Accusée de se reposer sur ses lauriers, Paris est au contraire en plein mouvement. La fascination qu’exerce la ville Lumière cache l’étonnant foisonnement des projets urbains qui s’étendent vers la périphérie, témoignant de la vitalité économique et scientifique du futur grand Paris

3,5 milliards de personnes vivent à l’heure actuelle dans les agglomérations urbaines. Les « villes-monde » explosent. Shanghaï, Singapour, Hong Kong et leurs milliers de tours gigantesques… Plus de la moitié des habitants de la planète vit désormais en milieu urbain. D’ici à 2030, la population qui réside dans ces immenses cités énergivores devrait passer de 3,84 milliards à 4,9 milliards de personnes, soit 70 % de la population mondiale. En 2050, elles accueilleront 75% de l’humanité. En Europe, les Londoniens ont déjà leur Grand Londres. Les Berlinois, leur Grand Berlin. Les Moscovites sont sur les rangs. Et Paris?

La capitale de la France est-elle promise à être une belle endormie, comme le soutiennent certains. Elle qui a été, tout au long de l’histoire, le siège de toutes les révoltes, la prise de la Bastille, la révolution de 1848, la Commune… Paris est-elle vouée à la romance et aux cadenas sur les ponts? Pendant longtemps les nostalgiques l’ont cru. Et les touristes qui viennent par millions visiter la capitale repartent conquis. Paris est la ville du monde la plus visitée.

Paris selfie : magique, mais un peu figé

Rien ne vaut la féérie des nuits parisiennes sur les quais, tous monuments éclairés. Magique! Sans doute le mot le plus employé pour qualifier la ville lumière, “la City of Lights” comme la surnomment les Anglais. Dans les années 1830, ils étaient éblouis par le magnifique éclairage urbain de Paris et c’est ainsi que la réputation s’est faite. Une croisière by night et le tour est joué. “Paris est une fête” écrit Ernest Hemingway, en 1964. Paris est la ville photogénique à souhait, elle nourrit les imaginaires romanesques. L’impression d’être dans un film. D’ailleurs 939 tournages ont été effectués dans la capitale en 2014. Même Woody Allen, dans son film Midnight in Paris, n’y échappe pas. Nostalgie, quand tu nous tiens. Concentrique et concentré, Paris est représentée en guirlandes de clichés. La fascination agit. La Tour Eiffel qui clignotte à minuit, Notre Dame et la conciergerie illuminés, les bateaux mouches, les escaliers du Sacré-Coeur, les petits bals du dimanche sur le pavé de Saint-Médard et les peintres de la place du Tertre. C’est aussi en tant que « ville-musée » que Paris aimante le monde entier. Avec plus de 9 millions de visiteurs, le Louvre est le musée le plus visité au monde. “La ville contient des dizaines de villes “ s’exclame le romancier américain Douglas Kennedy, amoureux de Paris. Entre la rue du Commerce, la rue Mouffetard, la rue des Martyrs ou la Rue Clerc, on y tient pas tout-à-fait le même langage. A chaque quartier, sa grammaire, sa sociologie. Les bobos du canal Saint Martin, les Arabes de La Goutte d’or, les Blacks de Chateau d’eau, les Indiens du passage Brady. “A Paris, je me sens universel”, souligne Jean Morzadec, homme de radio et chanteur.

Il y a l’envers du décor. Le corollaire de la carte postale, c’est son côté couleur sépia. La vie parisienne, selon ses détracteurs n’aurait plus le tonus créatif des années folles. « Elle a perdu son ADN d’avant-garde. Le folklore, c’est pour les vieux et les touristes » confie Julien, étudiant en pharmacie. A côté de sa rivale londonienne, Paris est figé, moins trendy, relèvent la plupart des jeunes qui ont choisi la capitale britannique pour trouver un job ou se lancer dans les affaires. Le shopping bat son plein dans les Sunday markets ou sur Oxford street. Paris ne déploie pas autant d’efforts pour soutenir la jeune création artistique. Les plus sévères, dans leur jugement, sont les Parisiens eux-mêmes. Pour eux, Montparnasse, Montmartre, Saint-Germain ont perdu leur aura et ne restituent que les reflets guindés de leur histoire passée. Paris vieillit et certains s’inquiètent de la tendance à voir la ville lumière briquer son patrimoine dans le luxe et négliger sa jeunesse. Bref, le décor est magnifique, les éléments sont bien disposés, mais ça manque de vie !

