Le chômage est à ce jour la première préoccupation des Français. En mai 2016, 5,69 millions de Français étaient inscrits en tant que demandeurs d’emploi, dans les catégories A, B et C. Ce fléau touche de manière très brutale les travailleurs peu qualifiés, les jeunes, les femmes, les séniors, ainsi que les personnes en situation de handicap. Depuis la crise de 2008, le taux de chômage a augmenté de près de 50% dans notre pays.

Le chômage s’accompagne la plupart du temps d’une situation de précarité financière, l’indemnisation, quand elle existe, ne joue qu’un rôle de filet de secours temporaire. Cependant, le chômage de longue durée fait rage, ce dernier, pouvant s’étendre bien au-delà de la période d’indemnisation, génère une pauvreté inouïe. Point de compensation financière, ni de couverture santé efficace pour les victimes des politiques économiques menées depuis des décennies. Outre les difficultés financières qu’il entraine, le chômage a un impact social majeur : risque accru d’isolement et de séparation conjugale (les 700 licenciements récents chez Continental ont causé 250 séparations), équilibre familial perturbé, conséquences sur la scolarité des enfants, etc…

L’INSERM estime que les conséquences médico-psycho-sociales du chômage entrainent entre 10 et 14000 décès annuels, notamment en raison d’une prévalence plus élevée des maladies cardio-vasculaires et des cancers chez les personnes en situation de précarité : une augmentation de la consommation d’alcool et de tabac en raison du stress et de l’anxiété que provoque la précarité, ainsi qu’une alimentation de mauvaise qualité notamment en raison de revenus faibles, peuvent expliquer ces effets néfastes sur la santé. Du point de vue de la santé mentale, un quart de nos concitoyens en situation de recherche d’emploi sont sujets à la dépression (24% des hommes et 26% des femmes; Dares, 2015), et la courbe des suicides suit celle du chômage (une augmentation du taux de chômage de 10% entraîne une hausse de 1,5% du nombre de suicides), alors que notre pays est déjà un mauvais élève en la matière.

Cet aspect du chômage est souvent ignoré et une certaine lassitude vis-à-vis du chômage s’installe dans la population, entrainant un regard souvent négatif sur nos compatriotes sans emploi. En l’état actuel de notre pays, rien ne laisse présager une amélioration significative sur le plan de l’emploi, qui devient un véritable enjeu de santé publique de par les dégâts collatéraux qu’il engendre. Il peut être pertinent de créer un service de médecine préventive pour les demandeurs d’emploi, tel qu’il existe dans les entreprises pour les travailleurs, afin de minimiser l’impact médico-psychologique de la précarité, en offrant un accès à des soins adaptés, et à un soutien psychologique, aux demandeurs d’emploi, et assurer une prévention adéquate au plus proche de la situation des précaires.

Il est nécessaire d’agir sans plus attendre pour retrouver l’emploi dans notre pays, puisque la situation intenable dans laquelle nous avons été plongés par des décennies d’une gouvernance dangereuse impacte fortement la santé mentale et physique des Français, leur intégration sociale, et pèse également très lourdement sur les finances publiques.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

Le Magazine

Etiquette(s)

, , ,