est le violeur qui accuse la minijupe, c’est le voleur qui se plaint d’être volé par les autres. Enchainer les têtes à queue, inverser les faits : telle est sa logique. En pleine négociation sur le cessez-le-feu, il ne fait rien pour dissuader les Russes de bombarder les populations des villes ukrainiennes. En revanche, il leur facilite la tache. Bref, il serait plutôt un belliciste masqué. Trump qui souhaite, comme Barack Obama, recevoir le Prix Nobel de la Paix, semble en fait plutôt prendre goût à la puissance du feu, comme en témoigne son accent triomphant après « l’anéantissement » des sites nucléaires iraniens. Dès lors, qui, dans ces négociations soit disant de paix, peut encore avoir encore confiance en l’Amérique ? Certainement pas les Ukrainiens qui se voient trompés et humiliés par un président américain qui les méprise et refuse de livrer les armes promises.
« En ces temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire » Et proclamer sa victoire est le moyen de cacher ses échecs. En réalité, l’objectif commun entre Trump et Poutine, qui explique ses échecs successifs pour obtenir un cessez le feu entre l’Ukraine et la Russie c’est de détruire l’Union Européenne. L’entente de Trump avec la Russie, c’est contre l’Europe. L’UE démocratique est un obstacle qui contrarie l’ambition impérialistes des égocrates accrochés à leur grandeur dont le but final est d’installer leur force, pays par pays.