Quand aux entrepreneurs, leur jugement n’est pas plus conciliant. Nombreux sont ceux qui déplorent le coût du foncier, la fiscalité locale et les bouchons sur la voirie. Selon une enquête diligentée par le Medef Paris, (Février 2014. Enquête auprès de 1000 chefs d’entreprise de Paris et sa région proche), l’amélioration de la circulation vient en tête des priorités. 87% jugent que la circulation est un enjeu « important » pour le développement de l’activité. 64% estiment connaître plus de difficultés de livraison qu’avant. Les trois quarts se plaignent du manque de parking. Concernant la mobilité, ils sont 93% à juger important de moderniser et d’augmenter les lignes de métro et de RER les plus engorgées. Majoritairement opposés à la fermeture partielle des voies sur berges rive gauche et aux feux de circulation rive droite, ils s’inquiètent aussi de la réduction du nombre de stations essence dans Paris. Ils estiment en outre que le manque de taxis devrait être compensé par le développement du réseau de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). Autre priorité mise en avant: l’ouverture dominicale et le travail de nuit des commerces. Un rapport du Sénat, datant de 2008, mettait déjà en avant les faiblesses de la capitale française en termes de taille, de population, de moyens et de gouvernance unifiée. “Si Paris constitue, sans conteste, la première ville de France, elle ne possède pas, à l’évidence, aujourd’hui, tous les atouts, notamment institutionnels, pour s’imposer au niveau européen et mondial”. Bref, il n’y a pas mieux que les Français pour se plaindre de leur capitale. Mais attention, ils n’aiment pas que les « étrangers » critiquent leur ville. Stéphane Mahon, président de la société de conseil en intelligence Happycurious souligne que “les Français entretiennent un rapport contradictoire à la ville de Paris. Ils veulent tout à la fois qu’elle bouillonne de possibilités et d’activités et en même temps qu’elle garde le côté “clocher du village”. “Paris sera toujours Paris. Qu’est-ce que tu veux qu’il fasse d’autre”, s”exclame Frédéric Dard, dans un de ses romans.

Une économie tournée vers la « smart city »

« Non Paris ne se repose pas sur ses lauriers et la ville ne se résume pas à ses musées, même si la fréquentation de ces derniers participe de sa force économique », s’insurge Jean-Louis Missika, adjoint au Maire de Paris, chargé de l’urbanisme, de l’architecture, du projet du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité. D’après lui, la ville lumière est restée allumée et le Paris bashing serait donc très injuste. À en croire l’Insee, les expositions demeurent l’une des dépenses culturelles que les Français n’ont pas limité malgré la crise. Conférences internationales, expositions, évènements foisonnent. L’architecture est florissante. La Philharmonie de Jean Nouvel, la Fondation Vuitton de Frank Gehry, la Canopée des Halles de Berger/Anziutti attestent de la qualité des réalisations.

Certes, les entreprises sont moins visibles que les monuments, mais certains dirigeants hyperactifs savent se montrer, à l’instar des entrepreneurs comme Xavier Niel, le patron visionnaire de Free, Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée.com), Marc Simoncini (Meetic) ou Olivier Bertrand dans la restauration (Lipp, Angelina, la Gare…). Question visibilité, « ce n’est pas un hasard si le Qatar rachète le Paris Saint-Germain” souligne Benoit Vidien, un jeune entrepreneur passionné de foot ball. « Séparer la culture de l’économie est un faux débat, poursuit Jean-Louis Missika. Tout cela marche ensemble. Que la vie économique parisienne soit peu dynamique est un signe d’ignorance. Les investissements sont massifs notamment dans l’économie de l’innovation ». Un exemple : les 100 000 mètres carrés d’incubateurs innovants, existants ou en projet, qui parsèment la capitale.

