Un nouveau rapport d’ActionAid publié le 22 septembre 2016 montre que les femmes travaillent en moyenne quatre années de plus que les hommes au cours de leur vie, en raison de la prise en charge des tâches domestiques ainsi que des soins des enfants et des personnes âgées et malades. Les gouvernements du monde entier ne parviennent pas à agir efficacement sur les causes des inégalités qui touchent à la fois les hommes et les femmes.

Dans ce nouveau rapport, intitulé Not Ready, Still Waiting , ActionAid analyse la disposition des Etats à respecter leurs engagements pris il y a un an dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU pour lutter contre les inégalités.

« Les grandes promesses de nos dirigeant.e.s pour améliorer le monde d’ici 2030 ne pourront être tenues si les gouvernements ne commencent pas à prendre leurs engagements au sérieux. Un an après, rien n’a été initié pour lutter contre les inégalités qui impactent considérablement les femmes et les filles. », souligne Mégane Ghorbani, Chargée de mission Droits des femmes chez ActionAid France.

Les inégalités de rémunération sont au cœur de la mise à l’écart systématique des femmes. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estime notamment que l’Afrique perd chaque année entre 95 et 105 millions de dollars US de revenus liés au travail en raison des écarts de genre. Mais la lutte contre les causes de l’inégalité recouvre aussi d’autres aspects : en moyenne, les femmes consacrent plus de trois heures et demi par jour aux tâches ménagères – soit deux heures et demi de plus que les hommes. La nouvelle analyse d’ActionAid montre qu’une jeune femme travaillera en moyenne quatre années de plus qu’un homme au cours de sa vie, notamment en raison du travail supplémentaire non rémunéré de care[1].

« Un an après le Sommet des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable, il est décevant et inquiétant qu’aucun des 14 pays observés n’agisse en conformité avec ses engagements. Sur dix pays en développement analysés, trois pays progressent de manière satisfaisante sur moins de la moitié des indicateurs liés aux politiques en place. Tous les pays développés quant à eux continuent de mener des politiques qui exacerbent les inégalités, dont des régimes fiscaux et des politiques foncières discriminatoires », poursuit Mégane Ghorbani.

Le rapport révèle en outre que trop de gouvernements des pays en développement échouent à introduire des lois et des politiques qui réduisent les inégalités, telle qu’une protection sociale, pourtant essentielle dans la réduction des inégalités, notamment de genre. Seulement deux pays parmi les dix pays en développement étudiés disposent d’un système juridique de protection complet.

Les gouvernements ont le pouvoir de lever les obstacles vers une société plus juste et équitable. D’autre part, l’influence des entreprises, des gouvernements et des individus qui accumulent les ressources de manière disproportionnée doit être réduite ; enfin, les citoyen.ne.s doivent être impliqué.e.s de manière plus active vis-à-vis de leurs gouvernements, et ces derniers doivent les écouter.

« Tous les gouvernements doivent développer des projets visant à réduire les inégalités et en être redevables. Les politiques mises en place doivent d’une part reconnaître, redistribuer et réduire le travail de care non rémunéré des femmes, et d’autre part soutenir les opportunités de travail décent, augmenter les salaires, et garantir l’accès et le contrôle des ressources économiques et naturelles pour les femmes. », conclut Mégane Ghorbani.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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