Le département de naissance d’un individu joue fortement sur l’ascension sociale des enfants d’origine populaire. France Stratégie souligne que l’éducation, en particulier l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur, est lui aussi une variable clé pour augmenter les chances d’ascension sociale.

Au niveau national, entre les générations des baby-boomers de 1950-1964 et celles de 1965-1979, le taux de mobilité ascendante est passé de 25 % à 33 %. Tous les départements de naissance ont connu une augmentation, à l’exception notable de l’Hérault où la mobilité ascendante a stagné. Globalement, les écarts de chances d’ascension sociale sont stables entre les deux générations.

Au niveau local, les individus d’origine populaire, soit les enfants d’ouvriers et d’employés, voient leurs chances d’ascension sociale varier du simple au double selon leur département de naissance. Les trois régions à faible mobilité sont la Picardie, le Poitou-Charentes et le Nord-Pas-de-Calais : elles sont composées exclusivement de départements où les taux de mobilité sociale sont inférieurs à 30 %. À l’inverse, cinq régions concentrent l’essentiel des départements à fort taux d’ascension sociale : l’Aquitaine, la Bretagne, l’Île-de-France, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes. Découvrez les chiffres département par département sur cette carte interactive.

L’éducation, facteur clé de l’ascension sociale

France Stratégie montre qu’à niveau de diplôme donné, le contexte économique local n’a qu’un effet limité sur la mobilité ascendante. En revanche, le niveau d’éducation, notamment l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur, joue un rôle déterminant.
Si la massification de cet enseignement a ainsi permis d’augmenter les chances de mobilité ascendante, il n’y a pas eu de rattrapage d’une génération à l’autre entre régions défavorisées et régions favorisées. Les départements à faible taux de diplômés pour la génération 1965-1979 sont encore ceux où les taux d’accès à l’enseignement supérieur sont les plus bas pour la génération 1980-1990.

Quatre pistes pour favoriser la mobilité ascendante :

Inciter à l’installation dans les régions dynamiques
Il faut donc développer en priorité l’offre de logement social dans les zones dynamiques afin d’y favoriser l’installation de familles à faibles revenus. Un certain nombre de politiques publiques de l’éducation doivent aussi être revues. Une plus grande attention doit être accordée aux écarts de réussite scolaire à origine sociale donnée.

Augmenter les taux d’accès à l’enseignement supérieur par le bas

Il faut augmenter les taux moyens de réussite scolaire des individus d’origine populaire en ciblant en priorité les territoires à faible taux de diplômés. Il également nécessaire d’accroître les chances de poursuite d’études après le bac. D’une part, il faut rapprocher l’offre d’enseignement des individus d’origine populaire tout en mettant en place des systèmes de quotas ou de places réservées pour ceux issus des filières et établissements défavorisés. D’autre part, il faut lever les freins à la mobilité géographique de ces personnes, notamment en expérimentant un système de bourses sous condition de ressources qui accompagnerait ceux qui décideraient d’étudier hors de leur région.

Compenser les facteurs de risques territoriaux, à origine sociale donnée

L’idée que les budgets académiques doivent prendre en compte l’inégalité des chances initiale s’est progressivement imposée. Pour être efficace, cette compensation ne doit pas oublier les différences au sein même des classes populaires. La répartition de la dépense par élève entre le primaire et le secondaire devrait être rééquilibrée en faveur des zones où la réussite scolaire des enfants des classes populaires est faible.
Par ailleurs, il faudra approfondir la connaissance des facteurs de risque au sein des catégories défavorisées. L’allocation des ressources devra être éclairée par des informations supplémentaires concernant les individus et leur milieu d’origine (taille des fratries, niveau d’éducation des parents), pour compenser l’inégalité des chances initiale.

Développer la coopération entre académies

Fusionner les académies au sein des treize nouvelles grandes régions permettrait d’améliorer l’orientation des élèves par une meilleure coordination des acteurs locaux et par une répartition spatiale plus juste des moyens. Un système de quotas ou de places réservées pour les individus d’origine défavorisée serait d’autant plus efficace qu’il s’appliquerait à l’intérieur de grandes académies proposant une offre universitaire importante.
La liberté d’inscription des bacheliers dans l’enseignement supérieur fait toujours l’objet d’une régulation forte par les académies : le logiciel Admission Post-Bac (APB) effectue un tri par académie d’origine du bachelier. Ces barrières académiques à l’entrée dans l’enseignement supérieur ne sont pas favorables à la réduction des inégalités entre territoires.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ETUDE, Le Magazine

Etiquette(s)

, ,