La réputation d’excellence des ingénieurs, issus des écoles parisiennes, a poussé récemment FaceBook à projeter d’ouvrir en Ile-de-France son premier centre de recherche européen. L’Ecole 42, qui forme les développeurs informatique, parle de “génie français”: “Paris est la ville la plus en mouvement au monde en matière de numérique” affirme son directeur, Nicolas Sadirac, dans un entretien (Vivre à Paris. Le web en capital). “Comptant parmi les villes leaders de l’économie digitale et du développement informatique, le potentiel de la ville s’exprime notamment dans l’imagerie médicale, le big data, les objets connectés, les jeux vidéo, les effets spéciaux », indique France Digitale, l’association qui regroupe les entrepreneurs et investisseurs du numérique. En 2018, le Wi-Fi gratuit sera accessible dans toutes les rues. « Il y a dans la capitale française plus de sièges sociaux qu’à Londres et nulle autre ville n’a son pareil pour la qualité des transports publics » ajoute Jean-Louis Missika. Augustin de Romanet, le Président d’Aéroport de Paris (ADP) est sur la même longueur d’ondes. “ Parce que la beauté de Paris fascine, les étrangers ne réalisent pas ô combien, la région est économiquement puissante”. Pour ce dernier, « opposer le Paris du tourisme et le Paris des affaires n’a pas de sens. L’économie, ce n’est pas que la finance. Le tourisme est aujourd’hui le moteur de la planète. Porté par la classe moyenne des pays riches et maintenant des pays émergents, il représente 9% du PIB mondial et constitue une carte majeure pour Paris». Par le nombre de films projetés chaque année et par le nombre de salles (400), Paris est aussi la ville du cinéma. Des nouveaux multiplexes s’ouvrent régulièrement aux frontières de la ville.

Un autre indicateur de la vitalité parisienne ne trompe pas: l’investissement. En témoigne la Banque J.P. Morgan. « Malgré la morosité de l’économie nationale, le business de banque privée a augmenté ». Paris, premier parc de bureaux en Europe, reste un aspirateur à capitaux et l’activité, notamment dans l’immobilier d’entreprise, n’est pas loin de l’emballement. Le marché intéresse surtout les Canadiens, les Scandinaves, les Américains, les Arabes du Moyen Orient mais aussi les Asiatiques. Près de cinquante transactions de plus de 5000 m2 ont été realisées en 2014. Au total 2,1 millions de mètres carrés ont été commercialisés. Le potentiel du Grand Paris devrait augmenter la mise. Selon la firme américaine CBRE, spécialisée dans l’immobilier, “l’Ile-de-France , c’est 55 millions de metres carrés de bureaux, le plus grand marché continental et le 2ème mondial. Quand un investisseur veut créer un portefeuille géographiquement diversifié, il regarde d’abord Londres puis Paris ou Berlin”. La capitale est dans le monde la 3ème place la plus attractive pour les investisseurs, après Shanghai et le Grand Londres.

Proximité et mobilité : la révolution du cadre de vie

Selon la Semaest, la société d’économie mixte de la Ville de Paris, spécialisée dans l’animation économique des quartiers, le dynamisme des commerces parisiens est probant. Entre 2011 et 2014, les ouvertures ont progressé de 0,8%. Il y a dans Paris 280 commerces pour 10 000 habitants. Une étude du Crocis, l’observatoire de la chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France montre qu’en douze ans, le nombre de commerces actifs a augmenté de 2 %, soit 107 825 magasins à Paris et en petite couronne. A la hausse : l’augmentation spectaculaire de la restauration rapide, de la téléphonie et des “superettes” (+ 3,8 %) portés par des enseignes comme Carrefour City, Simply Market, Franprix, Monop’. Ces derniers voient tout le bénéfice à attendre du boom démographique des « seniors » et de la diminution des voitures au centre des villes. Le plan vélo est à lui seul un élément clé de la mobilité. 5% de Parisiens utilisent chaque jour le vélo pour aller au boulot. Soit 255 000 déplacements quotidiens sur 732 kilomètres de voies cyclables. Avec déjà 40 millions de locations et près de 300 000 abonnés annuels, le Vélib a remodelé le profil des rues, des boulevards et les abords des gares. La maire, Anne Hidalgo, parle de “révolution du cadre de vie”. Le nombre de déplacement en vélo devrait tripler d’ici cinq ans et les voies cyclables passer à 1400 kilomètres. Pour le sociologue, Bruno Marzloff, fondateur de Chronos, un groupe de recherche prospective spécialisé dans la la mobilité et la ville numérique, la capitale de la France a la chance formidable d’avoir un des plus beaux réseaux de transports publics au monde, en surface (bus et tramway) et en métro. Preuve supplémentaire de la dynamique en cours: les associations reprennent possession des espaces publics. Paris Plages, les nuits blanches, la fête de la musique, les associations de danseurs, les piques-niques improvisés en bord de Seine, les défilés de rollers, autant d’initiatives remuantes.

