Les entreprises sociales coûtent cher à l’Etat ! C’est précisément pour lutter contre certaines idées reçues que les associations, entrepreneurs sociaux et fondations souhaitent évaluer leur impact social. Illustration avec le groupe d’entreprise d’insertion Ares qui s’est lancé il y a quelques temps dans cette démarche.

Certes, le sujet n’a rien de nouveau. Les organisations à vocation sociale et solidaire sont pour la plupart, tenues de fournir des comptes à leurs financeurs publics ou privés mais aussi à l’ensemble de leurs parties prenantes : clients, partenaires, fournisseurs, etc. L’association Ares a souhaité néanmoins aller au delà des statistiques de retour à l’emploi. Ce groupe de 320 salariés (dont 210 en insertion) peut ainsi démontrer par le biais d’indicateurs précis que 1 euro versé par l’Etat génère 2,50 euros au profit la collectivité. La mise en place de tableaux de bord de sa performance sociale lui permet également de piloter de manière plus efficace et transparente ses actions au quotidien.

Premier étape de ce dispositif d’évaluation :

Arès mesure depuis déjà quatre ans la satisfaction et l’implication de ses salariés en insertion. L’entreprise a contracté un partenariat avec l’association Alter’Action. Par le biais du mécénat de compétence, des étudiants issus de grandes écoles réalisent ce baromètre chaque année. « Les verbatims que nous recueillons suite à ces enquêtes nous permettent de mieux appréhender certains ressentis » précise Claire Delannoy, directrice du projet social chez Arès.

Les résultats de la dernière enquête ont par exemple souligné le souhait des salariés de communiquer davantage sur les réussites de leurs prédécesseurs. « Nous avons mis en place « la grande porte » un affichage sur le lieu de vie de chaque structure qui raconte à travers un portrait, la trajectoire professionnelle d’un ancien salarié. Nos bénéficiaires sont souvent restés en marge d’une activité professionnelle pendant des années, ils ont besoin de retrouver de la confiance et de la motivation pour se reconstruire ».

Second point :

Arès a souhaité mesurer de manière plus formelle l’évolution des compétences des salariés en insertion du point de vue des entreprises employeurs. Une grille de compétences techniques et comportementales a été définie pour chaque salarié susceptible de « rendre des comptes » à son référent. Ce dernier est aussi assigné à des objectifs au regard de ses responsabilités d’encadrement. Tous les trois mois un entretien individuel permet de faire le point sur le parcours d’insertion. Ici encore l’objectif de cette grille d’évaluation est moins de sanctionner que de donner confiance au salarié afin qu’il puisse appréhender de manière concrète la progression de son projet professionnel.

Enfin troisième étape :

la démarche d’évaluation de l’impact social de l’entreprise est présentée et restituée aux parties prenantes internes et externes à travers des outils de reporting et du contenu éditorial. « Les tableaux de bord sur notre impact social et économique sont aussi présentés aux effectifs permanents qui ne sont pas forcément en contact avec le personnel d’insertion pour qu’ils puissent appréhender non seulement dans le discours mais également à travers les chiffres la performance de notre projet social » rappelle Claire Delannoy.

La démarche d’Ares n’est pas un cas isolé. De nombreuses entreprises sociales et solidaires souhaitent aujourd’hui démontrer leur capacité à générer une plus-value sociale.

Le Mouves – Mouvement des Entrepreneurs Sociaux- vient de publier avec l’Avise et l’Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social de l’Essec un guide pédagogique « Petit Précis de l’Evaluation de l’Impact Social »* qui saura sans doute convaincre les plus hésitants à initier ce travail.

* Téléchargeable sur www.mouves.org