« Et si la bonne gestion économique et financière n’était pas l’ennemie du bonheur ? ». Créateur de l’indice du bonheur mondial (IBM) en 2000, l’expert Pierre Le Roy (ENA, spécialiste agricole), constate, au vu du bilan 2012, que les neuf premiers pays de son classement portant sur soixante états sont tous classés Triple A par les trois grandes agences de notation.

Quand la lanterne rouge est l’apanage du Myanmar (ex Birmanie), devançant la République Démocratique du Congo, le Pakistan, l’Ethiopie et le Bangladesh, les vikings européens monopolisent le haut du tableau, Suède et Norvège se maintenant aux deux premières places, le Danemark partageant la troisième marche du podium avec l’Allemagne. La percée de l’Allemagne constitue le fait majeur de la période récente, souligne l’étude de Globeco, notre voisin ayant gagné régulièrement du terrain, venant de la onzième place il y a cinq ans ! Dans le même temps, la France qui piétinait à la onzième place depuis trois ans, rétrograde à la quatorzième.

Est-ce à dire donc que les Suédois seraient plus heureux que les Français ?

Pierre Le Roy met en garde contre toute extrapolation de ce classement établi sur quarante critères pris dans quatre catégories (paix et sécurité ; liberté, démocratie et droits de l’homme ; qualité de la vie ; intelligence, information, communication et culture). « Le bonheur individuel est trop personnel pour être mesuré, sauf par sondages ; reste que dans notre classement, les pays bien notés bénéficient d’un fort coefficient de « bonheur collectif », c’est-à-dire de conditions favorables à l’épanouissement du bonheur individuel ».

Dans le « top ten » établi par Globeco figurent également –du 4 ème au 10 ème rang- Pays-Bas, Finlande, Australie, Canada, Suisse et Irlande-tous pays habitués aux places d’honneur. Les « géants » de l’économie mondiale se trouvent plus loin, le Japon (17 ème), les Etats-Unis (23 ème)-en raison notamment de faiblesses du niveau de formation et d’espérance de vie à la naissance, de l’inégalité des revenus et de la pratique de la peine de mort- le Brésil (36 ème), la Russie (41 ème), la Chine (42 ème), pays qui désormais ne publie plus le nombre d’exécutions capitales. Tant vanté pour son culte du bonheur, le Bhoutan est absent de cette étude qui n’intègre pas les pays d’une population inférieure à 4-5 millions d’habitants.

Un IBM plombé par les catastrophes naturelles et les inégalités

Globalement, relève Globeco, l’indice du bonheur mondial (IBM) aura progressé depuis 2000 cinq à six fois moins vite que le PIB par tête, avec un « score » de 9 % sur la période 2000-2012 contre 49 %. La principale explication est bien connue, la récession. Mais au niveau du globe, deux mauvaises nouvelles ont eu un impact déterminant sur l’IBM : les catastrophes naturelles (tsunami en Asie du Sud-Est, ouragan Katrina, cyclones en Birmanie, tremblement de terre à Haïti…) et, ce qui est moins souligné, l’aggravation des inégalités de PIB par tête entre pays pauvres et pays riches (le PIB par tête en Afrique subsaharienne représentait 21,59 % du PIB par tête mondial en 2000, il n’est plus que de 19,41 % en 2011.

Passant en revue les indicateurs, Pierre Le Roy fait état néanmoins d’un nombre de « bonnes nouvelles » bien supérieur (18 contre 10) aux « mauvaises nouvelles ». Et de citer par exemple une diminution des victimes de conflits armés, des morts violentes, du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans, une amélioration du taux d’éducation, du sort des femmes et de l’accès à l’eau potable et -grâce à internet (le pourcentage d’internautes étant passé de 6,50 % en 2000 à 32,50 % en 2011)- à l’information.

Pour en savoir plus: www.globeco.fr; www.bonheurmondial.com

Au sujet de Jean-Louis Lemarchand

Journaliste économique ayant effectué sa carrière dans la presse écrite (AFP, Les Echos, l’Express, La Tribune, La Revue de l’Energie) et la presse d’entreprise (Vivendi-Universal, Caisse d’Epargne), auteur (en collaboration) d’ouvrages sur l’énergie (Biocarburants ; 5 questions qui dérangent ; Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales, tous deux aux Editions Technip).

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