Paris débordé par sa couronne

“Hier fiefs communistes, aujourd’hui cités résidentielles ou de bureaux, les communes de la petite ceinture semblent vouées à devenir le prolongement de Paris ” décrit Alain Rustenholz, dans un livre («De la banlieue rouge au Grand Paris». Editions la Fabrique) où il décrit ces banlieues de la première couronne qui héritent de vaste friches industrielles. Cela a commencé par les communes en bord de Seine autour de La Défense, Levallois, Asnières, Puteaux, Suresnes. Cela a continué avec le sud: Issy-les-Moulineaux, Boulogne où se sont installées des entreprises de communication, de telecoms et de medias. Et cela n’est pas fini. L’île Seguin tient enfin son grand projet international d’art contemporain mais aussi sa Cité Musicale départementale dont les travaux ont démarré. Aujourd’hui, les banlieues nord et est sont en pleine mutation. La décentralisation s’est accélérée. La frontière entre le centre et la première couronne s’efface avec la couverture partielle du Boulevard périphérique que certains considéraient comme une muraille de voitures indépassable.

La prolongation des lignes de métro, vers Villejuif, Montrouge, Chatillon, Boulogne, Saint-Denis, La Courneuve, Bobigny, mais aussi la création des stations Velib et des Autolib sur le pourtour parisien témoignent de cette porosité nouvelle entre la capitale et les communes de banlieue proche. Les premiers frémissements de cette déconcentration de Paris s’étaient déjà manifestés avec la poussée des théâtres. Depuis longtemps déjà les scènes théâtrales de Nanterre, Aubervilliers, Gennevilliers, Ivry ou Malakoff proposent des affiches qui n’ont rien à envier aux scènes des grands boulevards. Ainsi la culture qui n’a pas peur d’un aller-retour en RER a servi d’avant-garde. En quelques années, les urbanistes ont redéfini presqu’entièrement les municipalités un peu laissées pour compte. Et les architectes sont au rendez-vous.

Pour Jean-Michel Wilmotte, « le potentiel est énorme. Plusieurs axes rayonnent vers les portes de la capitale et les futures lignes de métro automatique, comme la ligne 14, vont accentuer le mouvement. Il suffit de s’arrêter à Saint-Ouen avec le plus grand marché d’antiquités du monde et le plus grand transit d’objets de valeur. Les anciens Docks en bord de Seine, constituent des vastes ressources foncières transformées en écoquartier ». La requalification des places de centre-ville font partie des enjeux de nombreuses villes limitrophes, comme à Malakoff, qui misent sur la mixité des espaces publics, destinés à devenir de véritables lieux de rendez-vous dans lesquels les enfants, les personnes agées ou les parents peuvent se cotoyer. De même l’utilisation des friches est une opportunité. Aubervilliers voit les premières livraisons s’effectuer dans son écoquartier. Avec comme emblème le Stade de France, la Plaine Saint-Denis est actuellement considérée comme l’une des plus importantes zones d’entreprises d’Europe avec notamment les implantations récentes du Campus SFR et de la Cité du cinéma, fondée par le cinéate Luc Besson à Saint-Denis, dans l’ancienne centrale thermique. Dans le prolongement du bassin de La Villette, la cité des sciences et de l’industrie, le Zénith et la nouvelle Philharmonie de Jean Nouvel marquent un axe de développement qui s’étend au delà, par le canal Saint Denis et le Canal de l’Ourcq, vers Aubervilliers et Pantin. Cap sur Pantin, le nouveau pôle du luxe. La marque de luxe Chanel a implanté plusieurs de ses filiales au bord du canal de l’Ourcq, non loin de l’un de ses sites historiques, l’entreprise Bourjois. Plus au centre, Hermès a ouvert le bal avec sa Cité des métiers. L’entreprise du fil de soie vient d’ouvrir un show room, le « Podium Hermes ». BETC, filiale de l’agence Havas, installe ses 500 collaborateurs dans le monument désaffecté des anciens magazins généraux. Quant à la BNP Security Service, elle a établi son siège dans les Grands Moulins de Pantin rénovés.

A l’est, plein de nouveau ! « Le long de la Seine sera monumentale, prévoit Jean-Louis Missika. Un des grands atouts ce sont les friches industrielles et ferroviaires, principalement dans les « zones-frontières » pour construire les logements et des éco-quartiers qui manquent dans la capitale ». Le potentiel foncier est fort entre la Porte de la Chapelle et Charenton, il s’étend aussi au sud-est, dans l’axe Bercy Charenton ainsi que vers Ivry. Et ce dernier d’évoquer le “Paris Rive gauche” entre la Seine et les rails, avec la Bibliothèque François Mitterrand comme marqueur d’identité. Université, rénovation de la gare d’Austerlitz, équipements, programmes de logements…il s’agit de la plus grande opération d’urbanisme menée dans la capitale depuis les travaux haussmanniens du 19ème siècle. En continuant sur cet axe, à Ivry, le paysage se transforme avec le remodelage des quais, l’installation d’une partie de l’université Pierre et Marie Curie, la ZAC Confluences…

La possibilité d’une ville… idéale

« Quand on pourra aller en vingt minutes de Paris à Roissy ou Orly par le train, alors Paris prendra son envol » indique avec optimisme Jean-Michel Wilmotte. Tel est le défi auquel s’attelle la Société du Grand Paris : « Améliorer la liaison avec les aéroports est une priorité » souligne Philippe Yvin. En premières lignes les futurs métro 14 en direction d’Orly et 17 pour Roissy. Dans un essai sur le Grand Paris, l’émergence d’une métropole, un chercheur du CNRS, Frédéric Gilli, fait observer que ce n’est pas la concurrence des grandes métropoles comme Londres ou Shanghaï qui devraient préoccuper les édiles du Grand Paris mais plutôt le « grippage progressif » des fonctions régaliennes comme les transports, la santé, l’école, le logement. Pour toutes ces raisons, Paris reste une des rares grandes capitales du monde à être coincée dans ses murs. Aussi bien, l’ennemi du Paris idéal, du Paris « ville-monde », c’est le temps administratif et les blocages politiques entre état et collectivités locales. Il faudra attendre encore quelques années pour que l’efficacité des transports prévus par le Grand Paris produise ses effets.

« Ce Grand Paris Express manque d’ambition », relève l’architecte Jean Nouvel, dans une interview récente (Grand Paris développement. Printemps 2015). Si l’on veut un Grand Paris pourquoi se contenter d’un supermétro et d’une métropole petit bras, laisse-t-il entendre. Un autre risque est soulevé par les étudiants : que Paris devienne une ville de seniors, à cause de la gentrification des quartiers qui a acccentué le décalage entre riches et pauvres, jeunes et vieux. « La volonté politique, c’est de ne pas exclure. Une ville qui excluerait certains groupes sociaux ne survivrait pas » affirme-t-on à la Mairie de Paris. Jusqu’à 2002, la population baissait, mais les familles reviennent dans la capitale ainsi que les jeunes. Un « effet Delanoë », du en particulier à la création de crècles. Après avoir été en queue de peloton pour l’accueil de la petite enfance Paris s’est installé à la première place de l’accueil de la petite enfance. Une chose est sûre, Paris a besoin de davantage de publicité, martelle Xavier Niel, le président de Free. Plus de visibilité pour plus de business. La candidature aux Jeux Olympiques et à l’Exposition Universelle est l’occasion d’imposer sa jeunesse dans le monde et redonner de la fierté. Le potentiel est là : Paris est la plus grande ville étudiante de l’UE et connaît la plus forte densité de chercheurs publics.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ARTICLES

Etiquette(s)

, , , , , , , , ,